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Les coups de théâtre sur le Giro, dont l’exploit du Luxembourgeois Charly Gaul


Le 8 juin 1956, au bout des 242 kilomètres de la grande étape des Dolomites, Charly Gaul signe un exploit mémorable après plus de neuf heures d'effort. (photo archives AFP)

Le Giro, qui fêtera sa 100e édition à partir de vendredi, a multiplié les coups de théâtre depuis sa création en 1909. Récit de cinq d’entre eux, parmi les plus fameux.

La tempête du Monte Bondone, 8 juin 1956. Dans la vallée de Trente, le vent glacial décime le peloton. Dans la montée du Bondone, les bourrasques de neige achèvent les rescapés. Le porteur du maillot rose, Pasquale Fornara, abandonne. Au bout des 242 kilomètres de la grande étape des Dolomites, Charly Gaul signe un exploit mémorable après plus de neuf heures d’effort. Le jeune Luxembourgeois de 23 ans, visage figé par une température de moins 4 degrés, doit être porté à sa descente de vélo par les carabiniers. Les écarts sont abyssaux. Le deuxième, Alessandro Fantini, franchit la ligne avec un retard de 7 min 44 sec. Gaul, « l’archange de la montagne », s’empare du maillot rose au soir d’une étape mémorable qui a vu la moitié du peloton abandonner (43 coureurs sur 86).

La sensation de Savone, 1er juin 1969. Alors qu’il caracole en tête du Giro, Eddy Merckx reçoit communication, après l’étape de Savone, d’un contrôle positif à un stimulant (fencamfaminum) et doit quitter l’épreuve. La photo du maillot rose, en pleurs dans sa chambre de l’hôtel Excelsior à Albisola Marina, fait le tour du monde. Le Belge crie au complot. Quelques jours plus tôt, il a reçu proposition de « vendre » son maillot rose à une équipe italienne rivale. Machination ou simplement amateurisme dans la procédure? A l’époque, il se chuchote que les contrôles pratiqués ne sont qu’une simple mascarade. Le gouvernement belge exige la réhabilitation de Merckx. La fédération internationale (FICP) conclut à l’absence de sabotage mais finit par raccourcir la suspension de quelques jours afin de lui permettre de courir le Tour de France. Gracié mais pas acquitté…

La neige du Gavia, 5 juin 1988. A 2 621 mètres d’altitude, le froid saisit les coureurs du Giro. La descente jusqu’à Santa Caterina Valfurva, près de l’arrivée à Bormio, n’est qu’une longue souffrance. « La course la plus dure de ma carrière. A partir de ce jour-là, je n’ai plus jamais supporté le froid de la même façon », se souvient Marc Madiot. Le Néerlandais Johan Van der Velde, en tête au sommet, rejoint l’arrivée avec près de trois quarts d’heure de retard. En quête de chaleur, il s’est arrêté en route. Deux coureurs, plus précautionneux, sont les grands gagnants du jour: le Néerlandais Erik Breukink, qui remporte l’étape, et l’Américain Andy Hampsten, vainqueur final sept jours plus tard.

L’exclusion de Madonna di Campiglio, 5 juin 1999. Marco Pantani, outrancièrement dominateur, a course gagnée à la veille de l’arrivée à Milan. Jusqu’à ce qu’un contrôle sanguin de routine, des plus prévisibles, en décide autrement. Le Pirate, idole du public italien, présente un hématocrite supérieur à la norme. Malgré ses protestations, le vainqueur de l’année précédente est exclu conformément au règlement. Plus tard, ses zélateurs voudront croire à une machination, montée sur fond de paris à son encontre. Pour le vainqueur du Tour 1998, c’est le début de la fin. Moins de cinq ans plus tard, c’est un homme à la dérive qui décède d’une overdose dans un hôtel de Rimini.

Le blitz de Sanremo, 6-7 juin 2001. Trois ans après le scandale Festina sur le Tour de France, le Tour d’Italie prend de plein fouet les affaires de dopage d’un peloton largement vérolé à l’époque. A Sanremo, la nuit est rythmée par la descente de près de 200 enquêteurs dans les hôtels des équipes et les perquisitions, devant les caméras de télévision. Au matin, les coureurs, choqués, refusent de repartir pour l’étape-reine qui doit rejoindre Sant’Anna di Vinadio. « Nous étions tous fâchés », résume Mario Cipollini. Discussions, négociations, polémiques, se prolongent durant des heures. L’étape est annulée. Dans une ambiance de plomb, les trois dernières journées de course conduisent au premier des deux succès de l’Italien Gilberto Simoni.

Le Quotidien/AFP