Le pongiste vétéran est ravi d’avoir encore une fois l’occasion de défendre les couleurs grand-ducales, lors des Jeux des petits Etats d’Europe (JPEE) qui se déroulent actuellement à Saint-Marin.
Traian Ciociu est un phénomène. À bientôt 55 ans – il les fêtera cet été –, il participe à ses septièmes JPEE : « J’ai raté Andorre et Monaco », explique celui qui a débarqué au Luxembourg en 1990. Et qui y est resté depuis : « J’ai attendu onze ans pour représenter le Luxembourg. Quelques mois avant Saint-Marin, j’avais joué les championnats du monde» , se remémore-t-il. « J’ai commencé à 39 ans, plutôt un âge où les gens arrêtent, normalement », constate-t-il.
Pour lui, les JPEE sont une compétition très importante. D’ailleurs, ses premiers, ici-même, restent comme son meilleur souvenir : « J’étais au top de ma forme. Je remporte trois médailles d’or et je gagne mes 22 matches », évoque-t-il, non sans émotion.
«Un sentiment très fort de représenter son pays»
Il compare volontiers les JPEE aux JO : « C’est un sentiment très fort que celui de représenter son pays. Comme aux JO, il y a le drapeau, les hymnes, la cérémonie d’ouverture. Ça te fait sentir que tu fais partie de la grande famille du sport luxembourgeois. En plus, on a l’opportunité d’apporter des points et des médailles à son pays. De rencontrer le staff médical, technique ainsi que des sportifs d’autres pays. Il y a une ambiance spéciale aux JPEE. »
Traian Ciociu n’est pas peu fier de son parcours : « J’étais 121 e mondial à 41 ans. Et je joue encore alors que j’ai 54 ans. Je suis ici à Saint-Marin et on a la chance d’avoir les championnats d’Europe par équipes à la maison. Je suis content de faire partie de cette équipe. On va parler du ping!»
L’Epternacien d’adoption (« J’y habite depuis 25 ans» ) a toujours régi sa vie par rapport au tennis de table. Et sa passion du jeu ne l’a jamais quitté. C’est ce qui explique qu’il est bien là. Ravi d’avoir encore l’occasion de défendre les couleurs tricolores. Seize ans après, il assure : « Jamais je n’aurais pensé que je serai encore là si longtemps après.»
Définitivement, les JPEE de 2001 ont marqué le joueur qu’il est devenu : « En finale du simple, il y avait le Grand-Duc Henri dans les tribunes. C’était quelque chose de très particulier. J’étais mené 14-16 et Linus, l’entraîneur national, m’a dit : « Traian, gagne moi cette putain de médaille d’or! » Résultat, j’ai gagné 21-17 et je gagne l’or, alors que je n’étais pas favori. C’était exceptionnel!»
Le ping, c’est bien sûr de la technique. Mais pas seulement. Et cela, Traian Ciociu l’a bien compris. Ce n’est pas pour rien qu’il est toujours au top sur le plan national : « J’ai atteint la finale du championnat contre un gamin de 18 ans (NDLR : Luka Mladenovic). Je perds 4-0 en ayant une chance de gagner chaque set. Cela montre qu’il faut toujours jouer à fond. Le ping, c’est du physique, du mental, de l’envie de jouer et d’apprendre.»
Traian Ciociu a traversé les époques, avec sa raquette. Animé par la passion. Et l’envie de s’améliorer en permanence : « J’ai voulu m’adapter aux règles, aux nouvelles techniques.»
«Tant que le corps et la tête vont bien…»
Et alors que certains pensent à la retraite, l’éducateur n’est pas du tout dans cet état d’esprit : « Tant que le corps et la tête vont bien, je continue. J’ai très envie de participer aux championnats d’Europe, c’est une opportunité énorme. Nous avons un bon groupe de cinq joueurs et j’ai la chance d’en faire partie. »
Traian Ciociu, qui est également passé par des périodes de vaches maigres, des moments de doute à cause de blessure, a réussi à surmonter toutes ces difficultés pour retrouver l’intégralité de ses moyens. Désormais, il ne se fixe plus aucune limite : « Tant que je peux, je continue .» Venu à Saint-Marin avec l’ambition de gagner des médailles, il ne repartira pas bredouille de ses septièmes JPEE. En effet, hier soir, il a décroché l’argent dans la compétition par équipes, face à Monaco. Et il sera sur le pont et motivé comme un gamin lors des trois prochains jours. Pour faire grossir encore un peu plus sa collection. Et continuer d’apprendre un maximum de ce jeu qu’il apprécie par-dessus tout.
Et qui sait si, dans deux ans, du côté du Monténégro, on n’aura pas l’occasion d’admirer quelques-uns de ses coups de gaucher.
Romain Haas