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[Handball] Les Red Boys doivent finir le boulot


Daniel Scheid et les Differdangeois ont leur destin entre leurs mains. (Photo : Luis Mangorrinha)

Vainqueur à Veseli (21-22), Differdange peut valider ce samedi (20h) à domicile son billet pour les 8e de finale de la Challenge Cup. Sa marge de manœuvre reste faible.

De l’aveu de John Scheuren, son président, la victoire des Red Boys Differdange la semaine passée à Veseli (21-22) «semble être passée inaperçue». S’il regrette le temps jadis «où tout le monde venait nous voir à la moindre victoire», le dirigeant ne se dit pas étonné, conscient que de nos jours, les centres d’intérêt déferlent au fil de l’actualité. Une information en chasse une autre. «Il y a beaucoup de choses à voir et tout va tellement vite…»
En effet, tout va très vite. Dans un sens comme dans l’autre. Alors, au moment de recevoir samedi soir (20 h) le Nove Veseli, une question se pose : ce succès donne-t-il vraiment un réel avantage aux hommes de Sylvain Brosse? Voir ces derniers s’imposer, dimanche dernier, en République tchèque, dans l’antre d’un club professionnel – ou considéré comme tel – constitua une belle surprise. Surtout, le score et, notamment, ces 21 buts encaissés – une broutille en Coupe d’Europe – fleure bon la mission remplie. Celle édictée par le technicien français ici même dans ces colonnes à la veille de ce duel : «L’objectif est de limiter les dégâts là-bas. Éviter, si possible, d’encaisser plus de 25 buts.» Ce à quoi il ajouta : «Si on peut gagner là-bas, on le fera.» Au final, les Differdangeois méritent un salut romain si l’on part du postulat que cette formation tchèque lui était réellement – ou en théorie au moins – supérieure. «Son six de base est professionnel et le reste du groupe est semi-pro», glisse John Scheuren. Ce cas de figure n’est pas sans en rappeler un autre…

La pression sera sur nos épaules

Mais le TJ Sokol Nove Veseli est-il vraiment supérieur aux Red Boys Differdange? Pour le savoir, il faudrait déjà s’intéresser à la valeur du championnat tchèque et au rang qu’il y occupe. Au classement 2019/2020 des pays sur la scène européenne, la République tchèque occupe le 26e rang – une chute de cinq places par rapport à la saison précédente – ex æquo à égalité de points avec la Serbie (10 pts). Soit, une place de mieux que le Luxembourg en équilibre à la 28e place (9,38 pts).
Si les Tchèques comptent au total autant de représentants  que le Grand-Duché (4), il aurait pu en aligner un, lui, en Ligue des champions. Mais la fédération tchèque a préféré placer «son» champion en Coupe EHF (Pilzen) et ses trois autres représentants – au lieu de deux – en Challenge Cup (Prague, Karvina et Veseli). Entrés au tour précédent, ils peuvent, au vu de leurs résultats lors de ce 3e tour aller, tous encore prétendre atteindre les 8e de finale. Ce qui n’est pas le cas du handball luxembourgeois…
Cette plus grande représentativité peut-elle être un indicateur fiable d’une éventuelle supériorité? Pas sûr. Cela reviendrait à faire abstraction d’un tirage au sort peu clément lors de leur entrée au 2e tour (une ineptie puisque dans les faits, il s’agit du 1er!). Ainsi, Käerjeng est tombé logiquement face aux Suédois d’Alingsas. Bien sûr, Dudelange apparaît comme l’exception qui confirme la règle : en héritant de Dobele, un club dont le pays, la Lettonie, ne figure même pas au classement européen – au même titre que l’Albanie, Andorre, l’Azerbaïdjan, les Îles Féroé, l’Irlande, le Liechtenstein et Monaco – on pourrait en déduire que le HBD commit un faux pas. Mais voilà, lors de ce 3e tour aller, Dobele a tenu la dragée haute aux Roumains de Potaissa Turda (35-38), vainqueurs en 2018 de la Coupe EHF aux dépens de l’AEK Athènes.
Alors, samedi soir, les Red Boys partiront-ils avec un réel avantage? «Non, estime John Scheuren. Je dirais même que, contrairement à l’aller, la pression sera sur nos épaules. Et on sera obligés de l’emporter car, une défaite 23-22 et c’est nous qui sommes dehors…» Décidément, les choses peuvent aller très vite…

Charles Michel

Le patron veut la même tournée

Satisfait du visage affiché à Veseli, Sylvain Brosse veut voir ses joueurs avec le même état d’esprit.

Je leur ai dit ce que je pensais, il faudrait trouver d’autres mots…» Sylvain Brosse n’a pas envie de choquer le lecteur, alors il nous laisse libre de reformuler le message délivré à ses joueurs quelques instants seulement après leurs succès dimanche dernier à Veseli (21-22). En substance, le technicien français leur a dit ceci : «Bah, vous voyez, quand vous voulez…»
De la volonté, voilà ce qui manquait aux Differdangeois à Berchem, lors d’une première mi-temps indigne de leur rang, mais aussi contre Käerjeng (29-32) où ils ont enregistré un étonnant premier faux pas. Celui-ci ne devait rien augurer de très bon avant leur entrée sur la scène européenne. Mais voilà qu’en l’espace de quelques joueurs ses protégés sont allés faire le plein. Plein de confiance, de volonté et d’altruisme. «On n’encaisse que 21 buts! Je m’attarde beaucoup sur la performance défensive parce que celle-ci est révélatrice de l’état d’esprit», déclare Brosse avant de préciser : «Les joueurs ont respecté les consignes de jeu : sécurité et conservation de balle.» Ces deux points expliquent pourquoi, contrairement à d’habitude, Batinovic et les siens ont joué avec le frein à main une fois en possession du cuir. Ainsi, l’attaque la plus prolifique du championnat (37 buts de moyenne par match) s’est contentée d’un petit 22. Aux puristes, John Scheuren rétorque sobrement qu’il n’y a «pas de points pour le style». Vendredi soir, Sylvain Brosse a convié ses joueurs à une dernière séance vidéo, histoire de «corriger ou ajuster quelques points» avec peut-être la possibilité de demander à ses troupes de se montrer plus entreprenantes. «On va essayer de mettre un peu plus de rythme. Si on le peut, car, en face, c’est une bonne équipe.»
Justement, plus forte que les Red Boys? «Si on parle de celle qui a battu deux fois Esch, non.» Ses protégés savent ce qu’ils doivent faire pour s’ouvrir les portes des 8e de finale.
C. M.