Noah Trapp, en lice aujourd’hui, sera le seul représentant luxembourgeois à l’événement. Son premier grand championnat.
Il a 17 ans «bientôt 18», dont déjà 11 de judo derrière lui. «J’ai commencé à 6 ans après avoir essayé le tennis ou le foot mais ça ne m’a pas plu. Le judo, j’ai tout de suite accroché. J’aime le contact avec les adversaires.» Lui, c’est Noah Trapp, le seul combattant luxembourgeois à être aligné sur ces championnats d’Europe U21 à domicile, à la Coque. Petit, le garçon était petit et maigrichon. Si bien qu’il s’était pris d’admiration pour Naohisa Takato, un judoka japonais : «Vers l’âge de 10-12 ans, j’ai su que je voulais faire du judo sérieusement. Je rêvais d’être champion olympique. Quand j’ai vu Takato, j’ai pu m’identifier à lui car il était le plus petit de sa catégorie.» Le combattant nippon est d’ailleurs devenu champion olympique à Tokyo, cet été, dans la catégorie des -60 kg, celle-là même de Noah Trapp.
Fan du style japonais, le jeune Luxembourgeois apprécie également un autre judoka : Joshiro Maruyama, champion du monde des moins de 66 kg. Depuis toujours au Cercle Judo d’Esch, sous la houlette de l’ancien entraîneur national Frédéric Georgery, Noah Trapp, né d’un père français et d’une mère luxembourgeoise, a bien grandi… pour sa catégorie : «Je mesure 1,70 m si bien que je suis parmi les grands de ma catégorie. La plupart des adversaires font 1,55 m voire 1,60 m. C’est une bonne chose car j’ai de longs segments et je m’en sers beaucoup», confie cet adepte du ne waza, le travail au sol.
L’air de rien, ces championnats d’Europe seront ses tout premiers : «L’année dernière, je devais faire les championnats d’Europe et du monde mais ils ont été annulés. Du coup, je vais faire mes débuts en grand championnat au Luxembourg», se réjouit le garçon, qui n’est que première année juniors : «Je n’ai aucune pression.» D’autant plus que ses deux seules compétitions internationales de l’année ne se sont pas bien passées : «À Coimbra, je tombe contre un Azerbaïdjanais très fort et je perds après un bon combat. Et à Prague je suis face à un Bulgare qui est moins fort que moi mais qui a réussi à me faire perdre patience alors que d’habitude c’est moi qui fais ça.»
Pas de pression mais de l’ambition
L’absence de pression ne signifie pas pour autant un manque d’ambition. Bien au contraire : «C’est vrai que je suis junior première année et que je n’ai rien à perdre mais je suis assez confiant. J’ai envie de me battre. Et j’aimerais vraiment avoir une médaille même si je sais que ce sera très difficile. Mais je vais tout donner.»
Qui sera son adversaire? Il ne veut pas le savoir. En tout cas, pas avant le jour J : «Je ne veux pas connaître mon tirage la veille, sinon je ne dors pas, je me fais le combat dans la tête pendant toute la nuit.» Mais comme il n’a aucun point, il est conscient qu’il peut tomber tout de suite contre un très gros morceau. Et avec pas moins de 29 combattants inscrits, le chemin vers une éventuelle médaille est long. Très long : «Il faudrait gagner au moins cinq combats.» Le tirage au sort, effectué hier en fin d’après-midi, lui a réservé une mauvaise surprise. En effet, il affronte d’abord le Tchèque Antonin Dvoracek, qui a terminé 2e en Croatie et 5e à Prague. Et si, par bonheur, il déjouait les pronostics, il devrait tout simplement affronter le Turc Salih Yildiz, qui n’est autre que le n° 1 mondial. Vous avez dit défi…
Mais avant de pouvoir se présenter sur le tapis, ce matin, il a d’abord dû entrer dans la bulle sanitaire réservée aux athlètes : «On est à l’hôtel Novotel à côté de la Coque et on a seulement le droit d’en sortir pour aller à l’entraînement.» Mais heureusement pour lui, il peut compter sur un soutien de choix. En effet, son petit frère Lucas est dans la même chambre : «Il peut être présent car il est mon partenaire d’entraînement officiel. C’est une chance de l’avoir avec moi. Je me sens plus fort avec lui.» Une présence d’autant plus importante sur le plan psychologique que cette compétition se déroulera malheureusement à huis clos : «Mes parents ne pourront pas venir», regrette-t-il.
Rendez-vous est donc pris aujourd’hui à partir de 10 h. Avec un plan en tête : «Mon point fort, c’est le cardio. J’aime faire durer les combats, installer le combat, ne pas être directement agressif. Généralement ça me réussit.»
Événement historique, organisation dantesque
Si Noah Trapp sera le seul Luxembourgeois présent, ils seront pas moins de 365 compétiteurs venus de 43 nations à fouler les tapis de la Coque. D’abord, pour les compétitions individuelles, d’aujourd’hui à samedi, puis aux championnats d’Europe par équipe mixte, dimanche, où 11 pays lutteront pour le titre. Évidemment, on ne met pas tout cela en place en cinq minutes, comme l’explique Tom Schmit, l’un des organisateurs : «Le Luxembourg a organisé un championnat d’Europe mais c’était il y a quarante ou cinquante ans. Ça n’a rien à voir avec l’ampleur de l’événement maintenant. Il y a tellement de nations, tellement d’exigences de l’Union européenne de judo. Il y a quatre personnes qui travaillent dessus depuis de très longs mois et depuis deux mois, c’est à plein temps. Il y a eu énormément de réunions de coordination avec la Ville, la Coque, l’UEJ, l’Interreg Judo. Et, bien sûr, en raison de la pandémie, beaucoup d’entrevues avec le ministère de la Santé, des Sports, avec des protocoles qui sont en permanence adaptés, ce qui représente un très gros défi.» Il tient également à souligner le soutien d’Optin : «Qui nous a beaucoup aidés.» Le Luxembourg est donc prêt à accueillir un total d’environ 800 personnes dans le plus strict respect des conditions sanitaires avec bulle sanitaire, interdiction de sortir de l’hôtel sauf pour aller à la Coque et tests antigéniques tous les jours. Vous avez dit casse-tête organisationnel…
Même si l’événement est à huis clos, il est possible de le suivre en streaming sur le site des championnats (www.flam.lu/U21ec) et sur ippon.tv.
Romain Haas