MONDIAL-2023 (QUALIFICATIONS) Auteur d’une campagne inattendue, le Luxembourg est passé tout près de la qualification hier soir face à l’Italie (27-28)
Ils se sont pointés aux îles Féroé habités par l’envie de bien faire et l’espoir d’exister. De ne pas revenir bredouille au Grand-Duché. «On y va pour gagner au moins un match.» Mardi, quelques heures avant d’embarquer pour Torshavn via Copenhague, Nikola Malesevic se refusait presque à évoquer les absences de Lé Biel, Ben Weyer et Julien Kohn, tous trois testés positifs au covid-19. Non pas pour une question de secret médical, mais par crainte d’en voir certains y déceler des excuses toutes trouvées en cas de contre-performance. Notion bien relative du reste quand une sélection s’envole avec quinze joueurs dont trois gardiens. Peu importe le contexte, le sélectionneur se refusait à jouer la «pleureuse». «Je ne pars pas là-bas pour être un pigeon…».
Pas question donc de se faire plumer. Si l’on se réfère à leurs dernières confrontations face aux Féroé, l’Italie ou la Lettonie, les Roud Léiwen n’avaient pas de raison, c’est vrai, de nourrir de véritable complexe. Ainsi, le 11 janvier 2017, le Luxembourg domine l’Italie (24-23) en qualifications du Mondial-2020 avant de s’incliner, deux jours plus tard (24-26) en Sicile. La Lettonie, ils l’ont battue (28-26) à Differdange en amical, le 9 octobre 2019. Quant aux Féroïens, ils s’inclinèrent le 12 janvier 2020 à la Coque lors des qualifications du Mondial-2021. Un revers à remettre – déjà – dans son contexte… sanitaire puisque les joueurs luxembourgeois avaient été victimes d’une intoxication alimentaire la nuit précédente. Alors, il n’était pas forcément illusoire d’imaginer, ce week-end, le Luxembourg glaner une victoire, mais dans la bouche de Nikola Malesevic, le «au moins» avait tout du péché de gourmandise. Et ce, face à trois morceaux qui, depuis, ont gagné en épaisseur.
Écoper de sept exclusions temporaires en une seule mi-temps, c’est dégueulasse!
C’est sans doute ce qui rend la performance de Chris Auger et des siens encore plus savoureuse. Dès vendredi soir, ils obtenaient un premier succès aux dépens des Féroé (31-26). Un succès maîtrisé par une formation luxembourgeoise qui aura eu besoin d’à peine vingt minutes pour avoir la mainmise sur une rencontre dont Yann Hoffmann termina meilleur buteur (8 buts). Samedi, c’était au tour de la Lettonie de se présenter face aux Roud Léiwen. Une formation lettone privée de Dainis Kristopans, le plus grand (2,14 m/135 kg) handballeur du monde et, accessoirement arrière droit du Paris SG. Mais chacun ses problèmes… Ce face-à-face qui aurait pu tourner aussi bien à l’avantage des Baltes que des Luxembourgeois accouchera finalement d’un match nul (30-30) permettant à ces derniers d’aborder la journée de dimanche dans la peau du leader après le faux pas de l’Italie face à l’équipe hôte (26-27). Un leader qui pouvait «se contenter» du partage des points avec l’Italie pour valider son billet pour la deuxième phase de qualifications. Un scénario quelque peu improbable, mais qui avait le mérite d’en dire long sur le chemin parcouru par cette sélection.
Hier, l’heure n’était cependant pas aux comptes d’apothicaire. De toute manière, en handball, vouloir jouer le «nul» n’est guère une option viable. Tout va si vite. Notamment lorsque les deux équipes jouent à une telle intensité. Qu’ils furent rares les temps morts face à une Squadra Azzura dirigée par Riccardo Trillini, apôtre du jeu rapide. Pour leur troisième match en trois jours, les Luxembourgeois ne vont pas ménager leurs efforts. Tout d’abord pour recoller au score après un début de rencontre où la bande des jumeaux Mengon, vainqueurs du Trophée des champions avec Montpellier en 2019, compta rapidement cinq longueurs d’avance (8-3, 12e). Après être revenu à une longueur par l’intermédiaire de Guden (10-9), le Luxembourg rentre aux vestiaires avec quatre buts de retard (18-14).
Psychologiquement, Muller et les siens auraient pu accuser le coup. Mais c’est avec une volonté farouche de réaliser l’exploit qu’ils revinrent sur le parquet. Et il ne leur faudra à peine cinq minutes pour combler leur retard (21-21). À cet instant, le Luxembourg est qualifié pour la deuxième phase qualificative. Il le sera encore à moins de dix minutes de la fin (26-26, 53e). Dans une fin de rencontre haletante, le suspense est insoutenable. Comme lorsque Chris Auger détourne le penalty de Nicolo D’Antino (29-28, 60e) et offre à ses partenaires une ultime possession de balle. Unique professionnel luxembourgeois, Martin Muller finit par prendre ses responsabilités et tente de déchirer le rideau défensif italien par son fameux tir en travers, mais celui-ci est repoussé par le portier italien, Domenico Ebner.
Hier soir, une bonne heure après le coup de sifflet final, le discours de Nikola Malesevic transpirait une déception inespérée. «Franchement, je ne nous aurais jamais imaginés nous retrouver, dimanche soir, dans la possibilité de nous qualifier.» Des regrets, il en a. Non pas forcément sur ce duel face à la Nazionale, troisième rencontre en autant de jours lors duquel les organismes étaient particulièrement éprouvés, mais davantage sur celui de la veille contre la Lettonie. «Je ne vais pas épiloguer sur l’arbitrage, mais écoper de sept exclusions temporaires en une seule mi-temps, c’est tout simplement dégueulasse!», lâche le sélectionneur ravi du visage affiché par ses protégés. De cette combativité dont il ne doutait pas avant la compétition mais qu’il eut le plaisir de voir en action. «Je ne sais pas si on s’en rend compte, mais notre victoire contre les îles Féroé, c’est un exploit! Le lendemain, ces mêmes Féroïens battaient l’Italie…».
Pour rappel, ces qualifications du Mondial-2023 devaient être une «préparation» en vue du barrage de l’Euro-2024 face à la Belgique les 20 et 22 janvier. «Maintenant, il va falloir récupérer. Physiquement, mais aussi mentalement, car il va falloir digérer cette déception. Je tiens à souligner le travail du staff médical durant ces trois jours de compétition. Maintenant, on va pouvoir penser à la Belgique.» Rendez-vous pour lequel il devrait pouvoir compter sur Kohn, Weyer et Biel. Et Josip Ilic, laissé au repos hier en raison d’une inflammation au tendon d’Achille.
Les résultats
Vendredi
Luxembourg – îles Féroé 31-26
Lettonie – Italie 23-36
Samedi
Lettonie – Luxembourg 30-30
Italie – îles Féroé 26-27
Hier
Italie – Luxembourg 29-28
îles Féroé – Lettonie 26-19
Classement : 1. Italie 4 (3;+13); 2. îles Féroé 4 (3;+3); 3. Luxembourg 3 (3;+4); 4. Lettonie 1 (3;-20)