AXA LEAGUE Manager des Red Boys, Patrick Reder (52 ans) évoque la situation actuelle du club depuis la disparition de John Scheuren ainsi que la clôture du recrutement avec l’arrivée de Sandor Rac au poste d’entraîneur.
Le 26 mai dernier, les Red Boys Differdange perdaient John Scheuren, leur président. Deux ans seulement après le décès de Marc Gatti. Deux membres importants et actifs. Comment le club vit-il cette période ?
Patrick Reder : Ce n’est pas facile. C’est vrai que Marc et John travaillaient beaucoup pour le club. Et on sait que ce ne sera plus comme avant. Par exemple, nous ne sommes pas près de refaire des manifestations extrasportives, comme les marchés, par exemple, que Marc organisait de A à Z. On doit se restructurer. Mais l’on n’est pas mal. Ce n’est pas facile, mais on s’en sort.
Le club s’était-il préparé à cette situation ?
On savait John malade et le club s’était préparé… Enfin, partiellement préparé, car John laisse un vide énorme.
À mes yeux, le futur président doit être differdangeois. C’est vraiment important
Manager, en charge habituellement du sponsoring et du recrutement, avez-vous dû étendre votre domaine de compétences ?
Je m’occupais du sponsoring, c’est vrai, et John de l’administratif. Quant au recrutement, on travaillait tous les deux dessus. Ces derniers temps, il a fallu que je m’intéresse au volet administratif et cela me fait penser que le Luxembourg va devoir trouver une solution pour aider les clubs afin de pallier le fait qu’il y a de moins en moins de bénévoles. En France, par exemple, les clubs reçoivent des subsides qui leur permettent d’employer un(e) secrétaire. Je pense que le ministère des Sports devra travailler sur cette question, car le sport ne peut plus uniquement s’appuyer sur le bénévolat. Ou alors, on va se retrouver en grande difficulté. Cela dit, je tiens à souligner le travail effectué par Dan Kersch qui s’est battu pour offrir une aide financière aux clubs durant cette crise du covid-19. Il a donc mon profond respect pour tout ce qu’il a fait. Et j’espère qu’il va continuer.
Quand est prévue l’assemblée générale du club ?
Ce sera en septembre, mais pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée.
Il se dit que l’on connaîtra à cette occasion le futur président des Red Boys. Y a-t-il déjà l’un ou l’autre candidat pour le poste ?
Pour l’instant, non. Mais John est décédé le 26 mai et il est encore tôt pour parler de ça. On en saura plus en septembre.
Que ce soit Gast Seil, qui a passé 30 ans à la tête du club, ou John Scheuren, son successeur, les deux derniers présidents des Red Boys étaient des figures du club. Le prochain président devra-t-il l’être également ?
Si vous voulez mon avis personnel, je dirais qu’il ne doit pas forcément être du club, mais il doit connaître le club et s’y intéresser. À mes yeux, le futur président doit être differdangeois. C’est vraiment important.
Quel regard portez-vous sur la saison dernière à l’issue de laquelle les Red Boys ont dû se contenter de la 5e et avant-dernière place du play-off titre ?
En raison de la crise du covid-19, on avait élaboré notre recrutement en fonctions de nos moyens. En championnat, nous étions deuxièmes en décembre. Et puis, nous avons dû jouer sans Max Kohl, blessé au genou. Damir Batinovic jouait mais était blessé et Lucas Christin n’a pas répondu aux attentes et on a résilié le contrat en cours de saison. Bref, au vu des circonstances, je ne suis pas déçu de la saison. Nous sommes quand même arrivés en finale du Final Four où l’on perd aux tirs au but.
Avez-vous revu cette finale contre Berchem ?
(Il rit) Oui, plusieurs fois… Sur la fin de match et ce but de Swan Lemarié refusé sur le gong, je dirais qu’il est difficile d’arbitrer. Ça va très vite.
Seriez-vous favorable à l’assistance vidéo ?
Dans un cadre bien défini, oui. Par exemple, chaque équipe pourrait y avoir recours une à deux fois par mi-temps, mais pas davantage. En handball, qui est un sport de contact, on ne s’arrêterait jamais.
En fin de saison, Sylvain Brosse a finalement décidé de ne pas prolonger son contrat. Cela vous a-t-il surpris ?
J’apprécie beaucoup Sylvain. Tant le technicien que l’homme. Je suis un peu déçu qu’il ait pris cette décision, puisque de notre côté, on était persuadé qu’il allait rester encore une saison, d’ailleurs, on avait déjà commencé à travailler sur le recrutement. Cela dit, je peux comprendre ses raisons.
Pour le remplacer, vous avez jeté votre dévolu sur Sandor Rac. Pour quelles raisons et était-ce une évidence ?
On avait passé une annonce sur Handzone et un autre site, mais on n’avait reçu aucune réponse. Ensuite, nous avons eu des contacts avec différents entraîneurs, mais rien de très sérieux. Et puis, la semaine dernière, en discutant avec Dominique (Gradoux), on a pensé à Sandor. Je l’ai appelé, il se trouvait à Belgrade. Je lui explique qu’on cherche un entraîneur et qu’on a pensé à lui. Et il me répond de sa voix si reconnaissable : « J’ai vu votre recrutement et l’arrivée de Chris Auger, ça m’intéresse. Bon, je viens dimanche et on discute de tout ça. Mais, rassure-toi, je ne suis pas compliqué. » Bref, dimanche, je suis allé le chercher à l’aéroport, on a discuté et c’est vrai qu’il ne s’est pas montré compliqué (il rit). Je suis très heureux de la venue d’un entraîneur de son calibre, de son expérience qui connaît le handball luxembourgeois et qui a quand même emmené Pétange en finale de la Coupe de Luxembourg!
Avec Chris (Auger), pour le coup, on ne perd pas au change. Loin de là
D’ordinaire, Sandor Rac a l’habitude d’arriver dans un club et de faire fonctionner son réseau. Cette fois, le recrutement était déjà fait. Pouvez-vous nous en parler ?
Commençons alors par Roman Becvar. Demi-centre, il évolue en équipe nationale tchèque. Lors de ses deux derniers matches, contre l’Ukraine, il a planté onze buts. Bon, on ne juge pas un joueur uniquement sur le nombre de buts qu’il peut inscrire, surtout pas sur deux matches, mais c’est un très bon joueur. Je suis même surpris qu’il ait accepté notre offre… C’est un renfort tant pour notre club que pour le championnat luxembourgeois en lui-même. Les spectateurs auront plaisir à le voir jouer. Formé à Gorenje Velenje, Jan Tajnik (24 ans) est quant à lui un pivot de qualité. Au poste d’arrière gauche, on a recruté Ognjen Jokic qui est un vrai buteur. Il vient de Belfort (N1). Et puis, il y a Chris Auger.
Son arrivée s’est faite suite au départ-surprise d’Alexandre Hotton pour Käerjeng…
Oui, John avait déjà signé sa prolongation, et puis, un jour, Hotton nous dit qu’il part. Ce n’était pas très correct, mais c’était son choix. Quand on a su qu’il allait à Käerjeng, ça nous a surpris, puisqu’il y avait déjà Chris là-bas. Et puis, en lisant votre journal, où tout ce qui était écrit était parfaitement juste, on a compris qu’il était en fin de contrat et n’avait pas prolongé, car le club ne souhaitait pas le conserver. Bref, Dominique (Gradoux) l’a contacté et, là encore, tout s’est fait très vite. La seule chose que je peux dire, c’est qu’avec Chris, pour le coup, on ne perd pas au change. Loin de là.
Entretien avec Charles Michel