TOURNOI DE QUALIFICATION OLYMPIQUE À PARIS Hormis Jenny Warling, passée tout près, les trois autres Luxembourgeois ont été sortis d’entrée.
Première – et dernière – apparition de la discipline aux Jeux olympiques. Une seule possibilité de se qualifier. Vous avez dit pression? C’est pourtant ce qui attendait les quatre karatékas luxembourgeois qui se sont présentés, de vendredi à hier, sur les tatamis du stade Pierre-de-Coubertin pour l’unique tournoi de qualification olympique.
Vendredi, Jenny Warling ouvrait le bal. L’ancienne championne d’Europe des -55 kg savait que la tâche qui l’attendait était plus qu’ardue. La règle était simple : il fallait soit remporter la demi-finale soit remporter le repêchage pour avoir l’opportunité de faire partie du quatuor qui allait s’expliquer le soir même avec un combat contre chacun des trois adversaires. Les trois premiers à l’issue de cette nouvelle compétition validant leur billet pour Tokyo. La cheffe de file du karaté luxembourgeois a fait honneur à son statut. Malgré une forte adversité : «Ma première adversaire (NDLR : l’Algérienne Widad Draou, battue 5-1) est la championne d’Afrique. La Kényane (NDLR : Rose Wanjiku, dominée 1-0), je ne la connaissais pas. La Chinoise (NDLR : Li Ranran qui perd 3-1) est plusieurs fois médaille aux K1 et a été très bien classée au ranking olympique. La Française Alexandra Recchia (NDLR : qui s’incline 1-0) a été plusieurs fois championne du monde et d’Europe. La Kazakhe (NDLR : Moldir Zhangbyrbay, qui la bat 1-0 en demi-finale) a fait la finale du dernier K1 à Lisbonne et (la Bulgare) Ivet (NDLR : Goranova, qui l’emporte 4-2 en finale de repêchage) a fait troisième aux Monde l’an passé et a remporté les Jeux européens de Minsk», énumère la Luxembourgeoise. D’ailleurs les deux seules à l’avoir battue ont validé, vendredi, leur billet pour le Japon.
Avec le recul, Jenny Warling, forcément déçue, sait qu’elle n’a pas grand-chose à se reprocher : «D’un côté, c’est une déception car il ne me manquait pas beaucoup et que j’étais dans un super jour. Mais de l’autre, j’ai tout donné. Je n’ai rien à me reprocher. Il m’a juste manqué un peu de chance.»
Après une entame plus que prometteuse, on rêvait qu’au moins un de ses trois compatriotes également engagés dans la compétition réussirait à se mettre en évidence. Malheureusement, ça n’a pas du tout été le cas. Première à tenter sa chance, Kimberly Nelting (-61 kg), était opposée d’entrée à la Britannique Natalie Williams, 48e mondiale. Conseillée par son entraîneur Leo Salvatore, tout démarre bien pour l’ancienne championne du monde, qui inscrit le premier point. Mais la Luxembourgeoise va se faire jeter à terre par son adversaire, qui inscrira sur le coup 3 pts. Le dos au mur, Kimberly Nelting doit réagir, tente son va-tout mais prend un nouveau coup. 1-4, cette fois c’est terminé. Il ne lui restait plus qu’à espérer que la Britannique réalise un parcours parfait pour avoir une chance de repêchage. Mais cette dernière s’inclinera deux tours après. C’en était terminé des chances de la combattante de Niederanven : «C’est une immense déception. Une fois que je l’aurais digérée, il sera temps de retourner au travail, d’analyser cette expérience de voir ce qu’il y a à améliorer et de me projeter de toutes mes forces vers les prochains objectifs.»
Neves, sans complexe
Juste après Kimberly Nelting, place à l’unique garçon de la bande. Et Jordan Neves (-75 kg), n’avait pas, sur le papier en tout cas, une partie facile avec pour adversaire le Biélorusse Ivan Korabau, qui pointe à la 22e place mondiale alors que le Luxembourgeois, qui vient de débuter dans cette catégorie (il tirait auparavant en -67 kg), ne figure qu’au 165e rang de ce classement. Sur le tapis, on ne voit pas franchement les presque 150 places qui séparent les deux combattants. Les deux hommes se montrent volontaires, attaquent en même temps mais à deux reprises, les juges estiment que c’est le Biélorusse qui a touché en premier. Jordan Neves, qui n’a jamais renoncé, sera récompensé de ses efforts par un point et s’inclinera honorablement 1-2. Son adversaire va ensuite remporter deux autres combats avant de s’incliner face à un Belge. Fin du rêve olympique pour lui aussi.
Hier, les derniers espoirs reposaient donc sur les solides épaules de Pola Giorgetti. Habituée à évoluer en +68 kg, elle était repositionnée dans la catégorie olympique des +61 kg, qui regroupe à la fois les -68 et +68 kg. Elle pouvait donc tomber sur une fille de sa catégorie habituelle ou sur une beaucoup plus légère. Et donc plus rapide. Hier, elle s’est retrouvée face à la Sénégalaise Amina Dionne, championne d’Afrique 2019 des -68 kg et 31e mondiale. Si cette dernière se porte en tête sur un coup de poing, Pola Giorgetti réplique dans la foulée et égalise à 1-1, score final. Mais c’est la Sénégalaise qui passera ce premier tour à la faveur du senshu (la première à marquer sans opposition). Avant de se faire éliminer à son tour au suivant : «Je suis un peu déçue du résultat. Mon adversaire était très grande, longiligne donc ce n’était pas facile. Mais je me suis sentie bien sur le tatami», commente-t-elle.
Au final, que retenir de ce tournoi? Dans une telle compétition, seul le résultat compte. Et qu’on termine 60e ou 5e ne fait aucune différence. Jenny Warling a démontré, si besoin était qu’elle était une véritable bête de championnats. Qu’elle est capable, peu importe son état physique (elle s’est fait blesser au coude par la Chinoise lors du tournoi) ou psychologique, d’aller chercher des ressources insoupçonnées et qu’elle n’est pas, pour rien, la leader du karaté au Luxembourg. Pour tous, la tâche était très compliquée, mais on pouvait peut-être espérer un peu mieux de certains. Dans un tel tournoi, il faut être à son top sur le plan karaté mais également physique, mental. Et, bien sûr, avoir ce petit brin de réussite qui fait toute la différence. Ça n’a pas voulu sourire. Le constat est implacable : il n’y aura pas de karateka luxembourgeois à Tokyo… à moins que la commission tripartite n’en décide autrement. Tant qu’il y a de la vie…
Romain Haas
Les résultats des Luxembourgeois
Jenny Warling (-55 kg) : bat Widad Draou (Alg) 5-1, bat Rose Wanjiku (Ken) 1-0, bat Li Ranran (Chn) 3-1, bat Alexandra Recchia (Fra) 1-0, perd contre Moldir Zhangbyrbay (Kaz) 0-1 en demi-finale, perd contre Ivet Goranova (Bul) 2-4 en repêchage.
Kimberly Nelting (-61 kg) : perd contre Natalie Williams (Gbr) 1-4. Pas de repêchage.
Pola Giorgetti (+61 kg) : perd contre Amina Dionne (Sen) 1-1. Pas de repêchage.
Jordan Neves (-75 kg) : perd contre Ivan Korabau (Blr) 1-2. Pas de repêchages.