Jempy Drucker se tourne vers l’Enfer du Nord après un bon Tour des Flandres.
Jempy Drucker est prêt pour le Paris-Roubaix. (Photo : DR)
Au pied du pullman de l’équipe BMC, où le jeune retraité australien Cadel Evans signe et resigne encore des autographes en guest-star, Jempy Drucker, fraîchement douché et casquette vissée sur la tête, prend la température. C’est le moment des confidences d’après-course.
Pour Jempy Drucker, la journée a été longue et riche en évènements. Sa première apparition en course remonte au 176e kilomètre. Lorsqu’on le revoit une vingtaine de kilomètres plus loin, c’est lorsqu’il connaît l’infortune d’essuyer une crevaison, immédiatement dépannée avec l’aide d’un de ses coéquipiers, preuve du nouveau standing occupé par le coureur luxembourgeois dans l’équipe américaine.
Sur le final, impossible de ne pas remarquer aux avant-postes ce coureur vaillant, au placement impeccable, souvent repéré non loin de Peter Sagan. Puis à 38 bornes de l’arrivée, il emmène son leader Van Avermaet dans le Taaienberg, lequel attaquera (pour rien) dans la foulée. Jempy Drucker placera encore une attaque préparatoire dans le Kruisberg (km 236). En vain puisque Van Avermaet ne suivra pas le mouvement et laissera au contraire Kristoff et Terpstra filer vers le succès. Lorsque, dans le dernier passage du Quaremont (à 21 km de l’arrivée), on reverra Jempy Drucker mener le peloton de tête, en chasse derrière les deux fuyards, ce sera son chant du cygne. Évidemment, cette action visant à réduire l’écart ruinera ses dernières ambitions personnelles…
> Quelle image allez-vous garder de ce Tour des Flandres ?
Jempy Drucker : (Il réfléchit)Quelle image? C’est assez difficile de répondre, on a tellement d’images ici sur le Tour des Flandres. Quand j’ai roulé derrière les deux échappés, c’est peut-être l’image la plus forte que je garderai. Mais c’est aussi celle où s’est finalement jouée la course puisque tout restait possible à ce moment-là. Dommage que Greg (Van Avermaet) et Daniel (Oss) n’aient pas davantage réagi à l’attaque de Terpstra et de Kristoff.
C’est la course. Juste avant, dans le Kruisberg, j’avais demandé à Greg (Van Avermaet) si je ne devais pas accélérer car j’avais senti sur le vélo qu’il pouvait se passer quelque chose étant donné que tout le monde était à bloc. J’étais à côté de Greg et je lui ai demandé si je devais accélérer et il m’a dit : « Oui, oui. » Je l’ai fait, mais ce sont Terpstra et Kristoff qui sont partis. Dommage que nous n’avions personne avec nous. Après, j’ai encore essayé de faire mon boulot jusqu’au Quaremont. Voilà ce que j’ai fait, et j’ai pété au Quaremont.
> C’est logique, non ?
Oui, c’est très logique (il rit).
> On a l’impression que vous avez passé un nouveau palier ces derniers jours, car désormais, vos attaques peuvent peser sur le sort de la course…
Comme chaque année, je progresse. Une équipe comme BMC, où tout est très professionnel, vous fait automatiquement progresser. Tu côtoies des coureurs de haut niveau.
> Ressentez-vous néanmoins de la frustration dans votre équipe ?
Oui, c’est clair. On a pris le départ pour gagner. Je pense qu’on en avait les moyens avec Greg. On peut être contents avec la troisième place, mais le but était de gagner.
> Qu’aurait-il fallu faire alors ?
Après une course, on est toujours plus malin. Ce sont la course et les jambes qui décident.
> On peut admettre que le plus fort l’a emporté ?
Oui, Kristoff est très fort comme il l’a montré sur les Trois jours de La Panne. Il n’a pas volé sa victoire.
> Maintenant, vous allez vous tourner vers Roubaix qui vous convient encore mieux…
Oui, c’est vrai, c’est encore un peu plus dans mes cordes. C’est ce qu’on me dit chez BMC depuis décembre. On verra au moment du briefing d’avant-course quel sera mon rôle dans l’équipe. Maintenant, place à la récupération. Je reviendrai mercredi soir à Courtrai. Et jeudi, ce sera déjà la grande sortie sur les pavés de Roubaix.
Entretien avec notre envoyé spécial à Audenarde, Denis Bastien