Pour son 75e anniversaire, le club differdangeois s’est doté d’une équipe dominant ce début de saison. Qu’en pensent ceux qui ont déjà croisé sa route ? C’est ce que nous avons voulu savoir.
Leur début de saison : «Vu le recrutement, on s’en doutait»
Avec six succès en autant de sorties, les Red Boys marquent de leurs empreintes ce début de championnat. Pas de quoi toutefois laisser sans voix un Pascal Schuster qui à la tête du HB Esch la saison dernière, avait aligné dix victoires d’affilée avant de chuter, le 13 décembre, contre Käerjeng en match en retard de la 4e journée (ce qui fera peut-être dire à certains que, dans l’absolu, Esch n’avait pas remporté ses six premières journées de championnat de la saison…).
«Faire les gros titres sur les Red Boys, je ne comprends pas trop pourquoi…», lâche sceptique l’actuel entraîneur de Schifflange guère rancunier vis-à-vis d’un HB Esch qui l’a remercié en avril dernier après deux défaites consécutives (la troisième seulement à l’époque). «Esch aussi fait un super début de saison!» Quant à la réussite des Red Boys, celle-ci ne le surprend guère. «Senjin (Kratovic), que je connais personnellement, est très discipliné et ce n’est pas surprenant que l’équipe le soit aussi. Clairement, c’est lui le boss et il n’est pas du genre à trop se laisser emmerder…»
Pour Steve Moreira, gardien de Berchem, il était évident que la bande à Goran Vukcevic briguerait la couronne. «Au vu de son recrutement, on s’en doutait mais je ne m’attendais pas à ce que la mayonnaise prenne si vite», fait remarquer celui qui, avec ses partenaires, furent les premiers à subir la loi differdangeoise (31-26, 1re j.)
Leur jeu : «Pas besoin de beaucoup faire tourner le ballon…»
«J’imagine qu’en deux mois, son entraîneur (Goran Vukcevic) n’a pas eu le temps d’imposer complètement sa philosophie de jeu et qu’il reste évidemment des choses à améliorer.» Pascal Schuster ne veut pas se laisser aveugler par la position de leader dominant des Red Boys. Steve Moreira, lui, ne se dit pas non plus ébloui : «Aucune séquence de jeu ne m’a vraiment impressionné. Par contre, je l’ai été par la capacité de l’un ou l’autre joueur de faire la différence individuellement.» Si dire qu’une victoire est collective relève de la lapalissade, il faut bien reconnaître qu’avec Knez, Kratovic – deux renforts arrivés cet été venant s’ajouter à Podvrsic comme professionnels – et Hoffmann, les Red Boys disposent d’une base arrière bien armée, capables de frapper de loin. «Les deux peuvent marquer des 11 mètres. Du coup, ils n’ont pas besoin de faire beaucoup tourner le ballon…», estime Schuster tandis que Moreira confirme que «le poignet de Knez fait vraiment mal».
Leurs points faibles : «Que se passerait-il si Kratovic se blessait ?»
Se basant sur un jeu guère spectaculaire mais terriblement efficace, les Red Boys se veulent solides. Et ne laissent entrevoir, en apparence, aucune faille béante. Du coup, «difficile d’en trouver une», à en croire Christian Bock qui, pour s’aider, énumère les forces differdangeoises : «Une très bonne base arrière, deux bons ailiers, une défense solide et deux bons gardiens… Non, c’est costaud !»
Pour Steve Moreira, la réponse se trouve peut-être dans les inévitables tourments d’une saison longue et piégeuse : «Pour l’instant, tout se passe bien pour eux mais qu’en sera-t-il lorsqu’ils perdront un ou deux matches ? Surtout, que se passerait-il si Kratovic se blessait ?» Si la première question permet de s’interroger sur la cohésion d’une équipe grandement renouvelée cet été, la seconde pointe l’absence sur le banc d’un autre demi-centre de métier. Et ce, sans faire injure à Eric Manderscheid qui évolue de temps à autre à ce poste mais qui n’a pas l’expérience du Bosnien. Schuster, lui, ne voit pas de quoi s’inquiéter : «Rezic est toujours là…»
Leur statut : «C’est le play-off titre qui compte…»
Il serait facile de s’enthousiasmer et de faire des Red Boys le futur champion. Ils le seront peut-être et c’est tout le mal qu’on leur souhaite pour l’année du 75e anniversaire du club, mais cela reviendrait à oublier que la saison est encore longue et que rares sont les équipes épargnées par des passages à vide. Christian Bock en sait quelque chose : «Ils n’en connaîtront peut-être pas mais nous, la saison dernière, après un super début de parcours, on a eu un petit trou dans la dernière ligne droite et on n’a pas su le gérer. C’est le play-off titre qui compte…»
Charles Michel