À la suite de sa très lourde chute dans l’épreuve individuelle, Bob Haller n’a pas été autorisé à prendre part au relais mixte, samedi. Il revient sur ce qu’il s’est passé.
Comment allez-vous?
Bob Haller : Ça va. Ce matin en me levant, j’ai quelques courbatures mais c’est normal. Mais je n’ai pas mal. J’ai des plaies au bras, à l’épaule, tout le côté droit est bien râpé. C’est surtout le haut du corps qui est atteint en revanche, les jambes sont super. Maintenant, il y avait un truc qui inquiétait le médecin, qui devait encore étudier de près tous les examens effectués à l’hôpital.
Après étude, il s’avère que je ne peux pas prendre le départ du relais mixte. Forcément ça fait mal, mais je me range à l’avis médical. Apparemment, je dois faire du sport de manière beaucoup plus légère pendant une dizaine de jours et le problème devrait disparaître de lui-même. Je n’ai pas envie de prendre le moindre risque. J’ai une saison à finir, je veux me qualifier pour les Jeux !
J’ai la chance d’être très bien entouré ici. Je fais totalement confiance à l’équipe. Bien sûr, j’aurais aimé faire partie de ce petit bout d’histoire du triathlon luxembourgeois avec un premier relais en élite. Mais si ça ne fonctionne pas sur le plan médical, forcément je suis déçu mais, comme je l’ai déjà dit, je ne vais pas prendre le moindre risque d’aggraver la situation.
C’est d’autant plus dommage que lors de la couse, vous aviez l’air plutôt dans le bon tempo. Même si on vous a vu souvent avoir quelques longueurs de retard à vélo?
(Il rit) En fait, maintenant, j’ai tellement d’expérience que je sais économiser mes forces. Je sais que les plus jeunes se mettent à paniquer quand ils voient qu’un petit trou se forme. Et moi, pas du tout. Je sais que ça va rentrer. Au besoin, je sais que j’ai les forces pour boucher un trou de 10 ou 20 m. Mais derrière moi, il y a des mecs qui veulent aussi le fermer alors je reste derrière, eux, dans leur aspiration et je les laisse faire le boulot. En fait, chaque grosse accélération te coûte de l’énergie, ça fait mal aux jambes et ça te fait courir moins vite par la suite. Alors plutôt que de taper dans les 1 000 watts pour rentrer, je préfère lisser mon effort, faire du 600 watts puis rouler à 350-400 et je reprends le groupe de toute façon.
Vous étiez dans le très gros premier groupe jusqu’au dernier tour. Et quand on vous a revu, c’était au ralenti avant de vous voir abandonner. Qu’est s’est-il passé?
On était un très gros groupe d’une cinquantaine de coureurs. On était dans un passage étroit, je m’étais placé sur la gauche en me disant qu’en cas de chute devant moi, je pourrai l’esquiver sans me prendre les barrière. À un moment, j’en vois un qui part vers le milieu, donc je prends sa place à gauche. Ensuite, un autre trou s’ouvre devant moi, je veux m’y engouffrer mais un autre qui vient du milieu fait la même chose. Sa roue arrière attrape ma roue avant. J’essaie de l’éviter en freinant, mais ça ne marche pas. Réaction suivante, sortir mon pied droit et le poser par terre pour essayer de ne pas tomber.
Mais ça n’a pas marché?
Non. J’ai senti que j’allais tomber. Je me fais rentrer dedans à l’arrière et je me retrouve assis sur la route à contresens. Je savais que d’autres allaient encore me percuter. Alors, j’ai mis mes deux mains pour me protéger la tête. Et un autre m’est rentré dedans sur le côté. J’avais tellement mal que j’ai hurlé de douleur. Je ne savais pas dans quel état j’étais.
J’ai eu un gros coup d’adrénaline et je suis remonté sur le vélo
Et pourtant, vous êtes reparti?
Quand j’ai vu un autre groupe arriver, j’ai eu un gros coup d’adrénaline. De moi-même, je suis remonté sur le vélo, j’ai vu que je ne saignais pas trop, que le vélo était nickel, que la chaîne n’avait pas sauté. Mais en roulant, je me suis rendu compte que j’avais plus mal que ce que j’imaginais. Et en arrivant au parc fermé, je suis descendu, j’ai rendu le chip. Et en marchant, j’ai vu que ça n’allait vraiment pas. J’ai vu Raymond (NDLR : Conzemius, le chef de mission) et Nina (Goedert, la kiné) qui m’ont fait signe. Je leur ai dit que ça n’allait pas du tout. Ils ont traversé pour me rejoindre et dès qu’ils sont arrivés, je me suis écroulé par terre tellement j’avais mal. J’étais incapable de m’asseoir. On craignait que quelque chose soit cassé.
Et on a mis un certain temps à vous évacuer?
Oui. On m’a fait les premiers examens pour vérifier que mon état n’était pas trop grave. Lara (NDLR : Heinz, la médecin du COSL) est restée avec moi. De mon côté, j’essayais de me calmer pour pouvoir parler. Et on est partis dans l’ambulance.
À présent, quel est votre état d’esprit?
Positif! Il faut rester positif. Dès hier, je me suis dit que je n’allais pas commencer à broyer du noir. À me dire que ma saison était terminée, qu’il y avait quelque chose de cassé. Il faut rester frais mentalement. Et garder le moral. Dans la tête, j’étais prêt à prendre le départ. Mais bon, ça ne sera pas le cas.
Et maintenant?
Bob Haller ne sera pas au départ du relais mixte, demain. Mais il reste jusqu’au bout avec l’équipe : «Ici, il bénéficie de tout le staff médical à sa disposition. S’il devait rentrer à la maison, il lui faudrait courir à droite à gauche pour trouver un médecin. Ici, il a tout sur place», note Thomas Andreos, le DTN de la FLTri. Il sera remplacé par Lucas Cambrésy, qui est arrivé dès hier soir en Pologne.