Laurent Jans a délivré jeudi soir en Europa League une passe décisive à la dernière seconde lors de la rencontre Liège-Lech Poznan (2-1). Le voilà bien lancé avant d’affronter Anderlecht ce dimanche à 18 heures, en championnat, et un mois de décembre fou.
Entré à un quart d’heure de la fin, vous avez délivré la passe qui a offert au Standard ses trois premiers points dans cette campagne d’Europa League et maintenu vivace le rêve d’une qualification. On appelle ça une entrée décisive, non ?
Laurent Jans : Oui, je crois. Et ça me rend très heureux parce que l’équipe a fait un super match collectif, avec beaucoup d’occasions de but en première période. Et on doit se battre avec un rouge qui n’en est pas un. On méritait vraiment ces trois points.
Cette passe, à qui donne-t-elle le plus confiance ? À vous ou à vos coéquipiers ?
Un peu des deux. D’un point de vue personnel, c’est toujours très bien pour un défenseur d’être décisif, particulièrement dans un moment compliqué. On n’avait pas encore de points au compteur et c’était tellement important de les prendre… Cela me donne de la confiance mais cela en donne aussi à mes coéquipiers. Surtout avant Anderlecht.
Quand on fait entrer un défenseur à quinze minutes de la fin alors qu’on a besoin de marquer, c’est aussi qu’on lui fait confiance pour apporter ce petit plus, non ?
Le coach nous avait dit que les remplaçants allaient jouer un rôle important ces prochaines semaines, d’autant que l’on a droit à cinq changements et que c’est important. Il l’a dit dans sa causerie : “Tenez-vous prêts, soyez appliqués“. Oui, c’est rare qu’un défenseur entre dans ces conditions, mais…
On a travaillé. On s’est accroché.
À la 93e minute, le Standard était éliminé. Vous avez senti un renoncement ou ce but de la victoire qui rend l’exploit d’une qualification encore possible vous semble-t-il couronner une volonté de ne pas laisser tomber ?
Moi, je sentais qu’on voulait absolument ces trois points. Je n’avais pas eu le sentiment qu’on était en train de lâcher et j’ai celui que ce succès récompense une très grosse performance. On a travaillé. On s’est accroché.
La qualification reste une perspective très lointaine au vu du classement. Qu’est-ce qui fait que vous y croyez encore ?
Tant que c’est mathématiquement possible, pourquoi ne pas y croire? Bon, d’accord, les Rangers ont fait deux nuls contre le Benfica, la meilleure équipe du groupe, mais il n’est pas encore temps de parler de tout ça. On rentre dans une période où l’on est obligé de prendre match après match. Et pour quelqu’un qui veut profiter à fond de ces moments exceptionnels qu’offre l’Europa League, c’est le meilleur moyen. Même si l’absence de supporters, c’est une vraie catastrophe. On sait quelle ambiance il peut y avoir dans les stades de nos trois adversaires, mais je pense qu’eux aussi sont déçus de ne pouvoir ressentir l’ambiance de Sclessin.
Comment vous préparez-vous à ce mois totalement fou qui s’annonce, avec huit rencontres en quatre semaines ?
Bah, c’est un peu comme tout ce que j’ai fait depuis mon arrivée fin octobre : on joue tous les trois jours, tout le temps. On dit que les joueurs adorent jouer et moins s’entraîner. Mais on fait beaucoup de récupération pour éviter les blessures et ce n’est pas forcément un avantage pour moi parce qu’on ne peut pas beaucoup travailler. Pas trop le temps pour ça.
En même temps, vous avez une garantie : avec un tel programme, quoi qu’il arrive, l’effectif va beaucoup tourner et vous aurez des occasions de vous montrer.
Le coach n’arrête pas de nous dire que c’est exactement comme ça que ce sera, oui.
Philippe Montanier semble vous apprécier aussi sur le flanc gauche.
Il m’avait aussi fait entrer à gauche pour mon tout premier match, effectivement, mais c’était contre Bruges et l’habituel arrière gauche était KO, il avait des crampes. (Il sourit) Je pense que mon staff sait très bien que je suis latéral droit et que je reste un latéral droit. Après, comme l’a prouvé ma passe décisive, je sais aussi à quel point c’est difficile de défendre sur un droitier qui rentre sur son bon pied pour centrer et qui a un temps d’avance. C’est pour ça que beaucoup d’équipes font ça. À Paderborn aussi, j’avais joué là contre Leverkusen et tiens, cette semaine, comme par hasard, on a travaillé les centres et on le fait contre Poznan. Je crois que c’est comme ça, le foot. Tu bosses et ça marche. Il n’y a pas de hasard.
Maintenant, place à Anderlecht donc. Un choc majeur à l’échelle du pays.
Le niveau s’est resserré en haut, dans ce championnat. Beaucoup d’équipes se tiennent en deux ou trois points. C’est très serré et chaque match est important. Mais celui-là est TRÈS important. Même pas besoin que le staff, les dirigeants ou les fans nous le disent. De toute façon, on n’en croise pas beaucoup vu que les magasins sont fermés, les restaurants aussi, et qu’il y a le couvre-feu…
Avec tout ça, vous avez le temps de suivre votre ancien club de Waasland-Beveren et Danel Sinani ?
Oh oui, je les suis. J’ai regardé les 90 minutes contre Ostende. Il a fait un très bon match, il est dans tous les coups et va devenir le moteur de l’équipe. Il réclame tout le temps le ballon, il est calme, il a de la vista. Ils vont prendre du plaisir avec lui. D’ailleurs, j’ai eu des dirigeants au téléphone et ils sont très satisfaits. Je lui souhaite de sauver le club et de tout gagner. Sauf contre le Standard.
Entretien avec Julien Mollereau