Niederkorn, en coupant dans les crédits, s’est construit une identité de jeu résolument offensive pour aller retrouver l’Europe.
Il y a une promesse nichée dans le début de saison du Progrès Niederkorn. Sera-t-elle tenue? Elle tient en tout cas en cette phrase alléchante signée Vivian Reydel, son nouveau coach : «On veut proposer quelque chose qui ne se voit pas ailleurs». Il y a même rajouté le mot «panache» pour faire bonne mesure, ainsi qu’une sorte d’ébauche de philosophie de jeu : «ambitieux et conquérants pour amener du plaisir aux gens».
C’est beau, comme volonté, pour un coach qui occupe son premier poste au sein d’un club qui doit réduire sa voilure budgétaire de moitié et qui a perdu énormément de piliers de ses dernières saisons de championnat. Même carrément une équipe type. C’est d’autant plus intrigant de revenir avec des ambitions et annoncer qu’on a été suffisamment intelligent pour revenir plus fort. Cela dit, quand on est sans le sou, essayer d’être sexy et flamboyant, ne s’improvise pas. Le Progrès a donc construit son mercato de la sorte : Luxembourgeois, étrangers vraiment situés de l’autre côté de la frontière (pas plus loin) avec, quelle que soit la nationalité, cette particularité fondamentale qui nécessite qualité de pied et rapidité d’exécution : «On leur demande à tous de savoir maîtriser le ballon, même sous pression».
On entend d’ici là les sceptiques qui diront que ce sont surtout des mots. Il est pourtant un fait que Niederkorn s’est exposé à tomber de haut, notamment sur phases arrêtées, en construisant un effectif avare en grands gabarits. Une équipe à l’espagnole? La filiation fait pousser un soupir à Vivian Reydel. Presque de mécontentement. D’emblée, c’est le PSG qu’il cite en exemple. Et la verticalité des Reds de Liverpool. Il est en tout cas question de possession et de hauteur de bloc sans aucune ambiguïté. Très haut, le bloc, si possible. Mais pour éviter d’être lisible après seulement trois semaines de compétition, en étant assez intelligent pour laisser une totale liberté aux joueurs, notamment offensifs. «Il est question de synchronisation des déplacements.»
C’est bien qu’on en parle, de la synchronisation. Puisque après tout, le Progrès a quand même effectué le recrutement qui a le plus fait parler de l’été, celui de Kenan Avdusinovic, symbole de Hostert. L’attaquant y était totalement libre de ses mouvements et ne défendait que peu. Cela doit sous-entendre qu’il jouira au stade Jos-Haupert à peu près des mêmes latitudes. Reydel ne souhaite visiblement pas coacher à la Guardiola et enfermer ses joueurs dans des secteurs de jeu. Créativité et mouvement perpétuel, c’est l’idée.
Le seul hic du moment tient au fait que le club ne sait toujours pas s’il pourra compter durablement sur celui qui est censé sublimer sa nouvelle identité de jeu, à savoir Olivier Thill, toujours officiellement dans le viseur d’une D1 croate et qui pourrait vite plier les gaules. Le point de vue du Progrès sur la question n’a pas changé. Il se sait prêt à aborder cette saison, quitte à ce que cela soit sans lui, mais il sait aussi qu’il y a une évidence qui dit qu’il est bien meilleur avec que sans. «Olivier sublime ses coéquipiers, dit Reydel. Il peut littéralement changer le visage de l’équipe. C’est un bonus disons.» Et l’Europe? C’est un bonus aussi? Ou une ambition?