Les clubs luxembourgeois qualifiés en coupe d’Europe ont décidé d’interpeller le COSL et le ministère des Sports pour obtenir le droit de se réentraîner normalement et de jouer des amicaux.
«On est entre négatifs, on ne peut pas se contaminer!» La tournure est jolie mais elle est surtout agacée. C’est que Sébastien Grandjean, le nouveau coach du Fola Esch, commence à trouver le temps long, après deux semaines de reprise. Et toute la profession, dans son sillage, met en garde : si les clubs engagés en Coupes d’Europe ne sont pas autorisés très vite à reprendre les séances classiques, c’est-à-dire avec duels, mais aussi les matches amicaux, les envoyer disputer le 1er tour de la Ligue des champions le 18 août (Fola) ou celui de l’Europa League le 27 août (Progrès, Differdange, Pétange) ne servira à rien. «J’ai entendu qu’on avait autorisé les élites olympiques à avoir des contacts. On n’est pas olympiques, nous, mais on ne fait pas partie de l’élite?, s’irrite encore le technicien belge. On ne va pas représenter le pays? Nous sommes en train de préparer des matches de très haut niveau et pendant que tout le monde commence à se réentraîner normalement, nous, non, alors qu’on fait pourtant tout ce qu’il faut. Là, il est vraiment temps !»
C’est ainsi que mercredi soir, le club des quatre a envoyé une missive au COSL et au ministère des Sports afin de mettre les autorités devant l’urgence de leur situation. La FLF avait déjà expédié un courrier au nom des clubs de BGL Ligue mais les «Européens», qui doivent reprendre les matches amicaux dans pile une semaine, le 10 juillet (notamment un Progrès – Differdange et un Fola – US Esch), ont préféré accentuer un peu la pression de leur côté, quand bien même le championnat de DN doit, aux dernières nouvelles, toujours recommencer le 23 août et que le souci est le même pour les autres entités de l’élite.
«Quand on voit que le nombre de cas augmente»
Concrètement, le quatuor demande une dérogation à la loi du 24 juin, après avoir attendu de voir si aucun rétropédalage ne serait effectué par le gouvernement en matière de reconfinement. Ils ne se voyaient pas exiger une exemption si le reste du pays était remis à la diète. Question de décence.
A priori, la requête a porté. Dès hier matin à 8 h, un mail confirmait que la demande serait traitée sous peu.
«Tant mieux : on prend les mêmes précautions qu’ailleurs et ailleurs, ils jouent», balançait hier un joueur. En Lorraine, effectivement, les oppositions internes ont repris, autorisées par la FFF, alors même que les tests ne sont pas obligatoires pour les footballeurs de niveau régional. Au point que le Progrès, Differdange, le Fola et Pétange envisagent désormais ouvertement de franchir la frontière pour aller jouer à l’étranger et ne pas prendre un retard rédhibitoire dans leur préparation, ce qui serait un comble. «Nous, on doit affronter Mouscron et Charleroi lors de notre préparation, relance Grandjean. C’est du lourd. Et les Carolos, ils rentrent justement d’Allemagne, où ils peuvent s’entraîner normalement. Comment on va faire nous? La même chose? Soyons raisonnables.»
Mais à Differdange, si l’on souhaite ardemment une réévaluation des conditions d’entraînement, on reste très réservé sur les chances de voir les autorités donner leur feu vert. «On continue de fonctionner avec quatre groupes de sept, annonce, fataliste, le président du club, Fabrizio Bei. Et comme tous les autres clubs européens, on suit pourtant les protocoles sanitaires à la lettre. Très très strictement. On mériterait d’être autorisés à se réentraîner normalement. Mais quand on voit que le nombre de cas augmente à nouveau dans le pays…»
Julien Mollereau