BGL LIGUE (11e JOURNÉE) Kevin Holtz ne retrouvera pas son ancien stade du Deich, ce mercredi soir. Blessé pour neuf mois, il nous raconte le début du calvaire.
Percuté de plein fouet par l’un de ses propres coéquipiers (Adrien Ferino) lors du derby differdangeois, il y a pile une semaine, le milieu de terrain offensif aurait dû fêter ses retrouvailles avec son club d’Etzella, ce soir. Au lieu de ça, il attendra que l’énorme hématome autour de son genou se résorbe afin de pouvoir passer sur le billard. Et ça aurait pu être pire.
Quel est votre bulletin de santé, une semaine après Progrès – Differdange?
Kevin Holtz : Ça ne va pas très bien. J’ai beaucoup de douleurs et je dois attendre pour me faire opérer. Le genou a déjà bien dégonflé, mais j’ai un hématome sur toute la jambe. Ça va jusqu’aux ischios. Il y en a encore vraisemblablement pour deux ou trois jours.
Que sait-on de la blessure? On a cru comprendre que votre staff nageait encore un peu sur le sujet.
Le Dr Seil m’a dit que ce dont on était sûr, c’est que le ménisque a volé en éclats. Les ligaments croisés aussi. À l’intérieur aussi, c’est sûrement endommagé, mais on se demande encore si le ligament est déchiré ou pas.
Vous rappelez-vous du choc et de la douleur?
On m’a beaucoup parlé de ce choc. Moi, je ne l’ai revu qu’en vidéo, mais de loin alors j’ai du mal à me rendre compte. On m’a demandé ce que cela m’avait fait, au niveau de la poitrine et de la tête, mais moi, tout ce dont je me souviens, c’est que j’ai senti mon genou exploser. Vraiment exploser! Tout de suite, j’ai pensé « c’est fini », mais à la tête, je n’ai rien senti. La douleur dans le genou a été tellement vive que je suis tout de suite parti dans les étoiles. Si on ne m’avait pas dit que j’avais reçu un choc à la tête, en fait, je ne l’aurais même pas su. J’étais à moitié là et à moitié pas là. Je crois même que j’ai perdu connaissance à un moment et heureusement : je souffrais trop.
Adrien Ferino est resté longtemps à côté de vous, sur le terrain, à vous parler.
Alors je n’ai rien vu, rien entendu. Ces derniers jours, on s’est échangé quelques messages. Je sais qu’il se sent coupable, mais bon, je ne peux pas être en colère contre lui, je sais qu’il ne l’a pas fait exprès.
À la clinique d’Esch, on m’a vraiment traité comme de la merde
Désormais, le chemin du retour sera très long. Le Dr Seil a même réclamé les photos de l’impact auprès de notre photographe pour « comprendre le mécanisme de la blessure ».
L’opération jouera un grand rôle dans le délai de guérison. Je veux le faire bien et prendre mon temps pour revenir, mais surtout le faire bien. On sait que ce n’est pas une déchirure normale, que c’est beaucoup plus compliqué que ça. Quand je pense qu’à la clinique à Esch où j’ai été emmené, ils voulaient opérer le lendemain en me disant que c’était juste un problème de ménisque… D’ailleurs, je suis vraiment très en colère après eux. Quand j’ai été amené là-bas, j’ai dû attendre trois heures avant de pouvoir avoir une chambre. Alors oui, d’accord, il y avait les tests Covid, donc je veux bien. Mais quand je suis arrivé en chambre, il n’y avait même pas une paire de béquilles à disposition. Ils sont allés en piquer à une dame dans une chambre voisine qui n’en avait pas besoin immédiatement. En pleine nuit, vers une heure du matin, une infirmière est repassée les prendre. Je lui ai demandé comment je faisais si je voulais aller aux toilettes. Elle m’a souri d’un air un peu arrogant en me répondant « ben on n’en a pas plus! ». À la base, ils m’avaient gardé pour ma tête, en se disant qu’il fallait surveiller ça. Je trouvais ça ridicule mais bon. Par contre, quand je leur ai dit que j’avais un souci au genou, on m’a dit « on verra ça demain matin ». Au final, le médecin est passé lundi à 18 h et m’a dit « ah oui! c’est quand même gonflé, on fera une IRM demain matin ». Et il voulait opérer directement. J’ai bien fait d’attendre et d’aller voir le Dr Seil et Lara Heinz (NDLR : cette dernière officiant au sein de la sélection nationale). À Esch, on m’a vraiment traité comme de la merde! Et je suis content de ne pas les avoir écoutés. J’aurais fait une grave erreur.
Entretien avec Julien Mollereau