Accueil | Sport national | Justin exporte le Swift à Madagascar

Justin exporte le Swift à Madagascar


Justin fait ses valises. Le père Noël arrivera habillé en rouge. (Photo : mélanie maps)

HORS-STADE Lundi, par avion, six valises de 23 kilos chacune pleines d’affaires du champion 2023 sont partis pour Madagascar avec Justin Randriatsoaray, membre du comité du Swift.

On est en 1975, en France, dans la région toulousaine. Justin Randriatsoaray, 21 ans, débarque de Madagascar pour entamer des études de sept longues années dans la finance, mais refuse de dire adieu à sa passion pour le football. Muret le veut. Montauban le veut. Mais c’est à la JS Cugnaux qu’il pose finalement son bagage technique, qui s’exprime… «pieds nus». «Je n’avais pas de chaussures et je jouais sans, comme sur mon île. Les gens étaient…. disons surpris.»

Et les gens ne pouvaient pas non plus le laisser sans chaussures. Un des sponsors, Carrefour, lui offre une paire de crampons, dessinant aussi du même coup une partie de son avenir professionnel dans la grande distribution, pour laquelle il sera cadre pendant trente ans.

Un demi-siècle plus tard, Justin est monté dans l’avion pour Antananarivo. Hier, il a dû faire enrager tous les voyageurs qui sont passés derrière lui dans la queue, à l’enregistrement de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Comme chaque année, il repartait en effet les bras chargés de cadeaux sortis de la nouvelle usine à rêve du pays, le Swift Hesperange. Le club du président Laroche n’a pas attendu d’être le nouveau champion du pays et la nouvelle référence de la BGL Ligue des années à venir pour être généreux : depuis 2016, une partie de son matériel, à chaque fin de saison, part pour Madagascar.

«600 euros de frais supplémentaires»

Sept ans que ça dure, depuis l’arrivée de Justin au club dans la foulée de son fils, passé deux ans en PH juste après une expérience à Magny et qu’il a poursuivie au Holleschbierg. Près de 150 kilos de crampons, chaussettes, shorts, maillots, ballons… font les 11 h de vol pour atterrir sur les terrains poussiéreux d’une île située au milieu de l’océan Indien, à l’est de la pointe de l’Afrique. «Cette année, cela m’a coûté 600 euros de frais supplémentaires, de ma poche», sourit Justin, qui a dû trancher une question épineuse, ce printemps : convoyer un maximum d’équipements du nouveau champion pour les mettre sur les épaules des footballeurs de son pays en manque de tout, ou privilégier quelque chose d’a priori plus essentiel. «Je devais aussi ramener des ordinateurs qui m’avaient été offerts par des banques au Luxembourg, sachant qu’on est là-bas très en retard en informatique. Mais déjà, je n’avais pas encore reçu les autorisations de la douane et en plus, ils sont si lourds… J’aurais dû enlever du matériel de foot. Or, je privilégierai toujours le foot.»

Brousse, Intermarché et fête des mères

8 667 kilomètres plus au sud du monde, l’équipe dames de Fiananarantsoa, le club d’Agessaia, mais aussi les petits villages de Sotanana et Mandramdanga («les clubs de ma brousse natale») jouent tous depuis des années leurs matches aux couleurs du Swift Hesperange. Qui pourvoira notamment à la pauvreté des passionnés de ballon rond de l’île à hauteur de trois jeux de maillots, cette année. Les premiers estampillés champion du Grand-Duché. «Mais il est important que je ramène aussi des chaussures», précise Randriatsoaray. «Cette fois, j’en ramène une dizaine! Dont trois paires neuves qui m’ont été offertes par Luc Duville, notre entraîneur des gardiens. Cela va rendre les gens heureux : en province, loin de la capitale, ils n’ont rien!» Pas plus que lui en arrivant à Toulouse, quoi.

Fut un temps pas si lointain où la capitale, non plus, n’avait pas grand-chose. À ses débuts dans l’«humanitaire footballistique», Justin a même alimenté… la sélection nationale. Qui depuis a enfin trouvé des sources de revenus. Mais pour qui il avait acheté, dès 2004, alors qu’il dirigeait l’Intermarché de Fameck, des survêtements et même des ballons («à l’époque, rendez-vous compte qu’ils n’en avaient que six pour toute l’équipe!»). Pour qui il a aussi organisé pas mal de choses sur le territoire grand-ducal. Un duel avec les Roud Léiwen en juin 2019 (3-3) et un amical avec… le Swift, en 2021, quand Hakim Abdallah servait lui aussi de passerelle entre son club et les Barea.

Justin n’est donc pas prêt d’arrêter de colorer l’île en rouge. Désormais, le jour de la fête des mères, il organise même un tournoi avec une dotation en forme de trésor à l’échelle de son pays : des ballons de football, ceux utilisés en BGL Ligue «et qui m’ont été donnés par monsieur Laroche, que je ne remercierai jamais assez». Madagascar, rouge Swift de plaisir.

Un commentaire

  1. Zo Harinjaka Andrianarivelo

    Je voudrais bien que vous nous aider à monter une équipe de jeunes à Moramanga.
    Votre initiative est très apprécié.
    Merci d’aider nos jeune