Absent jeudi soir lors du revers subi en amical par le Luxembourg contre la Lettonie (27-33), Tommy Wirtz sera là ce soir pour le deuxième acte. L’ailier évoque ses premiers mois à Saarlouis et ne regrette pas son choix.
Vous manquiez à l’appel, ce jeudi, lors de ce premier match amical contre la Lettonie…
Tommy Wirtz : Oui, j’étais à Saarlouis. Comme on joue, dimanche, à Balingen (NDLR : 10e journée de 3e Liga), un accord a été passé avec la fédération afin que je ne joue qu’un seul des deux matches contre la Lettonie.
Depuis lundi, vous êtes en stage avec la sélection, comment celui-ci se passe-t-il?
Très bien. D’habitude, chaque soir, j’ai 45 minutes à une heure de voiture pour aller m’entraîner à Saarlouis. C’est un peu long, mais j’en profite pour écouter de la musique. Parfois, je suis un peu fatigué et je pourrais profiter dormir dans un appartement que le club met à notre disposition mais pour l’instant, je n’en ai pas encore ressenti le besoin.
En temps normal, quel est votre quotidien?
Le matin, je vais à l’université, l’après-midi je révise et me repose un peu et, le soir je pars m’entraîner. À partir de janvier, je pourrai aller enseigner en tant que chargé de cours. Puis, je passerai mon diplôme d’instituteur en juillet.
Capitaine de Dudelange, vous avez décidé cet été de relever un nouveau challenge à Saarlouis. Comment s’est déroulée votre intégration?
Déjà, il y avait une certaine excitation car je débarquais dans un nouvel environnement : club, équipiers, championnat… Les gars ont été très gentils. De nature plutôt cool, j’ai profité d’un stage de préparation dans les Vosges pour aller un peu vers tout le monde. Ça m’a permis de mieux les connaître. Et comme je leur ai montré que je n’étais pas si nul que ça, aujourd’hui, je suis parfaitement intégré…
J’ai perdu huit kilos en quatre semaines
À vous entendre, vous aviez à faire vos preuves. Avez-vous l’impression d’avoir été considéré comme le « petit Luxembourgeois » et y avait-il une forme de défiance à votre égard?
Comme le « petit Luxembourgeois », c’est possible. Une chose est sûre, j’ai remarqué qu’ils s’étaient bien renseignés sur moi…
Ils n’ont peut-être pas eu besoin d’enquêter beaucoup. Gilles Thierry leur a peut-être filé des infos…
(Il rit) Non, c’est sûr qu’ils n’ont pas enquêté, mais c’est normal de taper sur Google le nom d’un nouveau venu… Quant à Gilles, il m’a aidé pour me repérer, prendre mes marques.
Depuis le début de saison, vous êtes titulaire et n’avez raté qu’un match, vous avez la confiance de votre entraîneur…
Oui, car j’étais blessé mais sur l’ensemble des autres matches, j’ai quasiment joué 60 minutes. Faut dire que j’ai un peu de « chance » puisqu’en l’absence de Lars Walz, qui s’est rompu les ligaments croisés, je suis le seul ailier gauche. Après, au niveau efficacité, je ne connais pas précisément mes stats (Ndlr : 38 buts en 8 matches) mais je fais partie des deux meilleurs buteurs de l’équipe . Bref, je n’ai pas à me plaindre.
Quel est votre statut au sein de l’effectif?
Je suis là pour les buts faciles, les contre-attaques, apporter une solution s’il n’y en a pas à la base arrière mais aussi donner de la vitesse afin de mettre la pression sur la défense adverse lors des remises en jeu.
Et les penalties dont vous étiez le préposé à Dudelange?
Je partage cette tâche avec Philipp Leist, l’ailier droit. C’est l’un des meilleurs ailiers qu’il m’a été donné de voir. C’est une machine! Il sait tout faire. Il a joué durant dix ans en 2e Bundesliga.
Si vous deviez comparer le niveau de jeu entre la Division nationale et la 3e Liga, que diriez-vous?
C’est bien que vous me posiez cette question car lorsque j’ai annoncé mon départ à Saarlouis, j’ai lu sur certains médias que si c’était pour aller jouer en 3e Liga, j’avais autant à rester au Luxembourg. Eh bien, j’invite ces personnes, qui se sont toujours bien gardées de me dire ça en face, à venir faire un tour en 3e Liga. Je ne sais pas si les gens en ont conscience, mais ce n’est tout de même pas la même chose. En Allemagne, un match à l’extérieur c’est parfois 3 ou 5 heures de route. Tu débarques dans une salle que tu ne connais pas, où le public essaie de te destabiliser en t’insultant et où l’engagement est bien supérieur à celui qu’il y a en DN. D’ailleurs, lors de mon deuxième match, à la suite d’un choc, j’avais un énorme hématome à la hanche! Physiquement, ça tape! Sur les 18 équipes qui composent le championnat, le dernier peut battre le premier. Et ce n’est pas une vision de l’esprit, c’est réellement le cas. À chaque match, tu dois être à fond. D’ailleurs, on a perdu chez un promu pas forcément auteur d’un grand handball mais qui nous a posé des problèmes de par son engagement. Bref, à chaque sortie tu dois être à 100 %, ce n’est pas toujours évident mais ça permet de progresser…
Physiquement, avez-vous eu besoin de vous adapter?
Je vais vous raconter une anecdote : on a passé une batterie de tests à l’université de Saarebruck à la suite desquels mon entraîneur avait toutes mes données. Tout de suite, il m’a dit : «Niveau vitesse, c’est bien. Par contre, tu vas tout de suite en salle de musculation sinon tu vas te blesser.»
Vous avez donc suivi un programme spécialisé?
Oui, un programme établi par Yannick Wilhelmi (NDLR : également préparateur physique du HB Esch). J’avais un taux de masse grasse à 17-18 %, il voulait que je descende à 12-13 %. Pour ça, j’avais un plan alimentaire riche en protéines et faible en hydrates de carbone. Et quand j’avais le droit d’en manger, c’était du quinoa… À côté, j’ai suivi des séances de musculation spécifiques handball, c’est-à-dire destinées à renforcer le corps pour absorber les chocs et gagner en puissance. J’ai vraiment souffert! Bref, j’ai perdu huit kilos en quatre semaines. Depuis, j’en ai repris cinq mais que du muscle.
Vous semblez ravi de votre choix. Cette aventure pourrait-elle aller au-delà d’une seule saison comme prévue initialement?
Oui, je suis très content d’avoir osé franchir le pas et venir ici à Saarlouis. Est-ce que le club voudra me conserver à la fin de la saison? Je ne sais pas, mais certains me disent de continuer sur cette dynamique. Que j’ai des choses à montrer…
Recueilli par Charles Michel