Tous ceux qui ont vu le match de samedi en Azerbaïdjan (1-2) n’ont pu qu’être épatés par la maîtrise tactique et technique affichée par les Roud Léiwen à Bakou. Peuvent-ils refaire la même chose contre le Monténégro?
Une petite finale? C’est un trop grand mot? Non parce qu’il faut l’avouer, on se débat avec une idée (ou plutôt un rêve), 48 heures après la victoire en Azerbaïdjan, qui est peut-être un bon résultat mais qui est surtout une éclatante démonstration dans le jeu : si la manière et le score sont encore au rendez-vous, au stade Josy-Barthel, ce soir, contre le Monténégro, il faudra bien l’interpréter, en tirer des conséquences.
Reconnaissons-le, le Grand-Duché s’est élancé dans cette deuxième campagne de Nations League en ne sachant pas quel impact auraient sur son football dix mois sans jeu, en ne connaissant pas vraiment l’intérêt de cette compétition bien moins attrayante que sa dernière version (presque aucune chance de pouvoir espérer accrocher une place qualificative), en se demandant aussi si le seul objectif ne serait pas de maintenir sa place dans la Ligue C. Et voilà qu’on se retrouve avec une équipe qui a tourné en Azerbaïdjan comme une version miniature de la Roja espagnole, qui reçoit l’autre co-leader avec cette certitude statistique qui dit qu’en gagnant son premier match à l’extérieur d’une poule à quatre, on a près de 90 % de chance de finir au pire à l’une des deux premières places et qu’un six sur six ferait joli…
«Soit on s’adapte… soit on ne s’adapte pas»
Cet étalage de positivisme ne plaît pas du tout à Luc Holtz. « On ne tire pas des conclusions après un match, c’est prématuré. Plus les semaines vont avancer, plus les joueurs auront du rythme et des automatismes. On ne peut donc pas prédire où chacun en sera en octobre. Et puis, il suffit aussi qu’une équipe ait trois, quatre ou cinq cas de Covid, et cela peut tout changer. Non, il faut être dans le présent .» Le présent donc : « Autre adversaire, autre qualité, autre philosophie .» Le sélectionneur a énuméré toutes les raisons qui le poussent à croire qu’il n’y aurait aucun rapport entre la démonstration Bakou, samedi, et le choc au Barthel ce mardi. Le classement FIFA est là aussi pour rappeler qu’il y a une petite différence entre l’Azerbaïdjan et le Monténégro : 50 places, ce n’est pas anecdotique. Ajoutez à cela le défenseur central de l’Atlético Madrid Stefan Savic et l’attaquant de Monaco Stevan Jovetic, même si cela fait belle lurette que cette génération des Roud Léiwen a appris à gérer les célébrités de ce sport.
Au point que Luc Holtz s’est un peu trahi sur ses intentions, après avoir fait croire que ce serait la composition du Monténégro qui dicterait ses choix. « On verra en fonction de ce qu’eux mettent en place. Soit on s’adapte… soit on ne s’adapte pas .» On ne va pas tourner autour du pot : si on ne «s’adapte pas», c’est qu’on n’exclut pas de parvenir à imposer son jeu. Et donc que la prestation livrée 72 heures plus tôt a accouché de certitudes assez profondes.
C’est peut-être au coup de sifflet, quand on verra les joueurs répartis sur le terrain, que l’on saura. Notamment en fonction de la composition de l’entrejeu. Densifié? Ou tout aussi ambitieux qu’à Bakou, dans sa version 4-3-3 prudente (c’est-à-dire un 4-1-4-1). Ou encore avec l’identité de l’attaquant : un costaud qui pourrait servir de point d’ancrage pour remonter le bloc au besoin ou un manieur de ballon qui dit que le staff espère l’avoir, le ballon?
Cette équipe a passé l’âge des faux-semblants. Elle a déjà maté des équipes tout aussi costaudes, de prime abord, que ce Monténégro-là, ces cinq dernières années. Et elle n’avait alors pas le fond de jeu qu’elle s’est payé le luxe de nous agiter devant les yeux, ce week-end.
Il faut garder à l’esprit, toutefois, que la dernière fois que les Roud Léiwen ont disputé un match qui semblait être important pour sa conquête d’une première place de groupe, c’était contre le Belarus, le 15 novembre 2018 et que cela s’était mal passé (0-2). En fait, rien ne s’était passé, tout court. Ce fut un no match et la star adverse, Alexander Hleb, avait fait la musique, prouvant par l’absurde à quel point oui, Holtz a raison, un grand joueur peut avoir une influence dans ce genre de confrontation.
Julien Mollereau