Les hommes de Luc Holtz, qui affrontent l’Irlande ce samedi, continuent de faire évoluer leur jeu de possession. Mais en ce moment, ils ne marquent plus.
Il existe une équation du potentiel offensif du Grand-Duché et elle fait un peu mal au crâne. Privé de Joachim (en retraite depuis un an), Turpel (touché au dos dans un accident) et Da Mota (manque de visibilité depuis son départ en Italie), Luc Holtz manque, dans son attaque, de force de percussion et d’un élément majeur du football moderne : la prise de profondeur. Embarquer le jeune Rupil et reconvoquer Bensi qui vient juste de sortir de l’infirmerie du Fola, ne change finalement pas grand-chose à l’affaire.
Quand on n’a pas les armes pour exploiter les espaces d’une part et quand on possède les joueurs offensifs aux caractéristiques aussi marquées que celles des frères Thill, de Gerson Rodrigues ou de Danel Sinani d’autre part, un jeu de possession ne ressemble même plus à une alternative mais bien à une forme d’obligation. Même si le sélectionneur avait par exemple renâclé à l’idée d’appeler trop de manieurs de ballon, indiquant que «jouer la possession contre des nations comme l’Irlande ou le Portugal…». Sous-entendu, c’est bien beau, mais est-ce que ça peut vraiment marcher ?
Avec 60% de possession de balle face au Qatar et le retour du tiki-taka dans les vingt derniers mètres mais seulement deux grosses occasions de but, on a en effet pu contempler toutes les limites de l’exercice, d’autant qu’aucun des joueurs du secteur offensif ne peut aujourd’hui se prévaloir d’une confiance folle face au but : Deville est devenu remplaçant à Sarrebruck, Sinani l’était depuis un bout de temps à Beveren, Gerson n’a pas un rendement comptable dingue à Kiev malgré un temps de jeu respectable. Personne ne semble donc émerger du lot pour aller faire de la statistique en pointe.
On ne dira pas non plus que Luc Holtz n’a pas le choix des armes. Il fait des choix, comme n’importe quel entraîneur. Il paraît par exemple s’être un peu assis sur sa tentation d’exploiter Maurice Deville en n°9 point d’ancrage sacrificiel, à la Giroud, tandis que Muratovic, auteur de débuts très convaincants en pointe, complémentaire avec son pote Sinani et plutôt très bon avec le F91, a été gagné par l’inanité à Debrecen. Contre le Qatar, le premier, côté droit, a multiplié les incompréhensions avec ses partenaires dans le travail d’approche de la surface. Le second, lui, a été difficile à trouver, passant une soirée relativement anonyme.
Quatre matches qu’ils n’ont plus marqué… eux-mêmes
L’Irlande, qui accueille le Grand-Duché, n’est plus une foudre de guerre. Elle perd beaucoup de matches et vient d’encaisser trois pions à Belgrade contre la Serbie, mais a quand même terminé huit de ses dix dernières rencontres en prenant seulement un but ou pas du tout. L’information est à mettre en parallèle de la statistique d’un retour de stérilité offensive luxembourgeoise, qui n’a frappé qu’une seule fois sur ses quatre dernières rencontres et encore, c’était un but contre son camp du chypriote Kousoulos.
Y a-t-il un problème ? On va vite le savoir. Sur chacune de ses dernières campagnes «normales», hors groupes de niveau ayant cours durant la Nations League, le Grand-Duché commence à tenir un certain rythme dans son goal-average positif, en inscrivant au moins six buts. Sept en dix matches lors des éliminatoires du Mondial-2014, six en dix matches pour l’Euro-2016, huit en dix matches pour le Mondial-2018, sept en huit matches pour l’Euro-2020. Lentement et malgré de sérieuses périodes de disette offensive, les Roud Léiwen s’approchent doucement de la moyenne d’un but inscrit par rencontre en éliminatoires. C’est loin d’être un détail. Espérons juste qu’ils poursuivent sur cette dynamique.
Julien Mollereau