Arrivé cet été sur le banc des Red Boys, Sandor Rac évoque son retour au Grand-Duché, son équipe mais aussi le match de ce samedi à Lallange.
Comment vous sentez-vous au moment de commencer cette saison d’AXA League?
Sandor Rac : Dans l’absolu, quand j’arrive dans un club, je préfère disposer de sept semaines pleines pour mettre en place ce qui doit l’être mais, cela étant, on a vraiment bien travaillé durant ces six dernières semaines.
On sait qu’un entraîneur aime disposer des joueurs qu’il a lui-même choisis. Or le recrutement était déjà bouclé avant même votre arrivée. Est-ce un handicap?
En général, c’est mieux d’avoir tes propres joueurs. Maintenant, le recrutement effectué n’est vraiment pas mauvais! Depuis mon arrivée, j’ai eu la possibilité de voir tous les joueurs à l’œuvre. Et je pense que cette équipe a les moyens de réaliser de belles choses.
Il y a eu des progrès, c’est évident, mais ça avance quand même très lentement…
Parlez-nous justement des recrues?
Je vais commencer par Roman Becvar (32 ans). Demi-centre, cet international tchèque évoluait en Allemagne dans un club (NDLR : TuS Nettelstedt-Lübbecke) qui, la saison dernière, est montée en Bundesliga. Pourquoi est-il parti? Je sais juste qu’il a aimé le projet que Patrick (NDLR : Reder, le manager) lui a présenté. Et tant mieux pour nous car c’est vraiment un bon joueur. Slovène, Jan Tajnik, quant à lui, évoluait à Linz en Autriche. Mais il a été formé à Gorenje, club qui est réputé pour la formation des jeunes joueurs. Ognjen Jokic est un joueur qui connaît bien le championnat de France pour avoir évolué par exemple à Billère. Il est très fort en un contre un, c’est un vrai buteur, mais il va lui falloir s’adapter à notre style de jeu. Je ne suis pas inquiet, il a beaucoup de qualités. Ensuite, Chris (Auger), je connais très bien et je suis très content de le retrouver puisque c’est moi qui l’aie fait venir au Luxembourg. C’était à Bascharage en 2009.
Lors de cette 1re journée de championnat, les Red Boys se déplacent à Esch, le champion en titre. Est-ce une bonne ou mauvaise chose de l’affronter si tôt dans la saison?
(Il rit) À cette question, j’ai envie d’y répondre par une autre : au Loto, c’est mieux de jouer le 21 ou le 22? Je ne sais pas. Si on gagne, on pourra dire que c’était une bonne chose… Après, c’est vrai qu’ils joueront sans Muller (voir ci-contre). Quant à nous, on s’est préparés sérieusement.
Les Red Boys ne joueront pas de Coupe d’Europe cette saison. Est-ce une bonne chose en vue du championnat?
Pour moi, la Coupe d’Europe reste un aboutissement. Tant pour le club, l’équipe mais aussi les joueurs. Pour les nouveaux venus, c’est toujours quelque chose d’intéressant de jouer l’Europe. Pour ma part, partout où je suis passé, je l’ai généralement jouée. Ça a une vraie signification.
Vous l’avez souvent jouée avec des équipes professionnelles. L’approche n’est peut-être pas la même…
C’est vrai… Mais, malgré les spécificités inhérentes au Luxembourg, j’aurais quand même préféré la jouer. D’ailleurs, cela me fait penser au projet d’il y a quelques années d’une Benelux Ligue. J’y étais favorable. Je pense que cela aurait vraiment permis au handball luxembourgeois de se développer.
Justement, entre votre arrivée à Bascharage en 2009 et votre retour aujourd’hui, douze ans se sont écoulés. Quel regard portez-vous sur le handball luxembourgeois?
Il y a eu des progrès, c’est évident, mais ça avance quand même très lentement… Le problème est qu’avec un championnat dans lequel cinq ou six clubs peuvent jouer le haut de tableau, c’est difficile de progresser. Et puis, quand tu t’entraînes quatre fois par semaine, tu ne peux pas t’attendre à des miracles. Pendant cinq semaines, mes gars se sont entraînés six fois plus le match. Là, il va falloir que je revienne à quatre car, ils ne sont pas professionnels. Et si je continue sur ce rythme, il va y avoir de la casse. En 1988, l’équipe de France évoluait en Division C avec… le Luxembourg. À cette époque, en championnat, les clubs s’entraînaient trois fois par semaine. Et puis, (Daniel) Costantini est arrivé à la tête des Bleus et a opéré une vraie transformation en augmentant le nombre de séances d’entraînement. Il n’y a pas de secret, pour progresser, il faut travailler…
Revenons aux Red Boys et, notamment, à votre arrivée. Comment celle-ci s’est-elle faite?
C’est un peu le hasard… Depuis mon départ de Toulon/Saint-Cyr (NDLR : il dirigeait l’équipe féminine), j’étais sans club.
Pourquoi avoir quitté le club?
J’avais une excellente relation avec Jeanne-Marie de Torres, la coprésidente du club. Malheureusement, elle est décédée en février 2020. Après son départ, l’ambiance au club n’était plus la même et je savais que je ne resterais pas. Ensuite, j’ai eu quelques pistes mais ça n’a rien donné…
Où menaient ces pistes?
Pour faire simple, plusieurs agents travaillent pour moi. Chacun s’occupe plus ou moins d’une zone géographique. J’avais envie de rejoindre une équipe qui jouait la Coupe d’Europe. J’avais des contacts avec différents clubs. En Hongrie par exemple. Il faut savoir que j’ai aussi la nationalité hongroise, héritage de par mon grand-père. En fait, je suis serbe par ma mère et hongrois du côté de mon père. D’ailleurs, « Sandor Rac », c’est 100 % hongrois. Bref, les contacts n’ont rien donné. Il y avait aussi des touches aussi avec des sélections dans le Golfe, mais, à ce jour, là non plus cela ne s’est pas fait…
Pensiez-vous revenir un jour au Grand-Duché?
Après Pétange, je ne pensais pas revenir non. Mais j’aime la région. Miroslav, mon fils, joue à Käerjeng et ma fille habite près de Metz. Ma famille est ici. Et puis, question handball, je pense qu’il y a un beau challenge à relever cette saison!
Esch toujours privé de Muller
Comme lors de la Super Coupe perdue contre Berchem, le HB Esch ne pourra pas compter sur les services de son arrière gauche. «La préparation ne s’est pas passée de la meilleure des manières pour moi à la suite d’un coup reçu sur le genou droit. Celui-là même pour lequel j’avais subi une opération qui m’avait tenu éloigné des terrains pendant onze mois. Donc, il n’est pas question de prendre le moindre risque», explique un Martin Muller regrettant de ne pas pouvoir tenir sa place ce samedi soir. «C’est dommage, car ça va être un sacré choc!» Quand pense-t-il pouvoir revenir? «Ça dépend de l’évolution, mais je dirais une ou deux semaines maximum. Enfin, j’espère…»
Charles Michel