Joueuse de Museldall, Raïssa Dapina, entame le championnat du monde 2025, ce jeudi, avec l’équipe nationale du Sénégal, dont elle est l’une des cadres depuis de longues années.
Ce n’est pas commun. À vrai dire, cela n’est même jamais arrivé. En effet, pour la toute première fois, une joueuse évoluant dans le championnat luxembourgeois va disputer le Mondial. Raïssa Dapina, puisque c’est d’elle dont il s’agit, entre en lice dans la compétition ce jeudi soir avec la sélection nationale du Sénégal. Alors, forcément, cette dernière a été pas mal sollicitée par les différents médias du pays.
«J’ai déjà donné plusieurs interviews, plaisantait l’ailière droite de formation, mercredi matin depuis Paris, où elle patientait avec la délégation sénégalaise avant d’embarquer à destination des Pays-Bas. Mais c’est très bien pour la visibilité de l’Axa League. Et aussi pour le club de Museldall.» Pourtant, voici quelques mois, rien ne laissait présager une arrivée de la jeune femme de 30 ans au sein de l’équipe de la vallée de la Moselle.
Et pour cause : son contrat à Nice (première division) touchant à sa fin, la Franco-Sénégalaise était sur le point de poursuivre sa carrière professionnelle du côté de Ludwigsburg, véritable référence en Allemagne ces dernières saisons, qui s’apprêtait à jouer la Ligue des champions. Mais une nouvelle glaçante est tombée en plein cœur de l’été.
«J’ai connu pas mal de péripéties dues au manque de budget dans des clubs de première division en France ainsi qu’en Europe, niveau que j’ai côtoyé pendant dix ans, explique-t-elle. En fin de compte, j’ai appris à vivre avec ce qu’il se passe dans le sport féminin, c’est-à-dire pas mal d’effondrements budgétaires.»
Et d’ajouter : «J’ai vécu une situation compliquée en fin de saison dernière. Mi-juillet, alors que la préparation avait déjà commencé, j’ai appris les problèmes financiers que rencontrait Ludwigsburg, qui a fini par déposer le bilan. Il fallait que je me dirige vite vers une solution qui pouvait me permettre d’être dans de bonnes conditions.»
Le début d’une nouvelle vie
C’est à ce moment qu’intervient l’ex-Dudelangeoise Fiona Carrara, son amie de longue date avec laquelle elle a effectué sa formation à Metz et qui fait aujourd’hui les beaux jours de Museldall. «Nous avons beaucoup discuté sur les projets que je voulais mettre en place, surtout pour ma reconversion d’après-carrière», souligne Raïssa Dapina.
Qui décide d’opter pour un changement de vie radical en mettant un terme à dix années de professionnalisme pour (re)venir s’installer auprès de ses proches non loin de la frontière. «Pendant cette période, j’avais besoin d’être dans un environnement favorable, surtout pour ma tête», sourit-elle. Début septembre, quelques semaines avant de fêter son 30e anniversaire, l’ancienne Messine s’engage officiellement en faveur du club présidé par Chantal Gary.
«Il a fallu s’adapter à ce nouvel environnement, aux filles aussi, parce que je pense que cela n’a pas non plus été évident pour le groupe qui était déjà formé depuis début juillet. On a un collectif de 16 joueuses, moi j’étais la 17e, dont l’arrivée n’était pas prévue. Mais les filles m’ont très bien accueillie et le club également. Et par la suite, j’ai rapidement réussi à apporter ma pierre à l’édifice», détaille celle qui porte le n° 95.
Avec 37 buts en six rencontres, soit quatre de moins que la meilleure artilleuse du championnat, sa coéquipière Anaïs Huberty, qui compte un match de plus, Raïssa Dapina, qui voulait retrouver un projet ambitieux, n’est effectivement pas étrangère à l’entame de saison canon des Mosellanes, qui ont disposé, entre autres, de Dudelange et Käerjeng, les deux équipes qui se partagent tous les trophées nationaux depuis trois ans.
Une préparation plus que réussie
C’est d’ailleurs avec la réception des Dudelangeoises, vice-championnes en titre, que ses camarades reprendront le chemin du championnat, samedi en fin d’après-midi, tandis que les Lionnes, qualifiées pour la troisième fois de leur histoire pour la grand-messe internationale après avoir décroché l’argent à la CAN-2024, commenceront leur échauffement à Bois-le-Duc avant de défier la Suisse, un autre gros client du groupe B – avec la Hongrie, leur premier adversaire.
Si un succès aux dépens de l’Iran, nation supposée la moins forte de la poule, qu’elles affronteront lors de leur ultime rendez-vous, devrait suffire pour se hisser au tour principal, l’objectif annoncé, les protégées de Yacine Messaoudi n’ont pas l’intention de s’en contenter. Encore moins au sortir d’un tournoi de préparation «réussi» en Croatie avec un succès devant le pays hôte, suivi d’un nul face à la Pologne, «deux grosses pointures» du handball européen.
«On part vraiment boostées grâce à ce tournoi. Et même si l’on joue contre des ogres, ce n’est pas quelque chose qui nous fait peur, parce que nous avons un très bon état d’esprit et que nous sommes soudées, ce qui nous permet d’avoir une agressivité suffisante pour rivaliser avec les plus grosses nations, comme on l’a fait il y a deux ans face à la Suède», note la gauchère.
Après avoir atteint le tour principal à Göteborg, un parcours similaire – voire mieux– serait bénéfique à plus d’un titre. «Notre mission, c’est de continuer à écrire notre histoire», poursuit-elle. En plus, cela peut nous permettre d’obtenir plus de sponsors pour la fédération et plus de budget pour les centres de formation.» On comprend mieux la détermination sans faille et la motivation de l’internationale sénégalaise, qui entend bien «(s’)éclater à 100 %» et «prendre un maximum de plaisir» pour ce qui pourrait être son dernier Mondial.
«C’est toujours un moment très particulier, d’autant que je suis plus en fin de parcours. C’est beaucoup d’émotions, parce que je fais partie de l’équipe nationale depuis le début de ma carrière professionnelle. Ça a toujours été ma vitrine. Et je me rends compte de la chance que j’ai de pouvoir revivre un troisième championnat du monde. C’est une compétition exceptionnelle, intense et incroyable émotionnellement parlant», conclut Raïssa Dapina.