BGL LIGUE (19e JOURNÉE) Respectivement 10e et 12e meilleurs joueurs de DN, les deux Niederkornois en ont fini avec les blessures. Et ça se voit!
Non mais quelle entrée fracassante ! Depuis le week-end dernier, Emir Bijelic a enfin gagné le droit d’entrer dans le classement des meilleurs joueurs du championnat en atteignant le nombre de matches requis. Et il s’est installé directement en… 12e position avec une moyenne de 5,78.
Pour un garçon qui a trop peu joué (et trop médiocrement quand il est entré) la saison passée pour postuler, et qui n’était même pas dans le top 100 en 2020-2021 avec Pétange, c’est un changement de standing majeur ! «C’est surtout que c’est la première fois en deux ans que je peux enchaîner sans aucune blessure et me concentrer sur mon jeu au lieu de me concentrer sur mon corps», sourit le milieu de terrain récupérateur.
Ah oui, on l’oublie, la pubalgie. Pubalgie chérie, qui a trop longtemps contrarié son entrée dans le grand monde. La même que celle qui a freiné l’éclosion de Bilal Hend, qui s’est «trop» longtemps posé la question, avec ses dirigeants et son staff, la saison passé, de savoir s’il devait se faire opérer. Il est passé sur le billard et après une relativement bonne première phase aller, il explose les standards en ce début d’année 2023 au point d’être, à 23 ans, le meilleur joueur de son équipe du Progrès. De Almeida ? Filet ? Non, Hend.
Et au milieu de ses deux buts et une passe, les suiveurs de la BGL Ligue retiendront surtout du petit ailier, au cœur de la démonstration niederkornoise à Dudelange (1-4), cette accélération vertigineuse, ce coup de reins fantastique, qui a coûté son expulsion à Mehdi Kirch en deuxième période : «C’est jouissif d’arriver avant un gars sur le ballon, comme ça», se régale-t-il encore. Jouissif surtout… parce qu’on n’attendait aucun de ces deux garçons à un tel niveau ni à les voir tenir un tel rôle dans une équipe qui veut s’accrocher au podium.
Je prends plus facilement le jaune que les défenseurs
La marche à suivre est simple : confier les rênes au duo Bijelic – Hend. Surtout au premier nommé puisqu’il a acquis un statut de porte-bonheur : quand Emir est sur le terrain au coup d’envoi, le Progrès gagne. Huit titularisations ? 24 points ! «Je ne sais pas si je suis un porte-bonheur, mais en tout cas, c’est ce qu’il y a d’écrit sur le papier», rigole le joueur, enfin parvenu à s’imposer dans le seul secteur où la concurrence est restée la même ces deux dernières saisons. Et il s’éclate avec Jeff Strasser : «Il a une attitude très humaine et très pro, un mélange idéal comme je n’en ai plus vécu depuis longtemps. Et quand il me propose quelque chose, il m’explique toujours tout facilement. Ce qu’il demande est simple à mettre en place.»
Même sentiment de liberté chez Hend, qui jure avoir une «liberté totale» de dézonage sur le front de l’attaque et aimerait désormais en profiter pour augmenter un peu plus ses statistiques : «Avant, si on m’avait demandé ce que je préférais, j’aurais dit faire des passes décisives, mais aujourd’hui, le but m’intéresse plus. Les ailiers, pour moi, doivent marquer. Par exemple, j’aime beaucoup Marcus Rashford, qui a un peu le même profil que moi, tout en vitesse, en percussion, en dribble…»
Ce dimanche, contre Wiltz, le Progrès pourra compter sur sa patte de lapin Bijelic, qui a commencé un boulot «avec des enfants à besoins spécifiques» et n’a «plus aucun objectif de devenir pro», mais sans le Punisher (NDLR : le surnom que lui a donné Patrice Evra) du Fonds-de-Gras, suspendu et «dégoûté» de voir sa trajectoire ascendante contrariée, même pour un match :
«Depuis tout petit, avec mon style, je suis habitué à prendre des coups et à prendre sur moi. Et parfois… je réponds aussi par la violence avec des tacles pas maîtrisés. Je prends trop de jaunes. Mais j’ai l’impression que je prends plus facilement le jaune quand c’est moi qui tacle que les défenseurs quand ils me mettent des coups.» Et pourtant, ces deux-là peuvent en témoigner : vaut toujours mieux qu’un adversaire s’essuie les crampons sur votre cheville que d’être cloué par une pubalgie loin des projecteurs.