Étoile de Bessèges, Bob Jungels a débloqué le compteur de l’équipe Trek en écrasant le contre-la-montre final de 12 km. Il remporte non seulement l’étape, mais décroche en même temps la première place au classement général final. Du grand art !
Position parfaite sur le vélo, regard décidé et toute langue dehors, Bob Jungels a réalisé une véritable démonstration sur ce contre-la-montre décisif. (Photo : AFP)
> Cela fait un peu plus d’une heure que vous avez gagné. Quel est votre sentiment ?
Bob Jungels : Je suis super content. Je pense que c’est une belle victoire, non seulement pour moi, mais également pour toute l’équipe. Comme il y a deux ans, je débloque le compteur pour elle. Tous les gars ont été formidables pendant toute la semaine et ils ont tous très bien marché dans le chrono aujourd’hui (NDLR : hier). On finit avec la victoire d’étape et le classement général final, c’est vraiment parfait !
> Vous aviez 30 secondes de retard avant de vous élancer. Craigniez-vous quelqu’un en particulier ?
Pour moi, c’est le corps qui décide. S’il est en forme, je sais que j’ai les jambes et je ne ressens aucune nervosité. Là, tout s’est parfaitement déroulé. J’étais super calme, j’ai fait tout mon échauffement et ma reconnaissance sans le moindre stress. Bien sûr, je savais que trente secondes, c’était beaucoup, mais je suis également conscient de mes qualités.
> Et vous avez tout de suite senti que les jambes répondaient ?
Oh oui. Après deux minutes. J’avais le compteur et le SRM, j’ai fait une moyenne de 465 watts. Je savais que je serais dur à battre.
> Quand vous passez la ligne, vous savez que vous avez gagné ?
On ne sait jamais jusqu’au passage du dernier concurrent. Je savais que Riccardo Zoidl était super fort en chrono et que je l’avais battu d’une vingtaine de secondes. Je me doutais que j’étais dans les deux ou trois premiers de l’étapes. Mais pour être sûr de remporter le classement général, c’était une véritable torture. J’ai dû patienter une bonne vingtaine de minutes. Mais ça en valait la peine !
> À partir de quand avez-vous commencé à croire en la victoire finale ?
Seulement après l’étape de samedi. Elle était vraiment très nerveuse avec beaucoup de vent et une arrivée en légère montée. Ce n’était pas facile, mais tout s’est bien passé. Et j’ai vraiment tenu à remercier les gars pour le boulot immense qu’ils ont accompli. Après, c’était à moi de jouer !
> Vous avez pris la neuvième place de cette avant-dernière étape et même la troisième en début de course ?
Oui. On voulait faire le sprint pour Giacomo Nizzolo, mais il y a eu une chute dans les derniers kilomètres. Le gars devant moi a chuté, j’ai réussi à l’éviter et j’étais bien placé pour faire le sprint, alors j’y suis allé. Mais je m’étais déjà pas mal investi avant et je n’ai pu prendre que la troisième place.
> Avant le départ de la course, vous nous aviez confié que vous redoutiez un peu la nervosité, les chutes et le vent. Tout s’est bien passé sur ce plan ?
Absolument. C’est pour cela que je tiens encore une fois à rendre hommage à mes coéquipiers. J’ai toujours été très bien protégé. On a tous travaillé ensemble pour la réussite de l’équipe. J’ai pu économiser beaucoup d’énergie grâce à leur job. Et au final, la récompense est là. Et elle est belle.
> On sent que le costume de leader vous sied plutôt pas mal ?
Oui. J’avais déjà été protégé sur le Tour de Luxembourg ma première année. Là, au départ de la course, je faisais partie d’une des différentes cartes qu’on pouvait jouer. Et finalement c’était moi le meilleur au classement général. En tout cas, c’est vrai que j’aime cette pression du résultat. Être leader et avoir des gars qui travaillent pour toi, j’apprécie cette sensation.
> C’est votre plus belle victoire ?
C’est dur à dire. Comme pour le GP Nobili en 2013, c’était la première victoire de l’année pour l’équipe, ce qui est toujours quelque chose d’important. Là, c’est la première fois que je gagne une course par étapes. C’est vrai que c’est pas mal comme début de saison.
> Ça valide votre bonne préparation ?
J’ai bien travaillé cet hiver et on voit que cela paie. J’ai passé beaucoup de temps en Espagne, effectué beaucoup d’heures sur le vélo. On sait que ça paiera tôt ou tard et c’est ce qui s’est passé. En tout cas, jusqu’à présent, j’ai le sentiment d’avoir fait les bons choix tant au niveau du vélo que de ma vie. Je n’ai aucun regret. Je trouve que la direction dans laquelle je me dirige est la bonne. Et j’espère pouvoir encore progresser.
> Prochaine course, la Ruta del Sol. On peut vous retrouver à pareille fête ?
Non. C’est une course complètement différente avec deux arrivées en montée avec des pentes à 25 %. Et puis, il y aura des gars comme Froome, Contador, Valverde ou Quintana. Ce sera d’un autre niveau.
> Votre victoire peut-elle changer quelque chose en vue de Paris-Nice, qui débute dans un mois ?
Il faudra voir comment je me comporterai sur la Ruta del Sol. En tout cas, j’ai déjà une victoire dans la poche, ça m’enlève forcément un peu de pression. Mais l’objectif, c’est d’avoir une bonne équipe sur Paris-Nice et que ce soit un coureur de Trek qui décroche un bon résultat. Peu importe lequel.
Entretien avec notre journaliste Romain Haas
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