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La Russie exclue des Jeux olympiques!


Une image qu'on risque de ne pas voir aux prochains JO (photo : AFP).

L’Agence mondiale antidopage (AMA) a exclu lundi la Russie pour quatre ans des Jeux olympiques et de tout championnat du monde, les plus lourdes sanctions de son histoire, pour punir Moscou d’avoir récidivé dans la triche en falsifiant des données de contrôles.

Des sportifs « neutres », pas de drapeau ou d’hymne aux JO et à tout championnat du monde, interdiction d’accueillir ces compétitions sur son sol : à l’issue d’une réunion expédiée en une heure dans un grand hôtel de Lausanne, le comité exécutif de l’AMA a confirmé la suspension de l’agence antidopage Rusada et les sanctions que lui recommandait son comité de révision de la conformité (CRC).

Il ne pourrait s’agir que d’une étape, car Moscou, via Rusada ou son comité olympique national, peut faire appel pendant 21 jours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui aurait le dernier mot. Les fédérations internationales ont également la possibilité d’interjeter appel qui serait en principe suspensif et les sanctions ne seraient applicables qu’une fois confirmées par le TAS.

« La liste complète des recommandations (du Comité de révision de la conformité) a été approuvée à l’unanimité » des douze membres du comité exécutif, a déclaré aux médias un porte-parole de l’AMA, James Fitzgerald.

Les sportifs russes en lice à titre individuel

« Cela signifie que les sportifs russes, s’ils veulent participer aux Jeux olympiques ou paralympiques ou tout autre événement majeur figurant dans les recommandations, devront démontrer qu’ils ne sont pas impliqués dans les programmes de dopage décrits par les rapports +McLaren+ ou que leurs échantillons n’ont pas été falsifiés », a-t-il ajouté. Dans ce cas, ces sportifs ne pourraient représenter la Russie, dont ni le drapeau ni l’hymne n’auront droit de cité durant ces compétitions.

La question peut par exemple se poser pour la prochaine Coupe du monde de football de 2022 au Qatar. De plus, la Russie ne pourra pas candidater à l’organisation des JO de 2032 ni à des championnats du monde sur son sol pendant quatre ans. Ce ne sont pas les premières sanctions dans cette affaire qui empoisonne le sport international depuis cinq ans et les premières révélations sur un dopage institutionnalisé en Russie entre 2011 et 2015, impliquant plusieurs rouages de l’État, dont le ministère des Sports et le service secret FSB, selon plusieurs enquêtes internationales, dont les rapports du juriste canadien Richard McLaren commandés par l’AMA.

Depuis fin 2015, les compétitions internationales en athlétisme n’acceptent plus que des sélections de sportifs russes « neutres », sans les couleurs du pays. Le drapeau blanc, bleu et rouge n’a pas non plus été hissé aux Jeux olympiques d’hiver 2018 de Pyeongchang.

Des centaines de résultats effacés

Début 2019, la remise de milliers de données brutes de contrôles antidopage, stockées dans les serveurs de l’ancien laboratoire de Moscou, aurait dû clore l’affaire. Ce geste de transparence, exigé par l’AMA, devait lui permettre de lever le voile sur des contrôles positifs camouflés au sein du laboratoire et monter des dossiers disciplinaires contre des sportifs russes. Mais les experts informatiques missionnés par l’AMA ont découvert que « des centaines » de résultats suspects avaient été effacés de ces données, pour certains entre décembre 2018 et janvier 2019, juste avant leur remise par les autorités russes au gendarme mondial antidopage.

Cette faute de plus, qui s’ajoute à un passif déjà lourd, a suffi à convaincre à l’unanimité le comité exécutif de l’AMA, composé à parts égales de représentants des Etats et du mouvement olympique. Peu avant les JO de Rio-2016, l’AMA avait réclamé une exclusion totale des Russes, mais sa décision n’était pas contraignante et le CIO ne l’avait pas suivie.

Des voix plus sévères

Cette fois, l’instance olympique avait promis de soutenir les sanctions « à l’encontre de tous les responsables de cette manipulation ». Mais le CIO estimait que seule la « responsabilité des autorités russes » était prouvée à ce stade, pas celle du « mouvement sportif », notamment du Comité olympique russe (ROC). Or, le ROC est visé par les sanctions proposées.

D’autres voix, notamment celles du patron de l’antidopage américain, Travis Tygart, ou des membres du comité des sportifs de l’AMA, s’étaient élevées pour réclamer des sanctions plus sévères, comme une interdiction totale de participation des athlètes russes aux JO.

LQ/AFP