Sélectionneur du Luxembourg, Nikola Malesevic revient sur le parcours des Roud Léiwen qui ont quitté la compétition sur un joli match nul à Hasselt contre la Belgique (27-27) dans les qualifications de l’Euro-2024.
Samedi, le Luxembourg est allé tenir en échec la Belgique (27-27). On imagine que cette réaction après le revers de jeudi (26-32) a dû vous ravir…
Nikola Malesevic : Avant ce match, les joueurs étaient déterminés. Ils venaient à Hasselt pour s’imposer et avec l’espoir de réussir l’exploit. C’est-à-dire d’aller chercher cette qualification, malgré les résultats du match aller. Samedi, sur le plan du jeu, les joueurs ont répondu aux attentes, mais il n’y avait plus assez d’essence dans le moteur. Ça ne se remarque pas à la télé, mais certains de mes joueurs, en fin de match, étaient blêmes et à bout de souffle. Ça ne se voit pas forcément et pourtant cela explique certaines pertes de balles ou occasions ratées.
Pensez-vous que la qualification était possible ?
Oui, j’en étais persuadé. Bon, le résultat du match aller a fortement hypothéqué nos chances, mais malgré tout, il y avait peut-être la place, samedi, pour faire un exploit. Par exemple, à 19-22, on a une balle pour prendre quatre buts d’avance. Cette occasion, on la rate et, dans la foulée, les Belges reviennent à une longueur, on écope d’une exclusion temporaire et ils égalisent. Si on avait réalisé le +4, cela aurait sans doute constitué un tournant. Au final, certains ne retiendront peut-être que le résultat, moi j’y vois autre chose.
Que voyez-vous ?
Sur le plan handball, les joueurs ont répondu aux attentes. Entre les qualifications du Mondial-2023 et ce barrage pour l’Euro-2023, on a disputé cinq matches en dix jours. Pour une équipe constituée essentiellement d’amateurs, c’est un rythme assez exigeant. Finalement, on n’aura connu qu’un seul trou : le dernier quart d’heure du premier match contre la Belgique. Un trou à mettre principalement sur le compte de la fatigue. Une fatigue qui s’explique, aussi, par le manque de rotation lié aux absences de plusieurs joueurs contrôlés positifs au covid-19.
Vous insistez sur la combativité. Une notion peu présente lors des matches de préparation à l’automne dernier contre le Portugal et les États-Unis. Comment vous y êtes-vous pris pour opérer ce changement d’attitude ?
Ce travail, on l’a fait avec tout le staff. Cela passe par la communication. Je m’entretiens souvent avec les joueurs, pas forcément dans un bureau, mais quand l’occasion se présente. Chez un joueur cohabitent des motivations intrinsèques et extrinsèques. L’envie de gagner des titres ou de l’argent d’un côté et, d’un autre, être reconnu ou gagner en reconnaissance. Inutile de préciser que ce n’est pas l’argent qui fait courir mes joueurs. En revanche, le projet collectif est essentiel.
À la tête de l’Italie, Riccardo Trillini peut s’appuyer sur un staff de dix personnes parmi lesquelles figurent trois analystes vidéo !
À la lecture des résultats, certains diront que le Luxembourg n’est parvenu à décrocher son billet ni pour le 2e tour des qualifications du Mondial-2023 ni pour celles de l’Euro-2024…
Je comprends… Mais, il y a un an, on a changé la moitié de l’équipe. Certains disaient que c’était impossible. D’autres ne le disaient pas mais n’en pensaient pas moins. Ils ne devaient pas être nombreux à croire en nos chances avant de partir aux îles Féroé ni à croire en une réaction lors de ce second match en Belgique. Pourtant, on l’a fait. L’équipe a démontré toute sa combativité. Et c’est sans doute cela le plus important à retenir. On ne peut pas changer la moitié d’une équipe, la rajeunir nettement et croire que quelques mois plus tard, on va tout casser. Nous sommes dans une période de construction. D’ailleurs, tous les joueurs avec qui je me suis entretenu m’ont dit et répété que l’ambiance dans le groupe est formidable, qu’ils sont heureux d’être là, qu’ils ont rarement vécu une telle expérience. Une équipe est en train de se créer et il est évident qu’il faut continuer ce travail.
Forcément se pose la question de votre avenir à la tête de ce groupe alors que votre contrat s’achève en juin prochain. Vous êtes-vous déjà entretenu avec les dirigeants de la FLH ?
Non pas encore. Tout d’abord, je vais rédiger les rapports des deux campagnes et les présenter au conseil d’administration de la fédération. Pour mon avenir personnel, on verra ça plus tard.
Aimeriez-vous poursuivre cette aventure à la tête de l’équipe nationale ?
Bien sûr ! Je pense avoir mis certaines choses en place. Et puis, ce groupe a montré qu’il était capable de belles choses et le staff, lui, a montré ses compétences.
À ce propos, votre éventuelle prolongation serait-elle conditionnée au maintien d’un adjoint rôle qui, lors de ces deux campagnes, était tenu par Alexandre Scheubel ?
C’est sûr! Je tiens à préciser une chose : à la tête de l’Italie, Riccardo Trillini peut s’appuyer sur un staff de dix personnes parmi lesquelles figurent trois analystes vidéo ! Alors, avoir un adjoint ne devrait même pas être un sujet de négociation. C’est normal ! Et cet adjoint ne doit pas être bénévole.
Samedi, Chris Auger a pris sa retraite internationale après une superbe prestation. Vous a-t-il consulté avant de prendre cette décision ?
Non. Alex (Scheubel), Chris et moi, on a fait un petit discours dans le vestiaire après le match. C’était assez émouvant. Notamment lors de la prise de parole de Chris. Grosso modo, il a dit « C’est dommage que je ne sois pas plus jeune pour continuer de jouer avec cette équipe…. ». On pouvait lire l’émotion sur le visage de ses équipiers.
Pourrait-on l’imaginer intégrer le staff de la sélection ?
Il est trop tôt pour parler de ça, mais si vous voulez mon avis, Chris est un joueur emblématique de cette équipe nationale. C’est un garçon intelligent qui a beaucoup d’expérience et une réelle envie de transmettre. Donc, ce serait dommage de s’en priver. Il serait souhaitable de pouvoir s’appuyer sur lui. Dans quel rôle ? On verra.