Des nageurs américains débarqués de l’avion pour une rocambolesque histoire d’agression, un cacique du CIO arrêté, des athlètes sifflés, le tout avec le dopage russe en toile de fond… Les JO-2016 sont touchés par une succession inédite d’affaires et de polémiques.
A trois jours de la clôture des Jeux de Rio dimanche, cette accumulation de scandales relègue au second plan la compétition, pourtant marquée jeudi par la finale du 200 m et une possible deuxième médaille d’or pour le champion des champions, Usain Bolt. La plus rocambolesque de ces affaires a éclaté mercredi et vise la délégation américaine, qui occupe la première place au classement des médailles.
Deux nageurs, Gunnar Bentz et Jack Conger, ont été débarqués de leur avion du retour à l’aéroport de Rio. Ils disent avoir été victimes d’une agression avec deux de leurs coéquipiers, dimanche au petit matin. Mais une juge a décelé «certaines incohérences» dans leurs témoignages. «Les victimes sont rentrées physiquement et mentalement en pleine forme, au point de plaisanter entre eux», a fait valoir la juge Keyla Blank qui se base sur des images enregistrées par les caméras de sécurité à leur retour au Village olympique, où résident les athlètes.
Outre les deux nageurs interpellés au moment de quitter le Brésil, un troisième, James Feigen se trouve toujours dans le pays, selon plusieurs médias. Le quatrième, Ryan Lochte, six fois médaillé d’or olympique durant sa carrière, est lui déjà aux Etats-Unis, a affirmé son avocat alors que la juge avait ordonné la confiscation de son passeport ainsi que celui de Feigen. Au milieu de la nuit, Bentz et Conger ont quitté l’aéroport à bord d’une voiture, devant une nuée de journalistes, a constaté l’AFP. Ils sont convoqués jeudi matin dans les locaux du département tourisme de la police de Rio.
Fifa
Cette rocambolesque histoire pourrait prendre une tournure diplomatique embarrassante puisque le sujet de la sécurité est sensible au Brésil. Depuis le début des Jeux, le pays a déjà été la cible de multiples critiques en raison des vols subis par des sportifs ou des journalistes des médias étrangers. Une autre affaire spectaculaire a éclaté mercredi et fait écho, toutes proportions gardées, aux scandales qui ébranlent depuis des mois la Fifa, instance suprême du foot mondial.
Au petit matin, l’Irlandais Patrick Hickey, l’un des plus hauts dirigeants du CIO et président des Comités olympiques européens (EOC), a été arrêté, accusé d’être impliqué dans un réseau de vente illégale de billets pour les Jeux. Agé de 71 ans et hospitalisé juste après son interpellation, il a ensuite annoncé qu’il démissionnait «temporairement» de toutes ses fonctions. Son interpellation s’accompagne d’une série d’arrestations et de plusieurs autres mandats d’arrêt.
Au total, la police a saisi 781 billets qui étaient revendus à des prix très élevés. Ceux pour la cérémonie d’ouverture étaient vendus 8000 dollars (7200 euros), alors que le prix officiel le plus élevé était de 1300 dollars (1200 euros). Le trafic a généré une recette «d’au moins 10 millions de réais (2,8 millions d’euros). La valeur faciale des tickets saisis est de 626.000 réais, mais ils étaient revendus jusqu’à 30 fois leur prix», a indiqué mercredi Ricardo Barbosa, de l’unité anti-fraudes de la police de Rio.
Bolt… et Lemaitre
Ces nouvelles affaires écornent encore un peu plus un supposé idéal olympique qui a déjà pris du plomb dans l’aile à Rio. Une image en particulier restera comme l’une des plus fortes de ces JO: le perchiste français Renaud Lavillenie qui craque et pleure sur le podium mardi soir, sifflé par le public brésilien au moment de recevoir sa médaille d’argent. Il s’est ensuite dit «humilié». Lavillenie a vraisemblablement payé ses déclarations maladroites de lundi soir pendant l’épreuve remportée par le Brésilien Thiago Braz: déjà sifflé par le public, le Français s’était comparé à l’athlète noir Jesse Owens aux JO de 1936 dans l’Allemagne nazie, avant de s’excuser.
Le bilan est donc lourd pour des JO marqués par nombre d’autres polémiques: l’exclusion de la quasi-totalité des athlètes russes en raison du scandale de dopage d’Etat dans leur pays, les accusations de dopage portées par des nageurs contre d’autres (le fameux «Sun Yang, il pisse violet!» du Français Camille Lacourt) ou encore les écarts de comportement de certains sportifs, exclus de leur équipe comme le tennisman français Benoît Paire.
Loin de ces turbulences, le Jamaïcain Usain Bolt est l’un des très rares athlètes dans le monde à faire l’unanimité, et sa starification est absolue. Déjà vainqueur du 100 m dimanche, il vise maintenant l’or sur 200 m jeudi (finale à 22h30 locales, 03h30 en France). La dernière étape de son phénoménal défi aura lieu vendredi avec la finale du 4×100 m. L’or sur ces deux distances lui offrirait un «triple-triple» historique: la victoire sur 100 m, 200 m et 4×100 m lors de trois JO consécutifs.
Un Français participera à la finale du 200 m: Christophe Lemaitre, qui rêve d’enrichir le bilan des Bleus (31 médailles, dont huit en or). Mais il n’aura pas la partie facile, et les chances de médailles seront incontestablement plus grandes pour les handballeuses, qui défieront les Néerlandaises (20h30 françaises) en demi-finale.
Le Quotidien/afp