Issa Bah, qui cartonne avec le Progrès, parle de sa naturalisation. C’est pour bientôt?
Dans 48 heures, on aura environ 25 noms sur la table. Vingt-cinq gars qui entameront la campagne de Nations League, escortés par les discours du moment de Luc Holtz, sur notamment 1) les blessures conjointes sur les ailes d’Yvandro Borges et Vincent Thill, combinées à la suspension de Danel Sinani pour l’Irlande du Nord, 2) la nécessité de trouver des joueurs offensifs capables d’offrir de la verticalité, 3) l’incapacité des jeunes à faire leur trou dans le monde pro.
Cette constellation de soucis en ce moment si charnière qu’est l’annonce d’une liste ne peut pas ne pas susciter ce calcul digne de l’enseignement fondamental tant il est évident : titulaires défaillants + prise de profondeur + jeunes qualitativement insuffisants = Issa Bah.
Depuis début août, le Niederkornois est devenu l’un des joueurs de base du nouveau système Strasser et il en est d’ailleurs le meilleur joueur (moyenne de 6,25). Le natif de Guinée est surtout doté d’un atout que d’autres comme Leonardo Scienza (Heidenheim, natif du Brésil et légalement pas éligible la dernière fois que la question a été posée à la FLF) ou Dany Mota (Monza, qui attend toujours de voir si le Portugal ne veut pas de lui) n’ont pas : il serait prêt à jouer et ne demande même que ça.
Le tableau est trop beau. Il est même mensonger. C’est en effet faire fi d’un léger détail qui n’en est pas un : Bah n’est toujours pas luxembourgeois.
Né à Conakry, passé par le Portugal, arrivé adolescent au Grand-Duché, aligné en DN par le RM Hamm Benfica dès l’âge de 16 ans, l’ailier en était déjà au même point après son sa saison 2020/2021 à 25 matches, 6 buts et 6 passes avec le Progrès, au moment où Venise l’a arraché à la BGL Ligue. Demandeur. Mais pas encore en capacité.
Ainsi, en juin 2022, la question se posait déjà. Manou Cardoni, depuis Mondercange, pilotait l’affaire de main de maître en ne s’adressant qu’en luxembourgeois à cette pépite qu’il ne voulait pas lâcher dans la nature, lui conseillant de garder un logement au Grand-Duché pour assurer une continuité de résidence sur le territoire, lui organisant des cours de langue en visio. «J’aurais aimé qu’on facilite le truc, disait le DTN à l’époque, qui indiquait que le garçon avait indiqué plusieurs fois vouloir jouer pour les Roud Léiwen. Mais on ne peut pas changer les lois, ni faire des exceptions.»
«J’appelle souvent pour passer l’examen»
Les lois impliquent un cours de 24 heures de «vivre-ensemble au Grand-Duché» (cet aspect-là, Issa l’a déjà validé) et une réussite à l’examen de langue. Où en est Bah? «C’est en cours», indique le joueur, qui confirme continuer les cours. «Je n’ai pas de date pour l’examen. Ce n’est pas de ma faute : j’attends ! Après, de ce que j’ai cru comprendre, c’est rapide d’avoir la nationalité une fois qu’on a réussi. Je ne sais pas si c’est dur comme test, mais mes coéquipiers se moquent souvent de moi en luxembourgeois et me font travailler.» Bref, deux ans plus tard, on en est au même point en termes administratifs.
Pour le sportif, c’est autre chose. Tout est plus vite et c’est visiblement un garçon qui a passé un cap, frais physiquement après huit-neuf mois sans jouer à Venise (où il avait pourtant fait ses débuts en Serie A contre l’Atalanta en avril 2022), qui anime la DN depuis la reprise.
Avec seulement un but sur penalty et zéro passe décisive, mais il entend travailler très fort sur les statistiques prochainement «parce que bien jouer ne suffira pas à me faire repartir dans le monde pro. Il me faudra des buts et des passes décisives». Une visibilité à l’international aussi, peut-être ? Genre une sélection ? Peut-être son acharnement paiera-t-il un jour. Encore faut-il que Luc Holtz en ait envie.