Ibrahimovic vers le F91 ? « Non », mais…

Transferts – Alors que nos confrères du Tageblatt annoncent le transfert cet été du canonnier de la Jeunesse à Dudelange, les intéressés jurent que non. Jusqu’à quand ?

Sanel Ibrahimovic fait les gros yeux : son avenir est en jeu. (Photos : Julien Garroy/Mélanie Maps)

Bizarrement, le réflexe conditionné, dans les clubs de l’élite, veut désormais qu’on annonce que les nouvelles de transferts sont faites pour vendre du papier en période de creux et exclusivement pour cela. La trêve hivernale est donc un argument en or pour tous ceux qui se sont retrouvés forcés de commenter l’arrivée potentielle de Sanel Ibrahimovic au F91 Dudelange, l’été prochain.

Le Bosnien arrive en effet en fin de contrat du côté de la frontière (« C’est la seule information vraie qui soit parue hier », jure l’attaquant aux 86 buts en 112 matches de DN). Et face à cette annonce indiquant que le sportif aurait décidé de changer de crèmerie, les réactions ont été unanimes, Sébastien Grandjean, coach du F91, se demandant où la presse « avait bien pu aller chercher cela » ; Dan Theis, son homologue de la Jeunesse, estimant qu’on « met vraiment n’importe quoi dans le journal ».

Faut-il en conclure que non, Ibrahimovic n’ira pas au F91 ? Houla, messieurs dames, ne nous emballons pas non plus dans l’autre sens ! Sébastien Grandjean jure que « franchement non, Ibrahimovic, il n’en est pas question ». Ibra annonce clairement que « non, il ne va pas au F91 ». « Si tout le monde vous dit non, pourquoi tout le monde vous mentirait ? », assène enfin Dan Theis. Peut-être parce que ces dernières années, les clubs de l’élite ont érigé en art le fait de protéger le plus longtemps possible des mouvements actés de longue date. Ainsi, annoncé plusieurs mois auparavant, le transfert de Ben Payal du F91 au Fola (en 2013) s’était conclu sur une simple pirouette du milieu de terrain international jurant n’avoir choisi qu’au tout dernier moment et que rien n’était fait. Mouais…

Au F91, le culte du mystère est à ce point fantasmé dès que Flavio Becca est susceptible d’intervenir dans un transfert (c’est-à-dire tout le temps), qu’on en vient à douter de tout. Sébastien Grandjean peut-il ne pas être au courant? Peut-on lui avoir demandé de ne pas en parler ? Tout comme au joueur d’ailleurs. Ce serait de bonne guerre et cela éviterait bien des tergiversations au moment du prochain Jeunesse – F91, le 15 mars prochain.

Parce qu’après tout, à bien y réfléchir, voir Ibrahimovic s’envoler du nid après trois saisons pleines individuellement (il pèse déjà 48 buts en 58 matches avec la Jeunesse) mais avec un seul titre (la Coupe en 2013), et dans un contexte de perte notable d’influence de la Vieille Dame dans ce championnat, alors que lui-même, à 27 ans, atteint peut-être sa pleine maturité, ne serait pas étonnant. Ce serait même une suite parfaitement logique.

> « Il faut que la Jeunesse se dépêche »

Cela permettrait peut-être enfin de mettre la Jeunesse face à certaines incohérences liées à son management sportif depuis le limogeage de Vinicio Monacelli : la pierre angulaire de son attaque, celui qui a parfois tenu à flot l’équipe ces derniers temps, n’a toujours pas été approché pour discuter prolongation de contrat. « Même si la Jeunesse sera prioritaire, non, je n’ai toujours pas été approché. Alors bien sûr, vu que je marque, il y a de l’intérêt de la part de certains clubs. Difficile de dire ce que je vais faire. Mais c’est certain, il faut que la Jeunesse se dépêche. »

Dan Theis, en écho, dit pour sa part que la prolongation de son buteur est « une priorité », mais aussi qu’il faut « rester calme. Que les discussions sont déjà en cours. »

Entre l’entraîneur et son joueur, les versions divergent et c’est suffisant pour continuer à croire que le fils prodigue a déjà plus ou moins quitté le nid. Si ce n’est pas encore fait, la Jeunesse va vite se retrouver dans l’urgence de devoir draguer son joueur et de lui vendre un projet qui tienne la route, ce qui est encore loin d’être le cas, sportivement parlant. De ce point de vue là, pas mal de clubs ont de l’avance…

De notre journaliste Julien Mollereau