COUPE DE LUXEMBOURG (QUART DE FINALE) Le club s’est qualifié ce dimanche contre Mersch (45-24), 24 heures après l’annonce du départ d’Alexandre Scheubel en fin de saison.
Samedi, 9 h 26, la missive suivante tombe sur la boîte mail : «Le HC Berchem informe que son coach de l’équipe senior 1 Alex Scheubel a décidé de ne pas prolonger son contrat au-delà de la saison actuelle. Le club remercie Alex Scheubel pour son engagement et lui souhaite bonne chance pour la suite.» Trois lignes – et encore – pas une de plus dans lesquelles, si le club ne fait nullement part des raisons de cette séparation, figure une information : la décision fut unilatérale et à l’initiative du technicien français. Toute séparation amenant son lot de douleurs, faut-il percevoir dans la brièveté de ce communiqué la volonté de ne pas faire étalage d’une douleur encore un peu trop vive, mais aussi sur ses origines?
Joint dimanche matin, Tom Majerus se montre plus disert : «Alexandre est très compétent tant dans ses analyses que dans la conception de ses entraînements. Et j’aurais aimé – le comité aurait aimé – qu’il reste au moins une saison de plus. Il avait envie de s’appuyer sur les jeunes joueurs. Il le fait d’ailleurs. C’est le genre d’entraîneur avec lesquels tu peux viser des objectifs. Et je ne parle pas uniquement de trophées.» Pas uniquement, mais rappelons tout de même cette finale de Coupe de Luxembourg – perdue logiquement contre Esch – décrochée après une magistrale démonstration, notamment tactique, au tour précédent contre des Red Boys complètement déboussolés.
Interrogé à son tour sur les raisons de son départ en fin de saison, Alexandre Scheubel se montre un brin évasif et use d’une formule flairant bon les éléments de langage : «Les conditions, tant professionnelles que privées, n’étaient pas réunies pour que je puisse prolonger. C’est une décision mûrement réfléchie.» On n’en saura pas plus de la part du technicien à l’esprit sans doute trop occupé au quart de finale de Coupe contre Mersch qui attendait son équipe quelques heures plus tard. Un rendez-vous préparé, comme d’habitude, avec soin. C’est d’ailleurs à l’issue de la traditionnelle séance vidéo qu’il annonça sa décision au groupe, comme l’indique Dany Scholten : «Il nous a dit qu’il ne resterait pas au club. Est-ce que je suis surpris? Oui et non…» Était-elle pour autant attendue? «Entre joueurs, poursuit l’ailier droit, on parle et je sentais qu’il pouvait ne pas rester. Après, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Enfin, je ne dis pas qu’il s’est passé quelque chose, mais bon voilà…»
«Je pense que l’équipe doit se poser des questions. Ou se remettre en question»
Par définition, toute rupture survint à la suite d’un déséquilibre ou d’un désaccord. Reste donc à trouver le point d’achoppement. L’actualité, aussi brûlante soit-elle, mérite parfois de prendre un peu de recul pour mieux l’appréhender et ce divorce interpelle dans la mesure où Scheubel est le troisième technicien – après André Gulbicki et Adrian Stot – à remettre son tablier en l’espace de cinq saisons. Si, officiellement, ils n’en firent pas état, ses prédécesseurs évoquaient à demi-mot une lassitude et une réelle difficulté d’évoluer dans un vestiaire «compliqué». «On a des joueurs avec des caractères et ce n’est pas toujours facile à gérer, estime Tom Majerus. Je pense que l’équipe doit aussi se poser des questions. Ou se remettre en question.»
Or, pour l’heure, si les techniciens passent, force est de constater que les joueurs restent comme en témoigne la maigre activité du club sur le marché des transferts. Et si, l’été dernier, le club a enregistré les arrivées de Slobodan Ervacanin et de Yann Hoffmann – dans le cas de ce dernier, celle-ci relevait davantage d’un heureux concours de circonstances que d’une réelle volonté de se renforcer – rappelons que le départ de Raphaël Guden, sans doute le meilleur joueur de la saison 2019/2020, n’a pas été remplacé, tout comme celui de Loïc Goemaere un an plus tôt. Pour preuve, le poste de demi-centre est revenu à Björn Gerber – qui occupe également le poste de secrétaire au sein du club – très peu utilisé les saisons précédentes. De plus, s’il ne manque pas de qualité sur le papier, l’effectif affiche un déséquilibre sur le terrain. Tant dans sa répartition que dans ses écarts de génération. Ce qui peut faire naître quelques tensions. «Vendredi, conclut Dany Scholten, Alexandre a eu un très bon discours. Il nous a dit qu’il nous restait trois mois durant lesquels on doit bosser si l’on veut à la fin de saison se regarder dans le miroir…» À moins que celui-ci ne soit déformant.
Charles Michel