Les deux frères Wirtgen de l’équipe Bingoal-Wallonie Bruxelles se trouvent actuellement en stage de préparation sur la Costa Blanca espagnole. Notre interview croisé à propos de la saison 2021.
Depuis une semaine déjà, Tom et Luc Wirtgen (24 et 22 ans) , les deux coureurs luxembourgeois sont en stage du côté de Calpe où ils resteront jusqu’au 17 janvier. On les sent enchantés à l’idée d’attaquer une seconde année de concert mais également contrariés par la situation sanitaire qui pourrait, une nouvelle fois perturber la saison.
Leur préparation hivernale
Tom Wirtgen : «On a du beau temps pour rouler, on ne peut pas se plaindre. J’ai passé un bon hiver, je suis bien entraîné. On reste au total deux semaines ici à Calpe et on doit voir comment la saison se déroule. J’envisage peut-être de partir un peu dans le sud de la France si le mauvais temps arrive au Luxembourg. À titre privé, je suis déjà parti deux semaines à Gérone en Espagne courant décembre. J’ai trouvé un superbe endroit pour m’entraîner. C’est calme, les routes ne sont pas encombrées. Vraiment l’idéal. Je comprends pourquoi on y retrouve beaucoup de coureurs professionnels.»
Luc Wirtgen : «Je me suis bien entraîné à la maison et on a eu la chance d’avoir une bonne météo. De mon côté, je suis allé m’entraîner à Majorque pendant une semaine. Sinon, je n’ai presque jamais fait de rouleau, seulement deux jours, les conditions sont restées très bonnes. Je ne suis pas encore à 100 %, cela ne servirait à rien, mais je pense que je serai opérationnel assez rapidement.»
Leur situation
L. W. : «Si tu es professionnel, tu reçois une tâche, si tu l’accomplis, on est content de toi. Si on te demande de faire ton job sur 160 kilomètres, il faut le faire sur 160 kilomètres, peu importeront les 40 derniers kilomètres. J’ai beaucoup appris de la façon de travailler avec des leaders. Personnellement, je m’entends bien par exemple avec Jelle Vanendert. La saison passée, il m’est arrivé d’avoir le travail de l’accompagner le plus longtemps possible dans le final. J’ai vu plusieurs facettes de notre métier. J’ai vu le rôle d’équipier, de coureur désigné à aller dans l’échappée et aussi j’ai eu la chance d’être protégé avec le statut de petit leader comme à Antalya, où j’ai eu les responsabilités. Cela m’a rendu euphorique et tu ressens alors beaucoup de plaisir. On a fait des tests physiques cet hiver dans l’équipe qui ont révélé chez moi une grosse progression.»
T. W. : «Avec l’âge, j’ai passé un cap. Je commence à connaître les courses et je suis plus endurant. Je pense que, désormais, je suis apte à jouer ma chance dans le final des courses 1.2 et 1.1. Selon moi, je n’ai fait qu’une vraie saison chez les pros, en 2019, car l’an passé, cela a été compliqué, avec ma chute survenue en tout début de saison sur le Saudi-Tour alors que j’avais très bien préparé ma saison, puis avec le confinement. J’ai trouvé que la saison avait été gâchée en dépit des courses reprogrammées en automne. Pour moi, un Tour des Flandres en octobre, ce n’est pas le même Tour des Flandres qu’en avril. Je ne compte donc pas la saison dernière dans ma tête…»
Leurs programmes
T. W. : «On ne l’a pas encore reçu, mais l’équipe va faire des courses en France et en Espagne avant les classiques de printemps.»
L. W. : «Cela ne sert à rien de parler de programme car la situation change tous les jours. Mais on aura des prévisions à la fin de notre stage ici à Calpe. L’équipe devrait commencer sa saison sur le Grand Prix de la Marseillaise, épreuve que j’ai découverte l’an passé. Je ne sais pas encore si je serai là. On verra bien.»
Leurs objectifs
L. W. : «Par le passé, on planifiait souvent des pics de forme dans la saison, mais c’était sans doute moins compliqué de prévoir qu’aujourd’hui avec ces reports de date et ces annulations de course. Du coup, comment faire? Il y a toujours des périodes où tu voudrais briller, mais l’idéal c’est qu’il n’y ait pas des différences de forme trop importantes. Il ne faut pas que la forme varie trop d’un moment à l’autre de la saison. L’an passé, j’ai deux bons souvenirs, le Tour des Flandres (88e) et le Tour d’Antalya (11e). J’ai vraiment adoré le Ronde. Les monuments, ça fait des souvenirs pour toujours. L’objectif premier sera de faire mon job à 100 %, c’est quand même un job et l’air de rien, c’est l’objectif de l’équipe qui prime. Ensuite si je peux penser à moi, on verra. J’espère être d’abord régulier. C’est important de ne pas connaître de période de creux. J’espère pouvoir me montrer sur des courses à ma mesure.»
T. W. : «Je pense que j’aurai mes chances le cas échéant, lorsqu’il y aura des possibilités. Nous avons de bons sprinteurs et Jelle (Vanendert) qui seront des leaders. Sur les manches de Coupe de France et les épreuves 1.2, il y a aura des possibilités. Je n’ai pas fini de progresser, je pense. Mais c’est clair que j’aimerais avoir des résultats en 2021.»
Leur équipe
T. W. : «C’est une équipe idéale pour progresser et apprendre le métier de coureur cycliste. L’idéal pour de jeunes coureurs comme nous.»
L. W. : «L’objectif de notre équipe, c’est la formation, avec des objectifs de succès sur les courses qui ne sont pas World Tour. On a les capacités pour ça. Par contre, sur un Tour des Flandres par exemple, il est clair que le but de la moitié de l’équipe avant le départ est d’aller en échappée car cela fait beaucoup de publicité. Notre esprit est clairement d’être offensif, c’est ça qui doit nous animer.»
La situation sanitaire
T. W. : «On pensait que la situation sanitaire s’améliorerait mais beaucoup de courses du début de saison sont déjà annulées. Cela s’annonce à nouveau difficile. Il faut attendre un peu pour en savoir davantage. Il y aura une saison avec des tests Covid et des bulles sanitaires. Ce sera un peu comme dans le football. On prend des précautions à l’hôtel, on porte le masque qu’on ôte uniquement lorsqu’on part à vélo. On essaie que tout le monde observe au mieux les règles et on multiplie les tests.»
L. W. : «En 2021, j’espère que nous aurons une saison plus ou moins complète. Je pense que la plupart des courses auront lieu mais on voit bien que cela ne sera pas le cas de toutes les épreuves.»
Denis Bastien