Jonathan Joubert, bientôt 42 ans et bloqué au Swift il y a deux semaines, dispute jeudi, à Dublin, le 64e match européen de son immense carrière. Pour qualifier le F91 ?
Transféré un peu en dernière minute au F91, le club dans lequel il a tout gagné en ce début de siècle, le joueur le plus capé de l’histoire de la BGL Ligue (529 rencontres) n’a eu que quelques jours pour se (re)mettre dans le bain et être aligné en Challenge League contre les Bohemians. Avant d’aller jouer le retour en Irlande, le joueur de 41 ans nous a confirmé ce que l’on savait déjà : la retraite, très peu pour lui. Il en est même très loin.
Comment ce retour au F91 s’est-il passé? Quelle est l’histoire?
Jonathan Joubert : Quelle est l’histoire… (Il réfléchit) Comment dire ça? Eh bien disons le comme ça : suite au moment où le coach (NDLR : Vincent Hognon) m’a dit que pour l’Europe, je ne partirais pas jouer d’entrée, j’ai immédiatement demandé à partir. Je n’avais encore aucun club dans le viseur mais j’ai entendu dire que Tim Kips pourrait quitter Dudelange et c’est comme ça que moi, j’ai lancé les premiers contacts, pour voir s’ils pourraient être intéressés.
Après, il a fallu attendre que cela évolue pour Tim, mais dès que c’était fait, j’ai entamé les discussions pour être libéré parce que j’aurais pu rester tranquille, m’asseoir sur le banc, mais je n’ai pas envie. Le coach, ça ne le dérangeait pas, j’avais vite compris dans son discours que c’était mort. Cela a été un peu plus long avec Sofian (Benzouien), qui devait aller voir Flavio (Becca), mais tout est bien qui finit bien.
Vincent Hognon, avant le match contre Domzale, avait parlé d’un « grand respect » pour votre carrière. Cela ne sentait déjà pas très bon, non?
Il me semble qu’il m’a dit qu’il ne comptait pas sur moi pour l’Europe juste avant cette interview… Ou non, non c’était après. Mais effectivement, ce n’était pas très bon signe de parler du passé. Cela ne m’avait fait ni chaud ni froid parce que moi, je pense au présent et au futur. Surtout quand on sort d’une saison comme celle que j’ai faite avec le Swift : je ne vois pas pourquoi je m’arrêterais ni même pourquoi j’irais m’asseoir sur le banc.
Je comprends qu’un coach veuille lancer des jeunes. Mais je ne me voyais pas finir comme ça
N’avez-vous pas l’impression d’avoir été, comme en sélection nationale, rattrapé plus par le besoin de vos coaches de ne pas insulter l’avenir et même de commencer à le préparer que par votre âge et vos performances?
Oui, vous pouvez le dire comme ça. Après, je peux comprendre qu’un coach veuille lancer des plus jeunes et même, je le respecte. Mais je ne me voyais pas finir comme ça. Et puis je pensais que le Swift aurait besoin de Luxembourgeois sur le terrain, mais ce ne sont plus mes affaires… En tout cas, si je n’avais plus été performant ou que j’avais eu mal partout, passer n° 2 aurait été plus facile à accepter. Mais là, je ne vois pas pourquoi je m’en contenterais.
Il y a un an, à votre départ du F91 pour le Swift, vous aviez dit vouloir jouer « encore un ou deux ans ». Où en est-on?
(Il rit) Oh on va dire qu’on repart sur la même phrase. Encore un ou deux ans. Sachant que j’ai signé deux ans au F91, dans mon club, dans ma ville.
Et avec quels objectifs sportifs pour un athlète qui, entre ses treize titres de champion et ses huit Coupes en a gagné plus qu’aucun autre dans l’histoire?
La saison passée, personne ne les attendait et ils ont joué le titre jusqu’au bout. Mais cette saison, avec un Hadji, avec un Sinani, ils sont sans doute encore un peu plus forts. Je suis un gagnant, j’y vais pour remporter encore des titres. Ils n’ont pas eu besoin de me vendre un projet comme ça, d’ailleurs, c’est plutôt moi qui me suis vendu à eux!
En attendant, vous avez encore un gros match européen à jouer contre les Bohemians. Vos chances de qualification, jeudi?
Il y avait de la frustration après l’aller, parce qu’ils ont marqué sur leur temps fort, quand on n’était pas assez agressifs. Mais on a passé toute la deuxième mi-temps dans leur camp. On a juste manqué de précision à la finition. Il faudra y aller avec de l’ambition. D’entrée, ils vont tenter de nous imposer leur tempo. Il faudra être présent pour répondre au combat physique, mais on peut le faire!
Entretien avec Julien Mollereau