Elle n’a que seize ans et a été retenue pour les prochains JO de Pékin. À la découverte du prodige Gwyneth ten Raa.
Mercredi, le COSL a communiqué la liste de ses représentants pour les JO d’hiver de Pékin, qui débutent dans deux semaines. On retrouve ainsi Matthieu Osch, qui était déjà présent à Pyeongchang il y a quatre ans, et… Gwyneth ten Raa. Si, en début de saison, sa présence en Chine n’était pas franchement à l’ordre du jour, la jeune fille a su s’imposer par son talent. Et ses performances.
Mais qui est donc Gwyneth ten Raa ? Née d’un père néerlandais et d’une mère luxembourgeoise, rien ne semblait la prédestiner à une carrière sur les spatules. En effet, les Pays-Bas comme le Grand-Duché ne sont pas spécialement réputés pour leurs sommets enneigés. Pour elle, tout a commencé à Gerlos, une station autrichienne, où la famille, installée près de Wiltz, passait ses vacances : «Elle est partie très vite sur les deux skis», se remémore Roger, le papa. «Je devais avoir trois ans», évoque la jeune fille. Dès lors, tout s’enchaîne : premières courses dès l’âge de neuf ans, des vacances et des week-ends consacrés à l’entraînement, notamment en Suisse, et les premiers résultats : «Dès ses premières courses, elle a pris la 3e place en géant. On a alors acheté plus de matériel, ça a commencé comme cela.» L’histoire se poursuit en Suisse, où la jeune Gwyneth fait forte impression : «Elle avait 14 ans et terminait pratiquement toujours sur le podium. Un coach suisse lui a proposé de rejoindre le cadre national jeunes.»
Voilà donc Gwyneth qui s’installe en Suisse, l’une des Mecques du ski alpin mondial. La Luxembourgeoise poursuit sa progression et s’impose tout simplement comme l’une des meilleures U16 de la Confédération helvétique, ce qui n’est pas peu dire. Malheureusement, le règlement suisse ne lui permet pas d’aller au-delà des 16 ans au sein du cadre national suisse. Ne disposant pas de la nationalité, elle doit se trouver un autre point de chute. Ce sera en Italie, du côté de Soraga, dans les Dolomites. Elle fait en effet désormais partie de l’ISRA (International Ski Racing Academy), une structure qui compte notamment dans ses rangs la prodige néo-zélandaise Alice Robinson, vainqueur de plusieurs manches de Coupe du monde : «Après la Suisse, il fallait trouver une solution. ISRA compte moins d’une dizaine d’athlètes, cinq entraîneurs. On a discuté avec Gwyneth et on a convenu que c’était la meilleure solution pour aller vers les sommets.»
Et d’entrée, ça se passe bien. Alignée pour la première fois sur des courses FIS, dans lesquelles on retrouve des adultes, Gwyneth ten Raa doit commencer tout en bas de l’échelle : «Quand on débute, on compte 999 pts», rappelle son père. Et en ski, moins on a de points, mieux c’est. Pour sa première apparition dans une telle compétition, à l’occasion du slalom du Trofeo Livigno, elle parvient à se hisser en seconde manche (réservée aux 30 meilleures) alors qu’elle partait 75e sur 79. Elle prendra finalement la 23e place. Un résultat qui tapera dans l’œil du COSL : «Ils sont venus me dire que si je continuais comme cela, j’avais une chance d’aller aux JO», confie-t-elle.
Je veux être une des meilleures
Voilà qui n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Gwyneth ten Raa, qui fait ses études par correspondance à Bastogne, où elle a effectué toute sa scolarité pour se concentrer sur son sport, multiplie les performances du même acabit, se classant plusieurs fois dans le Top 20 de ces courses FIS. On la retrouve ainsi 17e du slalom du Mont Cermis le 13 décembre et 16e du géant de Kronplatz, il y a une semaine. Des courses qui lui permettent de passer sous les 60 pts FIS, la norme demandée par le COSL pour se qualifier pour les JO : «La FIS demande moins de 160 pts mais, dans un souci de performance, on a placé la barre à 60», indique Heinz Thews, le directeur technique du COSL et chef de mission à Pékin. En consultant son bilan de la saison, elle passe quatre fois sous les 60 pts, réalisant largement la norme demandée. C’est donc sans surprise que sa présence à Pékin a été officialisée mercredi.
Les JO. Le Graal absolu : «Je suis bien sûr très contente d’y aller, en plus à 16 ans, qui est l’âge minimum autorisé. Les Jeux, c’est un rêve», reconnaît-elle. Et d’ajouter : «Je n’ai rien à perdre.» Mais ce n’est qu’une étape. Et Gwyneth ten Raa regarde déjà bien plus loin : «Cette année, je vais essayer de participer à des Coupes d’Europe. Et d’ici deux ou trois ans, je voudrais m’aligner sur des World Cups.» Et cette fan de Mikaela Shiffrin et Wendy Holdener – elle a rencontré les deux sur le Glacier de Saas-Fee, n’a pas osé prendre une photo avec la première et a pris le télésiège et échangé quelques mots avec la seconde – ne compte pas s’arrêter là : «Je veux être une des meilleures du monde et gagner des Coupes du monde.»
Compétitrice hors pair, Gwyneth ten Raa est plutôt du genre à ne pas tenir en place : «J’ai pratiqué le foot, le tennis, l’équitation, la natation, la gymnastique. J’ai besoin de bouger !» Visiblement, c’est de famille. En effet, sa grande sœur Joyce fait également du ski à haut niveau. Mais avant d’envisager de les retrouver toutes les deux, dans quatre ans à Cortina, pour les prochains JO, Gwyneth est prête à faire des grands débuts sur la scène olympique. Rendez-vous le lundi 7 février pour le géant!