AXA LEAGUE (PLAY-OFF TITRE, 1re J.) Yérime Sylla revient sur sa décision de quitter Käerjeng à la fin du championnat pour Nancy. Il assure vouloir finir la saison de «la meilleure manière possible».
Le 11 février, le club de Nancy a annoncé votre signature pour les deux prochaines saisons. Quelles sont les raisons de ce départ prévu à la fin du championnat?
Yérime Sylla : Depuis mon arrivée à Bascharage, j’ai été contacté à plusieurs reprises. Concrètement, j’ai refusé cinq propositions. Et puis, Nancy m’a contacté. J’ai écouté les dirigeants m’exposer leur projet et je dois dire qu’il est très intéressant.
Le club, 14e et dernier en Starligue avec quatre points en dix-sept matches, est actuellement en mauvaise posture.
Oui, mais les dirigeants ont un projet pour permettre au club, en cas de descente, de remonter rapidement. Et s’il parvient à se maintenir, de se stabiliser parmi l’élite.
L’été prochain, vous retrouverez donc un championnat et un club professionnels. Cette perspective est-elle la raison principale de votre décision?
Ici, le club est amateur et il lui est difficile d’être compétitif par rapport à ceux de tête qui, dans leur effectif, comptent plusieurs professionnels. Dans mon effectif, je n’en ai aucun. Les seuls pros, ce sont Zoran (Radojevic) et moi, les deux entraîneurs des équipes seniors.
En Belgique, mes fonctions ne sont pas comparables à celles de Guillaume Gille en France
Dans l’absolu, quel est l’intérêt pour un club d’engager un entraîneur professionnel pour un effectif qui ne compte aucun joueur pro?
Dans l’absolu, on peut aussi aller encore plus loin : à quoi cela sert-il d’avoir une équipe pro? Moi, l’intérêt que j’y vois, c’est de faire évoluer le handball, de structurer un peu le club. Après, je ne suis pas du genre à rester dans un club et me contenter de toucher mon chèque en faisant miroiter l’impossible. Et je n’aime pas ne pas savoir sur quel pied danser. Mais quand tes joueurs se lèvent à 5 h du matin pour conduire une camionnette, tu sais que leur journée va être longue. J’ai beaucoup de respect pour leur investissement, mais tu ne peux pas les pousser autant que tu le voudrais, ils sont déjà sur le fil du rasoir.
Avez-vous des regrets?
J’aime aller au bout de ce que j’entreprends, mais là, je me rends bien compte que c’était trop difficile. L’économie du club dépend pour beaucoup du public, des manifestations qu’il organise autour, mais aussi des partenaires. Mais la crise du Covid-19 est passée par là. Et vous imaginez bien que c’est compliqué pour un patron obligé de mettre des employés au chômage d’injecter de l’argent dans un club.
Quels sont vos espoirs en cette seconde partie de saison?
Déjà, malgré tous les pépins physiques que l’on a eus, on a montré qu’on était quand même compétitif. Et nous sommes toujours en lice en Coupe de Luxembourg (NDLR : leur quart de finale contre Esch qui devait se jouer mercredi a été remis en raison de quatre cas positifs au Covid-19 dans l’équipe eschoise) et je pense qu’on a une carte à jouer.
À Nancy, continuerez-vous de diriger l’équipe nationale de Belgique?
Oui. Vous savez, je ne suis ni le premier ni le dernier à cumuler ces deux fonctions. Pour une petite nation de handball, ce n’est pas possible d’avoir un sélectionneur à temps plein. En Belgique, mes fonctions ne sont pas comparables à celles de Guillaume Gille en France. Concrètement, je me charge de sélectionner des joueurs et de les diriger durant les semaines internationales. Ça me fait des congés en moins, mais cela me permet de voir plus de joueurs qu’un autre entraîneur. Et c’est quand même mieux que de se contenter de vidéos envoyées par des agents dans le but de nous montrer les talents de leurs poulains…