Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Face à un Dinamo Zagreb qui a élevé son niveau de jeu (et ça s’est vu), le Fola a subi la loi du plus fort. La Ligue des champions, c’est vraiment trop dur pour le Grand-Duché?
Alors que l’Europa League n’est pas avare en tours passés, ces dernières années, la C1 résiste encore très largement aux assauts grands-ducaux. Et pourtant, nos champions ne tirent pas toujours ce qui se fait de plus compliqué…
Le bastion est-il prenable? Les champions de BGL Ligue de ces cinq dernières années ont de plus en plus, qualitativement parlant, un 3e tour dans les jambes… mais n’y parviennent que trop rarement et pour ainsi dire jamais. C’est pourtant le graal : passer le 2e tour garantit quatre matches européens au bas mot et quand on voit ce qu’un tirage au sort clément peut désormais réserver (attendons un peu de voir ce que feront les Norvégiens de Molde contre le Dinamo Zagreb pour achever de s’en convaincre), toutes les spéculations les plus folles seraient permises. Si seulement les représentants du pays en C1 parvenaient à se mettre au niveau de ceux qui luttent en C3…
2010/2011 La Jeunesse rate le sésame pour un… csc
Contre l’AIK Solna, qui présentait à l’époque un indice UEFA inférieur à ce que possèdent aujourd’hui le F91 ou Differdange, la Jeunesse a sorti une première très belle manche aller (défaite 1-0 sur un but contre son camp) puis un superbe match retour (0-0), passant tout près de l’exploit. Le club suédois était quasiment ce que le club eschois pouvait espérer de mieux : il était le 14e ranking sur 18 tirages possibles. Bref, une aubaine. Sauf que la Vieille Dame, champion surprise, manquait d’expérience à ce niveau et peut-être aussi d’un poil de qualité individuelle puisqu’elle venait de construire son titre sur un bloc équipe performant, constant mais jamais fulgurant.
Au tour suivant, la Jeunesse aurait rencontré les Norvégiens de Rosenborg. Et en cas de défaite… aurait été reversée directement en tour de barrage de l’Europa League contre le Levski Sofia. À noter qu’au 3e tour de la C3, la Juventus, Liverpool, Stuttgart ou le Sporting Portugal lançaient leurs campagnes…
2011/2012 Maribor, le contre-exemple
Onze clubs étaient sur le papier moins prenables que les Slovènes. Dudelange, qui en hérite de Maribor, ne fait jamais le match et s’incline 2-1 et 3-0. Il fait quand même une bonne affaire en passant par le 1er tour préliminaire (battant les Andorrans de Santa Coloma 2-0 et 0-2) et en accumulant des points pour son ranking, une aubaine que n’ont plus à l’heure actuelle les champions luxembourgeois, qualifiés directement pour le 2e tour.
Cette saison-là, le F91 aurait décroché le jackpot s’il avait été au niveau : éliminé au tour suivant par le Maccabi Haïfa, Maribor avait été reversé en barrages contre… les Glasgow Rangers.
2012/2013 Le seul exploit, mais pour quoi?
Le F91 s’y recolle. Et cette fois, avec une génération de feu, emmenée par un Aurélien Joachim sur le point de prendre son envol vers le monde professionnel, un Bensi inarrêtable et un Steimetz au sommet de son art. Il torpille Tre Penne 11-0 sur les deux matches, puis tire un Red Bull Salzbourg a priori injouable puisque les Autrichiens sont le troisième pire tirage envisageable.
Cela n’empêche pas les hommes de Didier Philippe de créer une énorme sensation (1-0; 4-3) : il reprend un Maribor toujours injouable, voit Anderlecht et le Celtic lui filer sous le nez. Il fait moyennement le plein financièrement grâce à son reversement en Europa League : l’Hapoël Tel-Aviv, qui, lui, est désigné, ne vaut ni Levante ni les Girondins de Bordeaux et encore moins le Sporting Portugal, qui faisaient partie du groupe de cinq adversaires potentiels. Mais le F91 s’incline quand même 1-7 sur les deux matches.
2013/2014 Le dépucelage du Fola
Première campagne de Ligue des champions pour le club eschois, qui présente le deuxième pire indice UEFA au tirage du 2e tour et prend dans les dents le 5e meilleur club du tableau. Il s’agit déjà du Dinamo Zagreb et le Fola, novice, le sent passer. Très bon pendant une heure à l’aller et 90 minutes au retour, il en prend cinq en trente minutes à Oberkorn et un seul, sur penalty, au stade Maksimir. Aucune discussion possible. Pour la troisième année consécutive, le champion grand-ducal repart littéralement fessé par un adversaire qui le surclasse dans tous les compartiments du jeu. Il n’a même pas eu le temps de se faire les dents dans le tour préliminaire puisque le représentant du Luxembourg, pour la première fois, en est exempté…
2014/2015 Pas de bol : c’était l’année Ludogorets
Le F91 n’est finalement pas si loin d’être tête de série, au bénéfice de son exploit de 2012. Encore pas de chance : il hérite d’une équipe révélation, les Bulgares de Ludogorets (4-0; 1-1), qui élimineront ensuite le Partizan Belgrade et le Steaua Bucarest pour accéder pour la première fois de leur histoire à la phase de poules de Ligue des champions. Ils y affronteront le Real Madrid et Liverpool notamment. Après l’aller, Clayton Moreira de Sousa indiquera notamment qu’il n’a «jamais joué une équipe aussi forte».
2015/2016 Le Fola avait presque tout. Presque…
Une organisation, de l’expérience, des joueurs bien plus proches du niveau requis. Le Fola Esch, pour d’improbables retrouvailles avec un Dinamo Zagreb qui a fait part de sa présence en phases de poules de Ligue des champions, avait de bien meilleures armes que deux ans auparavant. Il les a montrées à l’aller, profitant du laxisme et de la suffisance de son adversaire (1-1).
Mais s’est fait rattraper par l’absence de son capitaine, un petit manque de fraîcheur et la hausse notable de niveau des Croates au retour (3-0). Derrière, il y avait les Norvégiens de Molde, nettement moins impressionnants et à propos desquels on se demandera longtemps de quelle hauteur était l’obstacle. Tant pis. On se revoit l’an prochain. Pour le même résultat que d’habitude?
Julien Mollereau
