Alexis Larrière, lâché au dernier moment par la Jeunesse Esch, est en train d’essayer de rebondir du côté de Rodange.
L’arrivée en BGL Ligue du milieu de terrain formé au FC Metz a été une curiosité de cet hiver. Annoncé certain à la Jeunesse, puis partant finalement pour Rodange, il est revenu pour nous sur cette curiosité qui l’a fait passer d’un monument en péril à un promu en danger. C’est-à-dire pas du tout le même projet.
Pendant de longues semaines, presque toute la trêve hivernale d’ailleurs, on vous croyait parti pour devenir joueur de la Jeunesse Esch. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
Euh… Disons que j’avais un accord avec le président, on s’était vus il y a un mois et demi. C’était en décembre, au dernier match de championnat. On était OK sur tout, le financier, le sportif, et puis, la veille de la reprise, aucune nouvelle, pas de reprise de contact. Le directeur sportif m’appelle alors et me dit « le président ne veut plus te faire ».
La motivation de cette décision ?
Financière. Apparemment, ça ne pouvait plus le faire. C’était un peu chaud. Et au final, il y a Rodange qui me contacte. J’ai un rendez-vous avec M. Dietz, il m’explique le projet et ça me plaît. On va officialiser dans les jours à venir. Je passe le médico-sportif aujourd’hui (NDLR : mardi).
Cela vous a perturbé, cette histoire de renoncement de la Jeunesse ?
C’était troublant. Cela veut dire que le président n’a pas tenu sa parole alors qu’il m’a regardé dans les yeux. On s’était dit qu’on allait bosser ensemble. La question que je me pose, c’est de savoir si le problème était vraiment financier. Mais bon, la Jeunesse, cela faisait quelques semaines que j’y étais et je sais que je n’aurais pas été le plus gros contrat. Donc je reste perplexe.
C’est surprenant dans le monde du football ?
Oh, que ce soit le monde amateur ou non… Ça arrive assez souvent, aussi dans les clubs pros, qu’on reçoive une offre qui n’est pas tenue.
Rien à voir avec votre forme physique de joueur sans club depuis l’été dernier ?
Physiquement, je commence à être bien. Je me sens bien. Certes, j’ai besoin d’un petit temps d’adaptation pour revenir au top.
L’avantage : vous êtes à côté de la maison, dans un environnement que vous n’avez pas forcément à appréhender de A à Z.
Ah si j’avais pu bouger, j’aurais bougé. J’avais une proposition en Allemagne, mais elle n’était pas suffisante pour vivre.
Un de vos anciens coéquipiers, Dylan Lempereur, qui a signé à Differdange, disait qu’il allait devoir se trouver un job l’été prochain…
Pas moi, je ne vais pas chercher de boulot.
Comment s’intègre-t-on à Rodange après avoir fréquenté le vestiaire de la Jeunesse pendant plusieurs semaines ?
Ah… la Jeunesse, c’était plus facile parce que je connaissais trois ou quatre joueurs. Des anciens du FC Metz. Mais à Rodange, je retrouve ceux que j’allais regarder jouer à Saint-Symphorien quand j’étais jeune. Les Momar N’Diaye et David Fleurival. Ça fait bizarre, mais c’est bien aussi. Même dans le monde amateur, on peut apprendre.
Les effectifs des deux équipes sont-ils très différents qualitativement parlant ?
Oh, ce sont surtout les objectifs qui sont différents. À la Jeunesse, on ne m’avait pas vendu l’Europe. On m’a dit que cela pourrait devenir un des objectifs, c’est tout. Mais c’est logique, pour eux, le but, c’est déjà de regagner un match et de voir au fur et à mesure. À Rodange, ils ont été très honnêtes : le meilleur challenge, c’est de viser le maintien. À la limite, je préfère. Plutôt me battre pour quelque chose de concret que d’avoir la certitude de ne jouer que le ventre mou.
Ce sera quoi votre boulot dans cette équipe rodangeoise ?
Il faut que j’équilibre le jeu, que j’apporte une bonne agressivité, que je cherche la dernière passe.
Estimez-vous avoir l’expérience et la maturité nécessaires, à 22 ans seulement, pour prendre ce genre de responsabilités ?
Ça a toujours été dans ma nature de prendre le jeu en main ou de tenter de le faire en tout cas. Mais cette fois, ça ne se fera que collectivement, en se battant ensemble.
Et sous les ordres d’un homme que vous connaissez très bien…
Oh oui, je le connais même très, très, très bien ! Toutes mes années de formation, j’ai vu son fils, Vahid, plus que ma propre famille. Nedzib, il est d’une nature très calme. Le long de la main courante, je suis sûr qu’il analysait tout, mais qu’il attendait d’être à la maison pour en parler avec Vahid. Mais nous, les autres joueurs, il ne se permettait pas de nous parler. Quand j’ai su que je signais à Rodange, je lui ai envoyé un texto en lui disant : « J’espère que le coach me fera jouer ». Il m’a répondu en rigolant : « Si tu bosses dur, c’est certain ! ». Et c’est vrai qu’on court beaucoup ! C’est 100% à la yougoslave. D’ailleurs on part bientôt au Monténégro et on revient juste pour la reprise…
Entretien avec Julien Mollereau