Challenge Cup (16e de finale aller). Retour avec Dominique Gradoux, le directeur technique national, sur le succès obtenu par Berchem aux dépens de Fyllingen Bergen (32-28).
Que vaut vraiment la victoire obtenue samedi soir par Berchem contre Fyllingen Bergen (32-28)? Pour en prendre davantage la mesure, on a demandé à Dominique Gradoux, le directeur technique national, de nous livrer son expertise sur quelques points.
EST-CE UN RÉEL EXPLOIT?
«Les Norvégiens ont pris un gros coup sur la tête»
La performance réalisée par Berchem, samedi soir dans son antre de Crauthem, a étonné tout le monde. À commencer par les Berchemois eux-mêmes, qui ne s’attendaient pas à tenir tête à une équipe du standing de Fyllingen Bergen. Si celle-ci ne fait pas partie des cadors européens, elle n’en reste pas moins professionnelle et occupe actuellement la troisième place d’un championnat norvégien qui n’est pas le plus mauvais d’Europe. La Norvège pointant tout de même au 11e rang au classement mondial. «Tenir tête à une équipe nordique, c’est incontestablement une grosse performance, confirme Dominique Gradoux, le directeur technique national. Et, d’ailleurs, je pense que les Norvégiens ont pris un gros coup sur la tête, car ils ne s’attendaient sans doute pas à perdre au Luxembourg…»
QUATRE BUTS, SUFFISANT?
«Les compteurs vont être remis à zéro»
Si se rendre avec quatre longueurs d’avance en terre norvégienne relevait du fantasme avant le match aller, cela ne confère pas pour autant un avantage décisif aux Berchemois. En Coupe d’Europe, une telle avance, aussi précieuse soit-elle, reste bien maigrelette. «Les compteurs vont être remis à zéro et Berchem a ses chances. À condition d’être capable de résister à un début de match que les Norvégiens entameront sans doute tambour battant. Il lui faudra réitérer sa prestation du match aller», estime Gradoux, avant d’ajouter que la qualification «pourrait se jouer sur pas grand-chose».
GOEMARE, L’ARTIFICIER?
«Un arrière « auprès » comme Karabatic»
Auteur de 19 buts contre les Néerlandais de Hurry Up au tour précédent, Loïc Goemare fut le meilleur buteur de Berchem samedi soir avec sept réalisations. Une régularité qu’apprécie Gradoux qui se montre élogieux à l’adresse de l’arrière gauche : «C’est un arrière « auprès », c’est-à-dire qui va au contact de son défenseur, comme Karabatic. La qualité de son poignet lui permet de croiser ses tirs, ce qui pose problème au gardien adverse.»
SHABANI, LE COACH IDOINE?
«Il ne se prend pas pour un autre»
Si les joueurs restent évidemment les principaux acteurs, le rôle d’Agron Shabani dans le succès acquis samedi n’est pas à minimiser. Le matin même, le Kosovar était à l’Institut national des sports pour suivre sa formation d’entraîneur dispensée par Dominique Gradoux. «Je lui avais proposé de ne pas venir, mais il n’a pas changé ses habitudes. Ni pour lui ni pour ses joueurs. Il a eu une approche de la rencontre cohérente par rapport au groupe dont il dispose. Il ne se prend pas pour un autre. Et puis, il avait bien étudié et cerné le jeu néerlandais…»
AUSSI FORT QU’UN CLUB PRO?
«Berchem a fait un grand match, mais…»
Provocatrice, la question permet de resituer plus précisément le succès de l’équipe du Reiserbann. «Berchem a fait un grand match, mais le propre du professionnalisme, c’est d’être capable de durer sur une saison. Un club pro, cela sous-entend tout un emballage que les clubs luxembourgeois n’ont pas.»
UN SUCCÈS SANS COMPLEXE?
«Le résultat de tout un cheminement»
Indéniablement, les clubs luxembourgeois n’abordent plus les compétitions internationales dans la peau de la victime consentante. Est-ce l’heureuse conséquence de l’épopée eschoise en 2013 qui s’était achevée en finale de la Challenge Cup? «Il n’y a pas que ça, c’est le résultat de tout un cheminement. Longtemps, une défaite par deux ou trois buts constituait une victoire pour les joueurs. Je leur disais « non, ça reste une défaite et vous aussi, vous avez le droit de gagner ». Aujourd’hui, on voit le chemin parcouru.»
Charles Michel