C’est en effet la tendance qui se profile à l’horizon puisque aucun coureur local des équipes du World Tour ne devrait être au départ. Le Tour de Luxembourg (3-7 juin) ne fait plus recette.
Le Tour de Luxembourg se fera sans Jempy Drucker (photo), ni Ben Gastauer, Bob Jungels, Frank Schleck et Laurent Didier. (Photo Gerry Schmitt/Tageblatt)
Dimanche, Jempy Drucker nous confirmait que son équipe BMC ne serait pas au départ du Tour de Luxembourg le 3 juin prochain. On savait depuis plusieurs mois déjà que la formation AG2R-La Mondiale de Ben Gastauer et surtout l’équipe Trek de Bob Jungels, Frank Schleck et Laurent Didier, n’y seraient pas non plus. Pour les mêmes causes. « Ce n’est pas à notre programme », nous confirmait Kim Andersen, ce lundi sur le coup de 13 heures. D’ailleurs, depuis le début de la saison, il n’en a jamais été question !
Joint par nos soins en début d’après-midi, Frank Zeimet, directeur du Tour de Luxembourg (3-7 juin) ne cache ni son embarras, ni son inquiétude : « C’est vrai que pour le moment les équipes des coureurs luxembourgeois évoluant en World Tour, ne sont pas prévues au départ. Nous essayons encore de convaincre l’équipe BMC de Jempy Drucker mais pour le moment, c’est non. »
La tendance qui avait déjà émergé ces dernières années, depuis la refonte du calendrier international, s’est encore accélérée. Durcie. Les équipes évoluant en première division ont l’embarras du choix à cette période pour construire leur préparation pour le Tour de France, ou relancer leurs coureurs spécialisés dans les classiques de pavés vers une deuxième partie de saison variée.
Auparavant, le Tour de Luxembourg, suivi par le Tour de Suisse, représentait une option. Et les organisateurs avaient alors le choix. Ils devaient même parfois faire des malheureux au moment de la sélection.
L’autre option, aujourd’hui choisie par la plupart des postulants du Tour était de participer au Dauphiné. Mais les équipes de premier rang sont de moins en moins nombreuses à choisir le Tour de Luxembourg. Un constat évidemment alarmant pour les organisateurs qui ne sont pas protégés du tout par leur classification en hors catégorie. D’ailleurs, ce sont des épreuves par étapes moins capées, de catégorie 2.1 qui amputent directement le plateau du Tour de Luxembourg.
Deux choses permettaient traditionnellement au Tour de Luxembourg d’assurer une vitrine acceptable. La présence de ses meilleurs coureurs luxembourgeois d’une part. Et la présence de quelques grands noms du cyclisme mondial. Mais depuis le retour au premier plan mondial des coureurs luxembourgeois, c’est évident que le public était heureux de voir évoluer à domicile ses meilleurs représentants. Les éditions 2008, 2009, 2010 et 2011 furent à cet égard de grands succès populaires.
> Vers un changement de date
En ce qui concerne les coureurs luxembourgeois, ce sera donc sans eux. Seuls, les coureurs de l’équipe Cult Energy (2e division) et le binôme composé d’Alex Kirsch et de Joël Zangerlé puis les équipes de Leopard et Differdange (3e division) seront donc au départ. Quant aux éventuels grands noms internationaux, il n’est pas sûr qu’il y en ait beaucoup…
« Ce genre de situation est difficile à vivre et on travaille sans attendre sur la nouvelle refonte du calendrier international prévue par l’UCI en 2017. Là, nous sommes rentrés en concurrence avec le Tour de Belgique et les nouvelles épreuves organisées en Norvège par ASO (NDLR : les organisateurs du Tour de France et du Dauphiné, dont le départ sera d’ailleurs donné le jour de l’arrivée du Tour de Luxembourg…). On sait qu’il y a trop d’épreuves à cette date, alors c’est vrai qu’on réfléchit pour un éventuel changement de date. Avant, la logique pour beaucoup d’équipes était de commencer la préparation du Tour de France par le Tour de Luxembourg. Cela ne semble plus être le cas. Alors on réfléchit à cette situation, mais ce n’est pas simple… »
Pourquoi dès lors, ne pas déplacer le Tour de Luxembourg avant les classiques ardennaises ou avant le Tour du Pays basque, jugé jusqu’alors, comme la seule rampe de lancement ? « C’est une possibilité parmi d’autres », confirme Frank Zeimet qui confesse également n’avoir pas encore trouvé la solution.
Du côté des coureurs, on imagine également une certaine frustration de ne pas pouvoir évoluer à domicile. Dernier vainqueur luxembourgeois, Frank Schleck confie son « embarras » à propos de la décision prise par son équipe. « Évidemment que j’aimais bien participer au Tour de Luxembourg, mais c’est ainsi. Du moment qu’on prépare bien le Tour de France, c’est le principal », explique le champion national.
Frank Zeimet espère, sans y croire, qu’un miracle se produise et que Jempy Drucker et son équipe BMC, par leur présence, sauvent le Tour de Luxembourg de la désaffection, bien malgré eux, de ses meilleurs coureurs.
Denis Bastien