Gravement blessé à la cheville droite, vendredi soir à l’entraînement, Pierre Veidig est rentré hier de l’hôpital Émile-Mayrisch. Il raconte.
Comment allez-vous ?
Pierre Veidig : On vient juste de me changer le bandage et… je suis sous le choc ! Je ne pensais pas que ma cheville était dans un tel état. Très vite, je savais que c’était grave, mais la voir comme ça… Je suis sous le choc.
Dans quel état se trouve votre cheville droite ?
Il y a un trou à droite, un autre à gauche. Elle est ouverte des deux côtés. Il a fallu l’ouvrir sur l’extérieur en raison de la fracture de la malléole et à l’intérieur en raison de la subluxation de la cheville et de la rupture du ligament. Jusque-là, hormis une petite douleur à l’épaule ou quelques points de suture, je ne m’étais jamais blessé. Là, je suis servi…
Au réveil, j’étais complètement défoncé, pire que lorsque je sors fêter mon anniversaire aux Loges à Saint-Julien-lès-Metz
Vous souvenez-vous des circonstances de cette blessure ?
Il devait être 21 h 20. L’entraînement allait bientôt s’achever et on faisait une petite opposition. Jérôme (Michels) effectue une relance en ma direction, je suis dos au but adverse et je recule, recule puis saute pour attraper le ballon. Et là, j’ai senti un impact terrible, comme si je me prenais un mur. Je ne sais pas ce qui s’est passé, je sais juste que Charel (Kirtz) m’est rentré dedans et que c’était assez spectaculaire. Apparemment, je suis tombé sur la tête et tout le monde est venu me voir en s’inquiétant pour ma tête, mais je leur disais : « Ma cheville est morte ! ». Je ne la sentais plus. Je ressentais juste une douleur à crever !
Que s’est-il passé ensuite ?
Très vite, j’ai été emmené au centre hospitalier Émile-Mayrisch d’Esch-sur-Alzette. J’y suis arrivé vers 22 h 15, j’ai passé une radio, mais aussi un scanner cérébral, puisque j’avais un « gros œuf » sur la tête. Résultat, il était prévu que je me fasse opérer le lendemain. J’aurais dû passer la nuit à l’hôpital, mais psychologiquement, je ne pouvais pas. Il me fallait rentrer chez moi. C’est ce que j’ai fait et, samedi, j’étais de retour au CHEM à 9 h. À ce moment-là, je n’avais pas eu d’antidouleurs et, vraiment, j’avais très mal. Ce n’est pas la fracture de la malléole qui me faisait souffrir, mais la subluxation. Il y avait du monde et donc de l’attente. Vers midi, on est venu me chercher, j’ai rejoint ma chambre et on m’a donné des médocs. Moins d’une heure plus tard, une infirmière est entrée et m’a dit « Déshabillez-vous, enfilez ça, c’est votre tour ! » (Il rit) Franchement, j’ai été bien pris en charge, bien accueilli et ça a été très vite.
Comment s’est déroulée l’opération ?
Très bien ! Bon, au réveil, j’étais complètement défoncé, pire que lorsque je sors fêter mon anniversaire aux Loges à Saint-Julien-lès-Metz (il rit)… Après, entre 1 h et 4 h du matin, c’était la souffrance totale. Mais bon, vraiment, je ne peux pas me plaindre, tout le monde s’est bien occupé de moi. Et puis, dans ma chambre, il y avait un petit monsieur qui était supporter de Dudelange… Hier (dimanche), après la radio de contrôle, le chirurgien Fabian Mores (NDLR : ancien champion de Luxembourg de saut à la perche) m’a dit que tout était en ordre. Que l’opération s’était très bien déroulée. Et puis, je le répète, tout le monde s’est bien occupé de moi à l’hôpital. Romain Schockmel (le président de la FLH) est venu me voir et Jérémie Guerder, le gardien de Rumelange qui a été appelé en sélection, m’a même apporté des croissants…
Avez-vous eu peur ?
Oui, j’ai eu très peur, car je ne sentais plus du tout ma cheville et, durant un instant, j’ai cru que j’allais tout perdre… Depuis quelques mois, je travaille pour l’entreprise Serge Bressaglia dirigée par Yannick (Schuller, le président de Käerjeng). Il me reste encore un mois d’essai, mais il m’a rapidement rassuré. Dans mon malheur, j’ai quand même de la chance de pouvoir compter sur des gens de cette valeur. Je suis vraiment très heureux à Käerjeng où j’ai prolongé mon contrat de trois ans. Et je vais tout faire pour être prêt pour la reprise cet été.
Savez-vous déjà où vous effectuerez votre rééducation ?
Il y a quelques mois, j’ai changé de mutuelle santé, car l’ancienne ne prenait pas en charge les remboursements liés à une éventuelle blessure. Du coup, j’avais demandé à ma nouvelle mutuelle que si je venais à me blesser gravement, je voulais aller à Capbreton. C’était une de mes conditions. Du coup, c’est là-bas que j’effectuerai ma rééducation. Quand? Je ne sais pas encore, mais ce n’est pas pour tout de suite. Pour l’heure, je dois rester six semaines sans poser le pied au sol…
Vos équipiers ont visiblement été marqués par votre mésaventure et n’ont pas manqué l’occasion de vous apporter leur soutien après le succès contre le Standard…
Oui, j’ai vu ça et je les en remercie. Ça fait chaud au cœur. Mentalement, je pense qu’il va me falloir un peu de temps pour digérer ce qui s’est passé. J’aurais préféré me casser tout seul et avoir à en supporter l’entière responsabilité. Là, ce n’est pas le cas. Après, je sais que Charel (Kirtz) s’en veut énormément, qu’il est au bout de sa vie, mais ça aurait pu arriver face à un autre de mes équipiers. Pour moi, ça ne change rien. J’étais là pour le « pousser » avant, je le serai encore à l’avenir. Je ne lui en veux pas.
Entretien avec Charles Michel