[Reprise en BGL Ligue – J-2] La Jeunesse accueille dimanche l’immense inconnue de la saison, Hamm. En face, Deruffe et Hadraoui, soulagés, se demandent à quoi ressemblera leur ancienne équipe.
Un exode massif. Voilà ce qu’a vécu Hamm cet été. Et alors que Thomas Gilles, épaulé par un nouveau directeur sportif, Patrick Maitzaingue, se démultiplie pour bâtir un édifice benfiquiste cohérent pour l’automne, recherchant encore activement des recrues à l’international pour se donner une chance de décrocher le maintien, la Jeunesse l’attend tranquillement en ordre de bataille dans son antre de la Frontière.
Tranquillement mais pas que. Parce que pour Maxime Deruffe et Bilal Hadraoui, deux joueurs qui ont vécu la dernière saison ultra-galère au Cents et qui sont deux des joueurs qui ont eu le courage de prendre la parole pour dénoncer la situation financière calamiteuse dans laquelle les joueurs étaient laissés, ce rendez-vous garde un goût particulier. «Je ne suis pas du genre revanchard», précise pourtant d’emblée Bilal Hadraoui, transféré sur le gong après avoir été longtemps bloqué. «Même si je suis content que cette période de ma vie soit passée parce que ce n’était pas top-top, même si je suis persuadé qu’il est toujours bon d’avoir vécu ce genre d’expérience au moins une fois dans sa carrière parce que cela forge et que cela permet de mieux savourer, je leur souhaite le meilleur.» Sa situation contractuelle, à lui, est réglée. «On a arrangé ça autrement que financièrement, on va dire.» Celle de son coéquipier Maxime Deruffe, à qui il manquait encore l’équivalent de trois mois de salaire selon son dernier décompte personnel, le sera elle théoriquement très vite : «Cela se règle tranquillement, cela va se faire. Ça se passe dans le calme, je ne fais pas d’embrouilles et eux font le nécessaire.»
Il y avait trop de malentendus, voire de la discrimination
Pour les deux néo-Eschois, le ton n’a pas toujours été aussi apaisé. Durant le printemps, il avait même augmenté de plusieurs octaves. En interne, Hadraoui avait d’abord été sanctionné. Puis il avait carrément lâché prise alors que le reste du groupe galérait pour assurer un maintien factice (puisqu’il n’y avait pas de relégation) : «Finalement, pour moi, à mes yeux, c’était ça le pire : ne pas avoir fini la saison avec mes coéquipiers. Tout ça à cause des sommes qu’on me devait. Mais dans ces conditions, comment voulez-vous que vos coéquipiers vous en veuillent. En plus, mon cas à moi était particulier, j’avais l’impression d’avoir été ciblé par les dirigeants. Il y avait trop de malentendus, voire de la discrimination.»
Deruffe, lui, a tourné la page de longue date. Et s’est replongé dans les seuls soucis qu’un footballeur devrait avoir : ses performances sur le terrain. Poussé par la curiosité, il a ainsi passé plus d’une heure devant son écran pour suivre l’amical des Hammois face au Progrès, histoire de voir quel genre d’équipe il y aura en face, dimanche. «J’ai vu des choses intéressantes, de la motivation. C’est sûr, ils vont s’arracher. Je ne connais pas beaucoup de visages mais ceux qui n’avaient pas beaucoup de temps de jeu la saison passée en auront cette saison. Ce ne sera pas une promenade de santé.» «Moi je n’ai aucune idée de ce qu’on trouvera en face, souffle Hadraoui. Tout le monde est parti non ?»
Rien n’indique non plus que les anciens Hammois affronteront leur ancien club. Deruffe, victime d’une petite entorse du genou il y a trois semaines, reste dans le flou sur ses chances de jouer. Hadraoui a lui signé trois semaines après la reprise officielle de la Vieille Dame, ce qui ne lui offre qu’une préparation tronquée. Pourtant, qu’ils aimeraient en être alors que, d’une seule voix, ils le crient : «Après ça, on est tellement contents d’avoir trouvé un projet comme celui de la Jeunesse…»
Julien Mollereau