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Le cyclisme français sort de l’hiver, avec l’hirondelle Démare


Le Français Arnaud Démare (d) franchit en vainqueur au sprint la ligne d'arrivée de Milan-Sanremo, le 19 mars 2016. (Photo : AFP)

Le cyclisme français, ébloui par la lumineuse victoire de l’hirondelle Arnaud Démare dans Milan-Sanremo, sort d’un long hiver qui a duré près de deux décennies. Explications.

Une belle génération

Champion du monde espoirs en 2011 alors qu’il était âgé de 20 ans, Démare incarne la nouvelle vague du sprint à côté de Nacer Bouhanni, malchanceux au possible samedi sur la Via Roma (incident mécanique) et candidat lui aussi à une grande victoire, et même Bryan Coquard. La France possède l’équivalent dans les courses par étapes avec Thibaut Pinot et Romain Bardet. Pour eux, le temps de la récolte est à venir.

«Notre génération était moins talentueuse», a l’habitude de dire Thomas Voeckler, l’un des coureurs qui a assuré la transition durant la décade précédente avec Sandy Casar, Sylvain Chavanel, Pierrick Fédrigo et autres David Moncoutié. «La génération sacrifiée», selon l’expression du directeur sportif de la FDJ, Martial Gayant.

A Sanremo, Démare a remis le cyclisme français en pleine lumière. Moins de deux ans après le très encourageant Tour de France 2014 et la double présence sur le podium du vétéran Jean-Christophe Péraud (2e), qui obtenait son bâton de maréchal dans une édition marquée par les abandons de plusieurs favoris, et de Thibaut Pinot (3e). «Le podium est arrivé plus vite que prévu», reconnaissait alors le chef de file de l’équipe FDJ, l’aîné d’un an de Démare. «J’ai encore beaucoup de progrès à faire».

Le travail des équipes françaises

Les deux équipes françaises de première division (WorldTour), AG2R La Mondiale et FDJ, disposent de budgets moins importants que les grosses écuries aux ressources indéfinies (Sky et Astana notamment) ou financées par des milliardaires (Tinkoff, BMC, Etixx). Mais elles partagent le souci de la performance, en privilégiant différents facteurs (entraînement en altitude, souci diététique, rendement du matériel, etc).

«C’est un travail dans l’ombre», expliquait récemment Marc Madiot, le patron de l’équipe FDJ. «La performance ne s’improvise pas. Elle se construit dans la durée avec innovation à court, à moyen et à long terme dans un climat de confiance», a renchéri samedi Frédéric Grappe, l’entraîneur en chef de la formation.

Pour preuve, la dernière semaine. Avant le succès de Démare, le premier d’un coureur français dans un «monument» depuis 1997, ses coéquipiers ont fait sensation à Tirreno-Adriatico dans l’exercice du contre-la-montre, athlétiquement le plus révélateur. Troisième du «chrono» par équipes, la FDJ a placé quatre coureurs dans les vingt premiers du contre-la-montre final. Quant à son leader Thibaut Pinot, il pouvait légitimement ambitionner le podium, voire la victoire, dans la «course des deux mers», sans l’annulation de l’unique étape de montagne.

La tendance au désarmement

Les équipes françaises, contraintes d’opérer leur mue dans la période ouverte par le scandale de dopage du Tour 1998, ont été rejointes peu ou prou par d’autres nations. Sous l’effet du passeport biologique instauré à la fin de la décennie 2000 et du futur cahier des charges qui devait être imposé à tous à l’horizon 2017. Mais, quelques équipes seulement sacrifient à cette promesse de transparence et l’Union cycliste internationale (UCI) observe pour l’instant le silence sur ce point capital.

Il reste que le radar de la lutte antidopage a limité les excès ces dernières années. Les temps d’ascension, s’ils doivent être analysés avec discernement, le confirment. Samedi, le «chrono» le plus rapide sur les 5600 mètres de la Cipressa, l’avant-dernière côte de la Primavera, est resté à 29 secondes du record de la montée.

«Si Arnaud (Démare) avait couru au début des années 2000, il n’aurait jamais pu lutter pour la victoire. Aujourd’hui, c’est même possible de gagner», se félicite Martial Gayant qui appelle toutefois à la vigilance: «Beaucoup de choses ont changé mais il faut garder les yeux ouverts. Ne crions pas victoire.»

Le Quotidien/AFP