Bob Jungels a fait part de son impatience de s’élancer en 2021 sous ses nouvelles couleurs d’AG2R-Citroën.
Le rendez-vous était pris en visioconférence et mardi, à 14 heures, Bob Jungels est apparu et n’a pas caché qu’il avait hâte d’oublier sa saison passée. « Cela a commencé avec le premier confinement. Je pense que j’étais en train d’améliorer ma forme sur Paris-Nice. Puis, toutes les courses ont été reportées alors que j’avais fait du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix des objectifs. C’était le début d’une phase compliquée pour moi. J’ai beaucoup travaillé et pour la reprise, je n’ai pas réussi à faire les résultats que j’aurais voulu. Ensuite, il y a eu cette décision très émotionnelle de quitter Quick-Step. Je laisse l’année 2020 derrière moi et me voici avec AG2R-Citroën pour une nouvelle motivation », glisse-t-il, heureux de pouvoir passer à autre chose et de cette saison à venir.
Pouvez-vous faire un point sur votre état de forme à quelques semaines de la reprise de la saison ?
Je pense que ma forme est plutôt bonne, j’ai passé un bon hiver. C’était un peu spécial sans la possibilité de faire un stage en décembre. Mais j’ai passé quelques jours à Majorque avant Noël. Et je suis venu ici à Dénia un peu avant l’équipe, je me sens vraiment bien. Et je suis content du nouveau matériel. Là, je vais partir en stage d’altitude début février pour deux semaines avant de commencer ma saison à la Ruta del Sol. Je suis très content de mon état de forme. On va encore bosser un peu sur les détails en Sierra Nevada. On sera prêt pour partir après…
Quelle sera la suite de votre programme ?
Après le stage d’altitude, je fais donc ma reprise sur la Ruta del Sol (17-21 février), puis ensuite, j’ai une option sur la Drôme Classic (27 février) ou l’Ardèche Classic (28 février) avant d’aborder le premier but de la saison qui sera Paris-Nice (7-14 mars). J’aimerais y faire un bon classement. Je vais voir si j’ai besoin de faire ces courses-là ou si je peux me contenter de l’entraînement. Ensuite, je disputerai le Tour de Catalogne (22-28 mars) puis les quatre classiques ardennaises, la Flèche Brabançonne (14 avril), l’Amstel Gold Race (18 avril), la Flèche Wallonne (21 avril) et Liège-Bastogne-Liège (25 avril). Voilà pour la première partie. Ensuite, il y aura certainement encore un stage en altitude, avant un Tour de Suisse (6-13 juin) ou un Dauphiné (30 mai-6 juin), c’est à voir, puis les championnats nationaux (18 et 20 juin) et le Tour de France (26 juin-18 juillet). C’est le plan prévu, ensuite nous verrons.
Est-ce plus difficile de s’intégrer lorsque, faute de stage en décembre à cause de la crise sanitaire, vous n’arrivez, comme ici, dans votre nouvelle équipe que pour ce stage de janvier ?
Je ne dirais pas que c’est plus difficile. L’équipe a fait un gros travail pour nous donner la possibilité de bien travailler sur le vélo. J’ai pu faire connaissance avec tout le monde, ce qui est important. Ce sont des temps compliqués. Tout le monde a fait du mieux possible pour créer une bonne cohésion.
Je dois dire qu’en ce moment, je ne fais pas partie des meilleurs grimpeurs du monde et pour jouer le classement général dans un Grand Tour, il le faut
Avez-vous décidé de la place que pourraient avoir les Jeux olympiques dans ce programme ?
Les Jeux olympiques, je les ai notés sur mon calendrier. Je crois que nous n’avons pas marqué assez de points pour le chrono, nous n’avons pas de place. Mais la course en ligne peut me convenir si je sors en bonne forme du Tour de France.
Le CIO laisse planer le doute quant au fait que les coureurs devraient arriver à Tokyo deux semaines avant les épreuves. Si c’était le cas, quel serait votre choix ?
C’est une bonne question, mais je pense que non. On est payé par notre équipe et la priorité, ce sont les courses qu’on dispute avec notre équipe. Il faudrait en discuter mais pour avoir les meilleurs coureurs du monde aux JO, ils doivent trouver une autre solution.
On sait que vous êtes à l’aise sur tous les terrains. Mais cette année, il apparaît que vous n’allez pas disputer les courses de pavés…
D’un côté, il y a mes ambitions personnelles et de l’autre, les ambitions de l’équipe. Et sur les pavés, l’équipe, qui a beaucoup recruté pour les Flandriennes, dispose d’un bon groupe. Je l’ai dit à l’équipe, s’ils ont besoin d’un coureur pour le Tour des Flandres, je suis volontaire, mais on a pris cette décision pour partager les rôles. Pour moi, la priorité, ce sont les courses par étapes et les Ardennaises. Je veux travailler là-dessus avec les chronos.
Vous songez toujours aux Grands Tours ?
Un Grand Tour est toujours dans mon esprit. J’aime la façon de les préparer, de travailler pour ça. Mais je dois dire qu’en ce moment, je ne fais pas partie des meilleurs grimpeurs du monde et pour jouer le classement général dans un Grand Tour, il le faut. Donc, pour le moment, ce n’est pas vraiment dans les plans, mais il est toujours possible de se concentrer sur la première semaine, viser pourquoi pas un maillot et voir ensuite ce qui se passera. Faire un bon chrono et voir. Pour l’heure, je suis davantage concentré sur les étapes. Je vais déjà voir ce que je peux faire dans un Tour de Suisse ou un Dauphiné, par exemple.
Pourriez-vous retourner, comme l’an passé, vers les classiques flandriennes ?
C’est toujours sympa de savoir qu’on a la capacité de le faire. Je sais que j’ai déjà performé sur les Flandriennes, mais la combinaison avec les Ardennaises est plus logique si l’on vise des courses par étapes. En 2019, j’ai commis des erreurs en voulant trop en faire. Les Flandriennes plus le Giro, c’était trop. C’est mieux d’avoir un programme solide, mais pas trop non plus. À l’avenir, je voudrais à nouveau goûter au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix. Après le Tour de Catalogne, je serai disponible si l’équipe a besoin de moi, mais…
On serait tous contents d’avoir une saison normale. Maintenant, est-ce réaliste ? La situation est très compliquée pour les coureurs et les équipes
En 2021, vous chercherez à reprendre votre maillot de champion national ?
Cela m’a fait bizarre après sept ou huit ans de perdre ce maillot, mais je l’ai dit plusieurs fois, j’ai trouvé que ce championnat était l’une des courses les plus dures de la saison 2020. Kevin (Geniets) était l’un des plus forts et il a gagné en costaud, à la pédale. Je n’avais aucun regret. Ce serait pas mal de reprendre ce maillot…
Que pensez-vous de la situation sanitaire actuelle ?
C’est très étrange et comparable au premier lockdown. Tout le monde se prépare comme si la saison allait redémarrer normalement et c’est ce que tout le monde souhaite. Maintenant, j’ai un plan B au cas où ce ne serait pas le cas, en restant plus longtemps en altitude en Sierre Nevada. On serait tous contents d’avoir une saison normale. Maintenant, est-ce réaliste ? La situation est très compliquée pour les coureurs et les équipes.
Vincent Lavenu, le patron de l’équipe AG2R-Citroën, ne cache pas qu’il rêve de faire venir Julian Alaphilippe en 2022. Êtes-vous le meilleur atout pour ça ?
C’est l’un de mes meilleurs copains, je serais très content. Mais j’imagine qu’il n’y a pas une seule équipe qui n’aimerait pas signer avec Julian. Quand j’ai signé ici, c’était pour devenir leader et avec Julian, on a déjà de belles expériences ensemble. Pour moi, il n’y aurait évidemment pas de problème.
Vous venez de l’équipe Quick-Step et vous aviez débuté chez Trek. Qu’est-ce qu’il y a de différent dans une équipe française ?
J’essaie de me débrouiller avec la langue française ( il sourit ), c’est une équipe que je découvre. Ce que j’apprécie, c’est que c’est une équipe qui est à l’écoute et je vois une volonté d’améliorer encore les choses. Je me sens très à l’aise ici.
Vincent Lavenu et Patrick Lefevere ont-ils des points communs ?
Je ne connais pas Vincent depuis longtemps, mais je le vois comme une personne très agréable. Il sait ce qu’il veut, il est depuis longtemps dans ce métier, 28 ans, et là je vois un parallèle avec Patrick Lefevere, avec qui j’avais une très bonne relation. Il était très direct, disait toujours ce qu’il pensait et ce qu’il attendait de nous. Je trouve que Vincent fonctionne de la même façon.
Entretien avec Denis Bastien