La sortie du ministre des Sports, prévue ce jeudi en fin d’après-midi, est attendue avec empressement par les acteurs locaux qui tendent le dos.
Mine de rien, le monde du sport sera à l’affût aujourd’hui de la parole ministérielle. Comme ce fut déjà plusieurs fois le cas, au moment du confinement puis lors du déconfinement. Et lors des points presse précisant l’aide apportée par l’État au sport luxembourgeois. Les sorties de Dan Kersch ont toujours été scrutées de près. Comme si les grands principes édictés pouvaient, ou non, subir une quelconque inflexion. Certes, le vote des nouvelles mesures de lutte contre la pandémie a été repoussé, il n’en demeure pas moins que cette conférence de presse présentant les nouvelles mesures de lutte contre le Covid-19 et leur impact sur la pratique des activités sportives, intéresse forcément un large panel de pratiquants. On balaye large, du sport loisirs à la compétition au plus haut niveau national, ce qui est fluctuant d’un sport à l’autre…
Toutefois, pas une fédération nationale ne prendra cette sortie à la légère, qu’elle soit puissante ou non. Même si chacun s’accorde néanmoins à penser qu’il ne s’agira alors que d’une simple explication de texte, puisque la trame avait déjà été explicitée avec ce fameux texte de loi. Qui reste donc à voter. En espérant que d’ici là, rien ne changera…
Les modalités, on les connaît donc, et on peut les résumer ainsi. Les équipes de première division des principaux sports collectifs peuvent continuer à s’entraîner et à poursuivre leur championnat, les dispositions de quarantaine restant évidemment maintenues.
Tourbillon sans fin
Ce sont les modalités d’entraînement, limitées aux principes de bulle à quatre qui posent beaucoup de questions. En ce qui concerne les événements, la barre des 100 personnes à ne pas dépasser apparaît rédhibitoire pour la plupart des rendez-vous de sport individuel. À l’extérieur comme à l’intérieur. La plupart des évènements ont déjà été annulés et sont sur le point de l’être. Le tourbillon semble sans fin.
En athlétisme, par exemple, les épreuves en plein air sont annulées les unes après les autres. « Le 15 novembre, doit avoir lieu le trail Uewersauer qui sert de support aux championnats nationaux. Avec la règle des 100 personnes, il est clair qu’on doit reporter l’évènement », explique ainsi Stéphanie Empain, présidente de la FLA. « Le ministre pourra-t-il répondre à nos questions? Je l’espère que nous avons des interrogations et des problématiques très concrètes. Des clarifications peuvent être apportées au niveau de l’organisation de nos épreuves, et des entraînements. Pour les bulles de quatre personnes, nous avons beaucoup d’enfants et peu d’encadrants », poursuit-elle.
Les règles sont-elles les mêmes autour d’un stade en plein air que dans un hall sportif ? Voilà le genre de question que l’athlétisme se pose. « Mais on veut rester pro-actif », poursuit Stéphanie Empain. Mercredi soir, les pontes de la FLA étaient réunis pour parler d’une même voix. Et annoncer que tout le calendrier hivernal (le premier cross de la saison, le 29 novembre, organisé par la Fola restait programmé, comme le 15 décembre, le championnat national de 5 000 m à la Coque) passe à la trappe ?
Tout le calendrier à jeter dans la grande poubelle du Covid-19, le cyclisme luxembourgeois qui reste très actif en hiver avec les cyclo-cross, semble prêt à le faire également. Les annulations se sont succédé ces dernières semaines et le spectre d’une saison arrêtée au 17 octobre dernier avec l’épreuve de Kayl semble devoir se concrétiser. Ce qui n’empêche pas Camille Dahm, président de la FSCL, de vouloir se montrer très attentif aux propos ministériels. « J’observe que dans tous les sports, on est en train de rétrograder face à la situation actuelle. J’espère donc qu’il nous donnera des consignes claires. J’ai envie de savoir ce qu’on doit faire. On sait bien qu’en période d’épidémie, le sport n’est pas forcément essentiel, il a évidemment plus urgent. Mais on attend une ligne directrice forte. »
«Du bon sens»
Ces derniers jours, la parole des présidents des grandes fédérations de sport collectif se sont télescopés. Leurs impératifs et leurs feuilles de route ne sont logiquement pas les mêmes. Une fois la journée du 24 octobre annulée, le handball luxembourgeois attend sa reprise pour le week-end du 14 novembre. « Avec un peu d’humour, on pourrait presque dire que c’est le bon moment pour couper », expliquait mardi dans nos colonnes Romain Schockmel, président de la FLH. Médecin dans le civil, ce dernier est lucide par rapport à une situation qui impose «du bon sens». Il milite pour la multiplication des tests antigéniques par rapport à un confinement qui «n’est valable que si on a une porte de sortie». Il répète que «personne n’a envie de mettre en péril la santé des joueurs et de leurs proches». Le président garde dans ses tiroirs trois scénarios différents en fonction de l’évolution d’une situation qui, avouons-le, qui nous échappe fatalement.
Le monde du basket, au repos forcé au moins jusqu’au 1er novembre, se trouve dans le même registre. « Personne ne sait si cela sert à quelque chose d’arrêter pendant un mois car on ne sait pas du tout si la situation se sera améliorée d’ici là. Il y a de plus en plus de sportifs réticents à l’idée de jouer à cause de leur emploi. Se retrouver en quarantaine à cause du basket, ce n’est pas l’idéal », précisait lundi le nouveau président de la FLBB Samy Picard.
Qu’il baigne dans le professionnalisme ou l’amateurisme au bon sens du terme, des notions souvent floues et difficilement définissables au Luxembourg en ce qui concerne les sports collectifs, le milieu du sport doit néanmoins retomber sur terre et se retrouver. Ce fameux principe de réalité que tentera sans doute de rappeler à tous Dan Kersch, ce jeudi sur le coup de 17h30…
Denis Bastien
Vouloir, ce n’est plus pouvoir
La vérité d’un jour n’étant pas forcément celle du lendemain, on s’en tiendra à la tendance qui prévalait hier. Parce qu’en ces temps constamment revisités par le Covid-19, on s’accroche à ce qu’on peut. Malgré le report du vote du projet de loi concernant les nouvelles mesures de lutte contre la pandémie, malgré la lourdeur des reconfinements qui se sont précisés aux frontières, le sport luxembourgeois reste suspendu à la parole ministérielle. Les représentants des grandes comme des petites fédérations attendent donc avec impatience la conférence de presse de Dan Kersch, cet après-midi.
Avec l’espoir chevillé au corps pour la plupart des équipes de football de l’élite nationale de pouvoir continuer leur championnat. C’est légitime et pas seulement parce que le particularisme luxembourgeois fait qu’on y navigue ici entre professionnalisme décomplexé et amateurisme éclairé, mais surtout très argenté. Les clubs dans leur majorité veulent continuer de jouer, nous souffle-t-on aux oreilles. On entend bien. Mais il faut remettre la formule au goût du jour. Vouloir, ce n’est plus simplement pouvoir.
Aujourd’hui, le monde du sport fait comme tous les autres microcosmes. Il marche sur des œufs et lit dans le marc de café. Et lutte contre ses propres démons. La folie des grandeurs pour les uns, une sorte de déconnexion perpétuelle avec la réalité. timidité atavique et précautionneuse pour les autres. Les uns et les autres vont demander au ministre de dresser un chemin. Pas forcément médian. Rien n’est simple…
D.B.