Avant de prendre en main l’équipe pour la première fois, Jeff Saibene a justifié mercredi face à la presse son choix de rentrer au pays, au RFCU. Et posé les ambitions du club de la capitale pour la saison à venir.
Pourquoi avoir accepté de relever le challenge du RFCU, alors que vous aviez des discussions avec d’autres clubs ?
J’avais des discussions en Suisse, surtout, et au Luxembourg aussi. Cela faisait maintenant 15 ans que j’étais à l’étranger, j’y ai vécu de très bonnes expériences à l’étranger mais à la fin j’ai eu aussi des moments très très difficiles, comme Kaiserslautern. Je me suis dit que c’était des choses que je ne voulais plus vivre. Je n’étais vraiment pas bien moralement, je n’avais plus envie du foot. Deux-trois semaines après, Ilies (NDLR : Haddadji, le directeur sportif du club) m’a contacté. Pour moi, c’était peut-être le bon moment de revenir au Luxembourg, quelque chose de nouveau loin de la Suisse, loin de l’Allemagne. On a eu de très bonnes discussions, il y a un projet très intéressant, et je suis très satisfait d’avoir trouvé un accord avec le RFCU.
Un entraîneur est toujours soumis à la pression du résultat. Ne craignez-vous pas que ces « moments difficiles » que vous évoquez se reproduisent ici ?
Il y a une grande différence quand même entre l’Allemagne et le Luxembourg. Ça ne veut pas dire que je ne prends pas le boulot au sérieux, c’est quelque chose qui m’intéresse énormément et je veux avoir du succès à 100%, mais c’est quand même beaucoup plus petit, il y a beaucoup moins d’attentes. J’aime être entraîneur, j’adore ce job, mais j’aime aussi que ce soit plus calme, qu’il y ait moins de pression, moins de stress. Pour cela, c’était le bon moment.
Quels objectifs vous êtes-vous fixé ici ?
On a déjà vu les progrès qu’a fait le club ces dernières années : il a quand même joué deux fois la coupe d’Europe et vient de terminer quatrième. On veut poursuivre sur cette lancée, on a fait des bons transferts, on a pu garder presque tous les joueurs, et le but est clair désormais : progresser, avancer, et pourquoi pas terminer dans les trois premiers.
Avez-vous été impliqué dans le recrutement, ou avez-vous laissé ça au club ?
Des transferts ont déjà été faits avant, car il n’y avait pas encore d’entraîneur et qu’Ilies devait construire le noyau, mais les derniers transferts c’est vraiment nous deux. On a discuté, et décidé ensemble. On était tous les deux d’accord sur les transferts comme celui d’Emmanuel Françoise, et je suis très content du recrutement.
Le Racing n’a encore jamais franchi de tour en coupe d’Europe. Est-ce un objectif ?
C’est clair. On a vu l’adversaire (les Islandais de Breidablik, quatrièmes de leur championnat), à mon avis c’est du 50-50 et c’est un grand objectif de passer ce premier tour. On veut absolument y parvenir. Au deuxième tour, l’Austria Vienne (adversaire en cas de qualification), ce serait un très gros challenge. Mais on va d’abord bien se préparer et tout faire pour battre les Islandais dans trois semaines.
Vous serez épaulé dans votre mission par Serge Wolf, l’ancien numéro 1 à Mondorf. Était-ce votre choix ou celui du club ?
Serge, c’est un gars qu’on connaissait tous les deux. J’ai entendu beaucoup de bonnes choses à son sujet. On s’est mis à table et on s’est tout de suite entendu. On voyait que ça pouvait marcher ensemble, et en un jour ou deux c’était fait.
Pour revenir sur vos contacts avec d’autres clubs locaux, qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur du RFCU ?
J’avais donné assez vite mon accord à Ilies, car j’avais une très bonne impression. Franchement, je suis rentré à la maison après notre premier entretien et j’ai dit à ma femme : « Ça m’a vraiment plu, c’est des gens très sympa, qui ont une vision. » J’ai tout de suite dit aux autres clubs qui m’ont contacté que j’avais donné ma parole au Racing. Je suis d’ailleurs parti d’ici il y a 36 ans (au Standard de Liège) et je trouve que c’est assez spécial de faire autant d’années à l’étranger et de revenir ici. Ça me plaît.
Avez-vous le sentiment que le football luxembourgeois a beaucoup évolué depuis votre départ à l’étranger en 2006 ?
Quand je suis parti en 1985, il n’y avait rien à part l’entraîneur et l’entraîneur adjoint. Maintenant, il y a un gars qui s’occupe de la presse, un directeur sportif… Quand j’ai vu tous les gens qui travaillent à temps plein au club aujourd’hui, j’étais très très étonné. Au niveau des structures, le pays et le club ont fait des progrès énormes. Ces derniers mois, j’ai essayé de regarder tous les matches du Racing. J’ai eu une très bonne impression, je n’ai d’ailleurs vu que des victoires ou des nuls. On garde presque tout le noyau, les titulaires vont rester et avec les trois, quatre renforts qu’on va faire, je pense qu’on pourra faire une bonne saison.
Entretien avec Simon Butel