Les températures négatives ont, comme prévu, forcé la fédération à remettre les matches en retard prévus mercredi soir. Cela devient sinistre, mais pas désespéré. Du moins en BGL Ligue…
On n’en finit donc pas de ne pas reprendre. Annulé dès la matinée de mercredi, le RM Hamm Benfica – F91 a été rejoint au rayon des rencontres annulées quatre fois en une seule saison par Progrès – RFCU, aux alentours de 18h30, après une dernière inspection de terrain confirmant que la pelouse était bien trop gelée pour être jouable. Il ne s’agira jamais que de la quatrième annulation pour ces deux rencontres depuis le début de la saison, le coronavirus se chargeant de plomber les trois premières.
La veille, Régis Brouard, le coach du RFCU, avait anticipé cette nouvelle déception d’une saillie qui cristallise la tension actuelle sur toute la Division nationale, que ce soit à cause de la pandémie, des tests ou désormais de la météo. «C’est irresponsable de nous faire croire qu’on va jouer vu les conditions. Ça me rappelle l’an passé, quand on nous avait gardés une dizaine de jours pour jouer un match contre Hamm après tout le monde. Des joueurs avaient perdu plusieurs jours de vacances, voire leurs réservations, pour qu’on nous annonce la veille qu’on ne jouerait pas.» C’est rageant, oui, d’apprendre une fois arrivé au stade Jos-Haupert, après une première volée de tests antigéniques et une séance de travail la veille, avec les risques de braver différents couvre-feux, de se voir confirmer ce qu’on subodorait depuis 24h.
La situation, toutefois, est différente de ce qu’elle était en fin d’année 2019. Il y a aujourd’hui une part d’urgence non négociable, si bien que les techniciens et directeurs sportifs les plus pessimistes du pays sont chaque jour un peu plus nombreux. Tellement énervés qu’ils préfèrent rester anonymes : «Non mais on a joué quoi en 2020? Dix matches en un an ? Et aujourd’hui, on nous annonce qu’on va en jouer 21, même 22 ou 23 pour certains, en trois mois? Mais dans un mois, avec les blessures qui vont nous tomber dessus, on n’aura même plus seize joueurs à mettre sur la feuille de match. Et on ne pourra pas mettre les juniors puisqu’ils ne peuvent pas s’entraîner…». Ce discours-là, on l’entend de plus en plus souvent et il escorte de très près la volonté de reprise. La FLF a redit aux clubs sa volonté de tout faire pour finir, mais il semblerait que de moins en moins de gens y croient et ce n’est sans doute pas le Progrès qui dira le contraire : Hamm – F91 a déjà été reprogrammé à mercredi prochain. Pour Niederkorn, c’est hors de question : le 17 février, il aura déjà un choc contre le Swift, l’un de ses nombreux autres matches en retard.
Un pot commun par solidarité ?
Enfin ça, c’est si les températures remontent de manière conséquente. Parce que le feu est déjà passé à l’orange pour ce week-end : les températures ne reviendront positives que dimanche dans la journée. Comment espérer, dès lors, que l’on joue partout pour le compte de la 11e journée ? D’autant que désormais, les tests sont amenés à être généralisés et vont bien finir par nous mettre quelques clusters sous le nez.
Inactifs sur les pelouses alors qu’ils auraient déjà dû avoir la bagatelle de dix matches officiels joués en 2021 (une journée complète et deux matches en retard), les clubs ne sont pas inactifs en coulisses. La LFL, échaudée par sa mise en accusation indirecte dans le refus initial de faire les tests, a contre-attaqué sur le dossier, incriminant la fédération dans l’incapacité à installer un protocole sanitaire fiable. Mais pas que… Selon nos informations, ils en sont arrivés à étudier ouvertement la possibilité de faire acte de solidarité active. Dans l’éventualité où le gouvernement décide de ne pas rouvrir de la saison pour les divisions inférieures (lire ci-dessous) et que l’intérêt de la BGL Ligue ne tende plus que vers les places européennes et déséquilibre l’ensemble de la compétition. Est envisagé, dès lors, que ceux qui terminent qualifiés pour les joutes continentales mettent une partie de leurs «gains» dans un pot pour aider un peu ceux qui n’iront pas, avec un système dégressif en fonction de la position finale des clubs. Ce qui constituerait une façon de mobiliser tout le monde sur la fin de saison et l’importance de faire des résultats. Là encore, on en serait au stade de la réflexion. Partagée par tout le monde ou seulement portée par certains ? Au moins, cela donnerait à parler foot en attendant qu’on joue enfin…
Julien Mollereau
Le foot amateur bientôt mis à l’arrêt ?
Dan Kersch envisagerait de l’annoncer en fin de semaine.
Et si les premières divisions (BGL Ligue, Ligue 1 dames, D1 de futsal) étaient bientôt officiellement les seules ayant encore le droit de prétendre à jouer ? Il y a peu, les divisions inférieures et la Promotion d’honneur avaient redit leur volonté de reprendre la compétition aussi vite que possible et de jouer autant de matches que possible pour sauver ce qui pouvait l’être.
Mais pas mal d’intervenants ont cru comprendre, à la suite des réunions avec Dan Kersch, que le ministère des Sports n’envisageait pas de laisser reprendre ce que l’on pourrait appeler le football d’en bas. Pas illogique : après le rififi autour des tests antigéniques, qui ont eu tant de mal à faire leur entrée dans le quotidien des clubs de BGL Ligue, comment imaginer les étendre à tout le football grand-ducal ? Le gouvernement, après tout, a débloqué la bagatelle de 50 000 tests pour l’intégralité des sportifs du pays. Il en aurait fallu 20 000 pour finir les trois championnats de D1 du pays et cela ne se fera pas sans de sérieuses discussions (et doutes) autour des questions financières inhérentes à ce protocole sanitaire. Notamment pour les intervenants médicaux responsables de ce protocole dans les clubs.
Une telle décision aurait bien sûr de lourdes conséquences. L’annulation pure et simple de la saison, un statu quo complet, l’absence de montées et de descentes qui aurait ses répercussions jusqu’en DN, donc. Elle signifierait théoriquement la certitude pour tous les clubs en difficulté de se maintenir. On n’en est pas là. Ce bruit de couloir n’est pas encore avéré, mais il pourrait prendre une tournure bien plus officielle d’ici la fin de cette semaine.
J. M.