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[Hockey sur glace] Les chantiers du Tornado


Malgré des conditions pas évidentes, le Tornado est prêt à vendre chèrement sa peau pour sa première saison en D2. (Photos : luis mangorrinha)

COUPE DE FRANCE, SAMEDI À KOCKELSCHEUER Le Tornado, promu en D2, débute sa saison dès samedi à domicile face à Roanne. Avec un effectif remanié et pas encore complet. Et dans des conditions d’entraînement pas toujours évidentes.

Sur le papier, la situation du Tornado est idyllique. Après une saison quasi parfaite en D3 et un superbe Final Four à Dijon, Colm Cannon et ses coéquipiers décrochaient le Graal : la première montée en D2, le 3e niveau français, de leur histoire.

Près de cinq mois plus tard, l’équipe, qui se prépare à reprendre la compétition à l’occasion d’une – là encore – inédite participation à la Coupe de France, est, des propres dires de l’entraîneur Christer Eriksson : «Un véritable chantier».

LE CHANTIER DE L’EFFECTIF

Qui dit montée dit nouvelles contraintes. Et la principale, pour le Tornado, qui s’est souvent appuyé sur des étrangers venus travailler au Luxembourg, est la règle des JFL, littéralement les joueurs formés localement, qui ont été licenciés au moins trois ans avant leurs 20 ans en France ou au Luxembourg. En D2, on peut aligner au maximum cinq JFL. À l’heure actuelle, le Tornado en compte quatre : «Vesa Hirvonen, qui joue pourtant au Luxembourg depuis 15 ans, mais est considéré comme un étranger, et Grigorijs Holodkovs sont toujours là. On a signé le Letton Juris Upitis et le Tchèque Filip Chab, qui nous a rejoints la semaine dernière. Et on a un accord verbal pour un cinquième, un Suédois, qui compléterait parfaitement le puzzle. On espère qu’il pourra nous rejoindre, car ce serait un joueur clef. Mais si la situation s’éternise un peu trop, on activera d’autres pistes.»

Plusieurs éléments d’importance sont partis, à l’image de Chris Maratea, l’ancien capitaine, ou de Connor Leonard. Au total, huit départs, compensés par autant d’arrivées. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, l’arrêt d’Amnéville a permis au Tornado de recruter pas moins de trois joueurs. Outre Filip Chab, Tanguy Mercier et Julien Vogt ont rejoint le Tornado. Franck Stroppolo est arrivé de Metz, Nathan Faure-Brac a déjà évolué en Ligue Magnus, le gardien Charles Perrin jouait à Colmar la saison dernière. Quant à Nolan Eriksson, qui n’est autre que le fils du coach Christer, il était à Reims. 

Pour le Tornado, il n’est pas évident d’attirer des joueurs : «Après des problèmes de visa pour les joueurs américains, le club a décidé de ne plus faire appel à eux. Ni, bien sûr, à des Russes ou des Biélorusses, si bien que cela a vraiment réduit nos possibilités.» Sans oublier un autre écueil : «Nos joueurs ne sont pas payés. Ils doivent trouver un logement et un travail. Ce n’est pas évident de les convaincre. D’autant plus qu’on n’a aucune crédibilité pour le moment en D2». Bien sûr, le club aide ses joueurs à trouver un job et un logement. Mais là encore, on peut parler de chantier : «Des logements sont en construction, mais pas encore terminés.»

LE CHANTIER DES INSTALLATIONS

«Le Tornado est une équipe de niveau semi-pro, qui évolue dans des structures loisirs.» Voilà, en quelque sorte, comment on pourrait résumer la situation des meilleurs hockeyeurs du pays. Qui doivent notamment composer avec tous les autres clubs sportifs et qui n’ont même pas de vestiaires qui leur sont dédiés. Il n’est pas rare qu’ils ne puissent pas se changer car leur vestiaire est occupé, qui par des patineuses artistiques, qui par des patineurs de vitesse.

Et comme le hockey nécessite tout de même un peu d’équipement, il faut se débrouiller pour faire sécher les uniformes avec les moyens du bord. «On sait que la patinoire fait de son mieux. Mais on n’a pas de vestiaires, pas le droit de faire l’affûtage des patins, pas de possibilité de stocker le matériel. Du matériel disparaît régulièrement. La semaine dernière, on avait deux matches, samedi et dimanche. Dimanche, on a joué avec des affaires qui n’avaient pas séché. Tout était mouillé, dégueulasse. Je parle de ces problèmes depuis que je suis arrivé. On n’arrête pas de me dire qu’on va trouver une solution. Ce n’est toujours pas le cas. Et nous, on commence à jouer en D2!», explique, un brin énervé, Christer Eriksson.

LE CHANTIER SPORTIF

Christer Eriksson doit composer avec tout un tas de contraintes. Mais le technicien reste optimiste quant à la qualité de son effectif.

La saison débute ainsi dès samedi, à domicile contre Roanne, en Coupe de France. Une compétition qui, si elle était optionnelle à l’échelon inférieur, est obligatoire en D2. Un match qui arrive très tôt alors que, on l’aura compris, l’effectif n’est pas encore au complet et que certains ont tout juste rejoint l’équipe. Un baptême du feu qui s’annonce compliqué aux dires du technicien : «Je connais assez bien. J’ai longtemps travaillé à Lyon et à l’époque, on avait un partenariat avec Roanne. C’est un club avec un très long vécu en D2, qui a depuis longtemps l’ambition de monter. Je connais leurs structures, leurs installations, leur fonctionnement, les conditions pour leurs joueurs : c’est totalement différent des nôtres. C’est un autre monde. Eux font partie des favoris du championnat. Pour nous, qui sommes encore en rodage, ça va être problématique.»

Et concernant la saison, qui débute une semaine plus tard? «L’objectif est de se maintenir pour cette première année. Et de continuer à structurer le club et le hockey luxembourgeois pour qu’il continue de progresser. Mon but n’est pas d’être pro tout de suite. Mais que tous, club, dirigeants, joueurs, partenaires, public, on tire dans la même direction pour porter le hockey luxembourgeois le plus haut possible. S’installer durablement en D2 et pourquoi pas plus haut un jour. Selon moi, le Luxembourg a tous les moyens pour évoluer à un très bon niveau. Mais tout ne se fait pas en un jour.» Et de conclure sur une note positive : «Depuis des années, on a un déficit de formation. Qu’on essaie de corriger. Et ça a très bien avancé chez les catégories de jeunes, comme avec les Huskies. Ça promet pour le futur.»

On l’aura compris, les chantiers qui attendent le Tornado sont nombreux et complexes. Mais les joueurs et le club tout entier sont bien décidés à les relever. Et à montrer que malgré tout, ils peuvent être performants sur la glace : «On est optimistes. On a une équipe avec énormément de potentiel. Maintenant, j’aimerais juste qu’on puisse passer la cinquième vitesse pour accélérer tout cela. Je veux bien accepter les critiques, mais donnez-moi les outils nécessaires pour construire.»

Samedi 19 h : Tornado – Roanne

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