Fabrizio Bei, président du FCD03, répond à Gérard Jeitz, son homologue rumelangeois, sur le cas Yannick Bastos. « C’est mesquin de traîner Differdange dans la boue », dit-il.
Fabrizio Bei remet les pendules à l’heure : « Bei, c’est pas Blatter ! » (Photo : Archives Mélanie Map’s)
Quand bien même Yannick Bastos traverse la phase la plus pénible de sa jeune carrière, son cas, quand on le regarde d’un point de vue global, reste cocasse. La faute à quoi ? À des règlements de la FLF qui cohabitent pour le coup très mal avec ceux de l’UEFA et de la FIFA. Les contrats des joueurs qui évoluent au Luxembourg n’étant pas des « contrats de travail » mais de « louage de services », Bastos est un joueur qui n’appartient à personne et à tout le monde à la fois aujourd’hui. Il ne jouera plus de la saison. Explications.
Vendu par Differdange à Bolton fin janvier 2014 pour 50 000 euros, l’ailier n’a pas donné satisfaction chez les U21 du club anglais. Sous la pression des Wanderers, il a rompu son contrat et est revenu penaud au Luxembourg à la mi-septembre. Faute d’opportunité professionnelle, il s’était résolu à reprendre au FCD03 en deuxième partie de saison. Outre sa fracture de fatigue à la cheville qu’il traîne depuis un moment et qui ne donne aucune indication sur la date de son retour à la compétition, Bastos a vu son club « formateur » (un grand mot dont abuse le foot luxembourgeois…), l’US Rumelange, réclamer une somme que le FCD03 a jugée inadaptée à la situation. Car oui, Differdange a beau avoir « vendu » Bastos à Bolton il y a un an, le garçon appartient bien à Rumelange aujourd’hui.
> « C’est à Bolton de payer Rumelange, pas à nous ! »
La somme que réclamait l’USR, et que l’entourage du joueur estimait « astronomique », Gérard Jeitz l’a dévoilée dans notre édition d’hier : 10 000 euros. Dans son élan, le président rumelangeois a estimé que le FCD03 lui devait encore 2 500 euros, ce qui équivaudrait aux indemnités de solidarité (souvent appelés « indemnités de formation »). Réponse de Fabrizio Bei sur ces deux points : « Il y a un barème précis pour déterminer la valeur d’un joueur. C’est l’article 35 du règlement de la FLF. Par rapport au nombre de matches en équipe nationale et en BGL Ligue du joueur, son âge… La somme qu’aurait dû demander Rumelange pour Yannick, c’est 4 000 euros. Très précisément, c’est 4 029 euros. Pour ce qui est des indemnités de solidarité, j’ai le document qui montre que Bolton ne nous a pas versé 50 000 mais 47 500 euros. Là-bas, ils savaient que le FCD03 n’était pas son club formateur et ils ont déduit ces indemnités. C’est à Bolton de payer Rumelange, pas à nous ! Si M. Jeitz ne connaît pas les statuts, ce n’est pas mon problème. Et d’ailleurs, encore selon des calculs que suggèrent des règlements de la FIFA et de l’UEFA, ce n’est pas 2 500 mais 1 250 euros que Rumelange touchera. »
Au cas où ce ne serait pas clair, le boss du FCD03 répète : « Differdange ne doit rien à personne. M. le président (Jeitz) a dit qu’il trouvait bizarre qu’on ait vendu un joueur qui ne nous appartient pas. Les règlements des instances internationales disent qu’avec nos types de contrat, c’est le dernier club dans lequel le joueur a évolué qui peut négocier un transfert. Je ne suis pas le président de la FIFA ! Bei, c’est pas Blatter ! Je vends des maisons, pas des joueurs! (NDLR : il est promoteur immobilier). Enfin, c’est la première fois qu’on en vend un et on était dans notre bon droit… Ce ne sont pas les règlements qui me dérangent, mais le fait qu’on traîne dans la boue le FCD03. »
Aujourd’hui, Bei se désole de devoir rentrer dans ce type de détails. « Ce qui m’importe, c’est que Yannick redevienne un footballeur, dans son corps et dans sa tête. On l’accueille à bras ouverts pour qu’il se refasse une santé », explique-t-il.
Malgré cette intervention, Fabrizio Bei sait que l’histoire est loin d’être terminée. Il envisage d’ailleurs d’en faire un sujet principal du prochain G14, le rassemblement des présidents de BGL Ligue, le 11 février : « Je ne peux pas accepter qu’un président d’un autre club nous salisse publiquement comme ça. Il s’est braqué sur le mot « astronomique », mais ni moi ni aucune personne du comité n’a utilisé ce mot. »
De notre journaliste Matthieu Pécot