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La fière Guimaraes, berceau du Portugal et décor de la Ligue des nations


Cette ferveur rare explique notamment l'affluence moyenne de quelque 16 000 spectateurs lors des matches à domicile. (photo AFP)

Capitale originelle du Portugal et ville-hôte de la Ligue des nations, Guimaraes cultive une fière identité historique incarnée par son club, qui résiste aux « Trois Grands » du sport portugais. Ou quand l’Europe du football s’invite au « village d’Astérix »…

Choisie avec Porto pour accueillir la phase finale de la nouvelle compétition de l’UEFA, la petite cité médiévale du nord-ouest du pays accueille jeudi la seconde demi-finale entre les Pays-Bas et l’Angleterre puis, dimanche, le match pour la troisième place.

« C’est ici qu’est né le Portugal et cela explique notre culture conquérante et notre identité extrêmement forte », déclare le maire socialiste de la ville, Domingos Bragança, sur la Praça de Santiago, l’une des places emblématiques du centre historique de Guimaraes, classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001.

Symbole de cette fierté, la figure du premier roi du Portugal arborant son épée, sa cote de mailles et son bouclier est omniprésente. Afonso Henriques, fils d’un père français et d’une mère espagnole, serait selon certains historiens né en 1109 dans le château qui surplombe la ville de 52 000 habitants. Une imposante statue à son effigie, en armes, est érigée devant le stade du Vitoria Sport Clube, une enceinte de 30 000 places dont la dernière rénovation remonte à l’Euro-2004 organisé au Portugal.

« Un amour inné »

On retrouve le monarque dans la même posture guerrière sur l’écusson du club, bien installé dans le top 10 du championnat portugais mais qui ne compte à son palmarès qu’une Coupe nationale remportée en 2013 et une Supercoupe datant de 1988. « Ici, on supporte le Vitoria depuis le berceau, c’est inné. Notre amour pour le club relève du cœur, ça n’est pas lié au fait de gagner », explique Julio Mendes, président sortant du Vitoria. « Avec le personnage d’Afonso Henriques, l’histoire, la ville et le club ne font qu’un », poursuit-il, montrant le buste du roi coiffé d’un casque à nasal qui orne son bureau.

Cette ferveur rare explique également l’affluence moyenne de quelque 16 000 spectateurs lors des matches à domicile, la plus élevée derrière les incontournables Benfica Lisbonne, FC Porto et Sporting Portugal, qui accaparent les trophées nationaux et possèdent des adeptes dans chaque ville portugaise.

« Normalement au Portugal, on supporte le club local puis l’un des ‘Trois Grands’, mais pas ici. Ici, c’est uniquement le Vitoria et pour preuve, ni le Benfica, ni Porto, ni le Sporting n’ont réussi à y implanter des clubs des supporters », assure Ricardo Ribeiro, gérant d’un snack-bar décoré de photos des joueurs de Guimaraes, situé à quelques pas du stade Afonso-Henriques.

Imagerie médiévale

« Nous sommes un peu comme le village d’Astérix face aux Romains, une enclave imperméable aux ‘Trois Grands' », confirme le président Julio Mendes. Chez les ultras du virage sud, on décline toute la panoplie de l’imagerie médiévale et guerrière. Des lances, des haches, des épées et des chevaliers garnissent les banderoles des supporters.

Une formule latine en énormes caractères gothiques proclame depuis la tribune : « Nationis Gloria Nobis Est » (« la gloire de la nation est à nous »). On y aperçoit même des drapeaux du Comté Portucalense, l’embryon territorial du Portugal, avec la mention de l’année 1128, date de la bataille de Sao Mamede qui s’est déroulée dans les environs. Cette victoire portugaise sur les troupes espagnoles a marqué une étape décisive vers l’indépendance.

« Guimaraes, c’est la première capitale du pays. Nous sommes de Guimaraes avant d’être Portugais », affirme Marco Talina, membre des White Angels, l’un des groupes ultras les plus importants du Portugal, fondé il y a 20 ans. « Tout au Vitoria est lié à l’histoire de la ville qu’on nous raconte à l’école, et à l’identité qu’on façonne dans la rue depuis tout petit. Les valeurs qui y sont liées, le courage, le sentiment d’appartenance, la détermination : c’est ça le régionalisme de Guimaraes qui nous habite », conclut-il, fier de résister encore et toujours aux géants du football.

LQ/AFP

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