LIGUE DES CHAMPIONS Contre des Lincoln Red Imps qui joueront bas, le Fola pourra compter, mardi, sur sa grande révélation de la saison passée, le fils de son coach adjoint.
Lucas Correia est sorti de nulle part la saison passée. Sa toute petite taille a pu intriguer jusqu’à ce qu’on le voie manier le ballon, multiplier les touches de balle sur un pas, changer de direction, planter trois buts, les assortir de trois passes décisives et faire des différences un peu dans toutes les zones du terrain, dans l’axe ou sur un côté. Le fils de Miguel, coach adjoint de longue date sur les hauteurs du Galgenberg, sera-t-il titulaire contre l’outsider de Gibraltar, mardi, pour l’entrée en lice en C1? Ses fulgurances pourraient aider à percer le coffre-fort. Son papa nous en parle…
Votre fils vous a-t-il surpris, la saison passée ?
Miguel Correia : Tout lui est tombé si vite dessus… Il sait qu’il n’en est qu’au début mais il comprend vite les choses, il capte vite, il assimile. On avait un souci avec la blessure de Bensi et alors qu’on se demandait comment on allait faire, comme tous les jeunes qui nous ont aidés la saison passée, il est sorti de nulle part et a amené quelque chose de différent. Il a fait le job.
Il fait partie de ces joueurs qui prouvent que la taille ne compte pas forcément dans le football moderne.
Bah… j’ai la même taille. Mais vous savez, Lucas a fait des stages foot en Allemagne, a fait sa formation à Metz… dans des endroits donc où on favorise plutôt les athlètes. On s’est toujours dit que sa taille serait un souci et qu’il faudrait en faire une force. Et trouver une équipe qui sache utiliser ses qualités. Il mesure 1,65 m. À Metz, ils ne l’ont pas gardé pour ça. Mais Metz, ce n’était qu’un passage, pas une finalité. On l’a bercé dans cette idée qu’il faudrait faire avec son gabarit même si toutes les semaines, il regarde s’il n’a pas gagné un centimètre. Ça reste un gosse de 19 ans.
Les départs d’Hadji et Sinani vont-ils le forcer à prendre beaucoup plus de responsabilités?
Connaissant Lucas, le Fola n’est qu’un point de passage. Il veut devenir pro et certains contacts commencent déjà à devenir insistants. Alors oui, il doit prendre des responsabilités mais Sébastien (Grandjean) en a toujours beaucoup donné aux jeunes. Mais s’il veut devenir pro, s’il veut partir, il devra en prendre beaucoup et devenir l’un des meilleurs joueurs du pays. Aujourd’hui, il ne doit plus s’entraîner pour prendre des minutes mais pour être titulaire.
Que doit-il améliorer ?
Faire ses choix au bon moment parce qu’il est encore parfois dans l’exagération. Il a les défauts d’un jeune quoi! Cela lui permettrait de mieux mettre ses partenaires en valeur sans aller toujours aux « un contre un ». Il peut devenir encore un peu plus rapide et percutant aussi.
Toutes les semaines, il regarde s’il n’a pas gagné un centimètre
Plus qu’il ne l’est déjà balle au pied ?
On en a parlé avec le préparateur physique : c’est le boulot des deux prochaines années. Oui, il touche déjà beaucoup le ballon dans ses courses balle au pied mais avec son centre de gravité bas, il travaille tout le temps là-dessus. À l’école, dans le jardin, avec des plots, contre un mur, il met ses écouteurs et enchaîne pendant une demi-heure. Ce sont des trucs qu’on dirait simples mais qu’il travaille. La fréquence, les petits pas, la vivacité pour se retourner…
Qui sont ses modèles ?
Il n’a jamais été trop du genre à prendre pour modèles de grandes stars qu’on vénère. Il a beaucoup aimé Torres étant jeune mais maintenant, il aime beaucoup Lucas Moura. Et il a visualisé beaucoup les Iniesta, Xavi, Messi ou Insigne. Les petits gabarits dribbleurs, quoi. On va essayer de le faire progresser dans la dernière passe aussi d’ailleurs. On lui laisse plus de liberté que chez les U21 où, défensivement, on lui demande d’être plus rigoureux.
Entretien avec Julien Mollereau