Âgé de 21 ans, Mika est propulsé gardien n°1 dans les buts d’une sélection qu’il n’a plus intégrée depuis deux ans.
Alors que sa dernière sélection remonte à mai 2015, Mika Herrmann sera le gardien n°1 cette semaine de l’équipe nationale en Bulgarie.
Du déplacement à Syracuse, le 11 janvier dernier lors de l’ultime rencontre du Groupe C de la première phase qualificative de l’Euro-2020, ils ne sont que six à être présents en Bulgarie dans ce que l’on pourrait qualifier de «tournoi des pays émergents», compétition au modus operandi quelque peu abscons, ou plus exactement, qui a eu bien des difficultés à se dessiner. Bref, six donc à remettre le bleu de chauffe pour tenter de valider leur billet pour la phase qualificative d’un Euro-2020 dont la phase finale comptera, pour la première fois de l’histoire, 24 équipes. Et donc le droit de se retrouver dans la même poule que l’une ou l’autre grande nation.
De ces six joueurs, Mika Herrmann n’en faisait pas partie. La dernière apparition du gardien dudelangeois remonte au 3 mai 2015. C’était à la Coque, lors d’une victoire contre la Géorgie (29-20) dans la première phase qualificative de l’Euro-2018. Le Luxembourg avait terminé l’exercice en tête de son groupe devant l’Estonie et la Géorgie. Herrmann, âgé alors de 18 ans, n’avait été retenu qu’à deux reprises sur la feuille de match (lors de la double confrontation face à la Géorgie) pour un temps de jeu limité (deux minutes). Un peu plus de deux ans se sont écoulés et Mika Herrmann revient en sélection. Mais cette fois dans la peau du n° 1. Et ce, au bénéfice, entre autres, d’un tournoi qui n’autorise la participation que de trois joueurs de plus de 24 ans. Victime d’une hernie discale en ce début d’année 2017, Chris Auger a été laissé au repos par Adrian Stot. Même si le Bascharageois a retrouvé la compétition avec son club lors de la seconde partie du play-off titre, pas sûr qu’il aurait pu enchaîner avec une compétition durant laquelle le Luxembourg pourrait, espérons-le, disputer six rencontres en une semaine.
Mika Herrmann va donc se retrouver en première ligne cette semaine. Et ce, dès aujourd’hui contre la Géorgie. Un statut qu’il semble prêt à assumer. Enfin, à en croire Mike, son père, car l’intéressé n’est pas très loquace et a même refusé de s’exprimer. «Il n’aime pas les interviews, dès qu’il voit un journaliste, il file au vestiaire», s’amuse Mike. Au-delà de la pure et simple ressemblance physique, le fils dégage la même gestuelle, la même attitude sur sa ligne. «Mika est plus précoce que je ne l’étais et c’est un honneur de le voir évoluer au poste qui était le mien. À 16 ans, il a intégré l’équipe première du HBD, mais à l’époque, c’était encore un gamin. Là, il commence à devenir un homme», apprécie le père qui voit sa progéniture le supplanter au développé-couché. «Il fait des répétitions à 135 kg; moi mon maximum c’était une répétition à 110…» Un physique puissant, construit au rythme de trois séances de musculation hebdomadaires, qui, toutefois, a connu quelques petits pépins. Comme cette tendinite au tendon rotulien aux deux genoux. Depuis, Mika regarde à deux fois ce qu’il met dans son assiette. «Il fallait qu’il fasse un régime, alors, pour l’aider, Marianne, sa maman, a décidé qu’on faisait tous régime. Et depuis février, il a déjà perdu dix kilos. Et moi aussi (il rit)… »
En tant qu’entraîneur des gardiens au HBD, poste qu’il a décidé de ne plus assumer la saison prochaine («je n’ai pas envie qu’on dise un jour que s’il joue c’est grâce à son père»), Mike Herrmann a pu suivre de près l’évolution de son fils. «Il a haussé son niveau au fil d’une saison où il était quand même très sollicité, puisqu’il jouait avec l’équipe A, mais aussi avec les U21. Il avait du hand tous les jours», rappelle l’ex-gardien dudelangeois qui estime que son fils «rapide et bon en un contre un» doit «encore progresser dans la gestion de sa défense». Toutefois, à ses yeux, la sélection de son fiston est somme toute logique. Et ce peu importe la présence d’Auger ou de Moreira. «Pour moi, Mika est meilleur que Chris (Auger). Mais bon, je suis son père, donc on va dire que je manque peut-être d’objectivité…»
Charles Michel