Président de la FLH, Romain Schockmel, prône un discours positif et constructif pour faire face à une situation sans précédent.
Le 4 septembre dernier, vous déclariez ici même dans ces colonnes, que le but est de « finir le championnat ». Moins de deux mois plus tard, celui-ci connaît une première interruption. Ça ressemble à un scénario catastrophe, non ?
Mais ce n’est pas uniquement propre au handball. On est face à une crise sanitaire. J’entends à droite et à gauche qu’il y a des cas positifs au Covid-19. Pratiquement tous les clubs sont touchés. Parfois, les joueurs asymptomatiques ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas jouer. Alors, je leur explique : les gens qui propagent le virus sont, généralement, des jeunes qui ne tombent pas malades pour autant. Ceux qui le sont ne font pas partie de la même catégorie à qui on fait subir ces restrictions. Mais c’est justement à cet instant-là que la solidarité est importante. En tant que fédération, on va essayer de sensibiliser les sportifs pour arrêter la propagation du virus. Ce tsunami. Et ça commence par le port du masque. C’est important que les gens prennent conscience de l’effort qui doit être fait. Et cet effort sera possible sans forcément avoir recours à de nouvelles restrictions. Peut-être que je me différencie de quelques politiciens, mais la sensibilisation a encore sa place aujourd’hui et on peut trouver une solution sans avoir recours à un confinement beaucoup plus sévère.
D’après ce que vous dites, il subsiste une forme d’incompréhension et de frustration face à la situation. C’est bien cela ?
En fait, ce sont toujours les mêmes qui rouspètent, mais dès qu’on s’engage avec eux dans un échange d’arguments, ça tourne court… J’ai pris la température, n’y voyez aucun mauvais jeu de mots, auprès des présidents et entraîneurs et personne n’a envie de mettre en péril la santé de ses joueurs. Bien sûr, certains vont dire « pourquoi on ne peut pas faire ci, pourquoi on ne fait pas ça ? ». Nous, on agit en fonction des restrictions gouvernementales.
Si le gouvernement autorise les sports de contact, on jouera. Mais la situation peut très vite évoluer… Le week-end dernier, aux trois clubs qui avaient des cas positifs en leur sein, deux autres se sont ajoutés. Cinq clubs étaient donc concernés. Certains nous ont reproché d’avoir permis à l’un ou l’autre de reporter son match alors qu’il ne comptait qu’un seul cas positif et donc de ne pas nous en tenir aux mesures prises en septembre (NDLR: celles-ci prévoyaient qu’un report était envisageable à partir de deux cas positifs). O. K. Mais si le vendredi soir, à côté de ce cas positif, trois équipiers ne se sentent pas bien mais n’ont pas encore été testés, que fait-on ? On prend le risque de les voir contaminer d’autres joueurs ? Non. J’assume complètement la responsabilité.
Pour espérer conserver la formule initiale, on peut se permettre de compter jusqu’à quatre semaines puisqu’on va récupérer deux semaines en janvier. Enfin, si la situation le permet…
Depuis le début de saison, une dizaine de rencontres en AXA League messieurs ont été reportées pour des raisons de cas positifs au Covid. Or ces cas ont été décelés à la suite de contrôles effectués pour des raisons professionnelles. Ne faudrait-il pas en effectuer chaque semaine dans chaque club ?
C’est une question de bons sens : à quoi ça sert d’effectuer des tests PCR qui ont une durée de validité de deux ou trois jours ? Il faut les garder, mais dans les conditions actuelles, il faut être capable de tester de manière plus spécifique. À la suite d’un déplacement ou juste avant une rencontre. Et avoir le résultat le plus vite possible. Le test antigénique le permet. Tu craches sur un coton-tige et en dix minutes, tu as le résultat. Bon, en sachant que ce test doit être effectué par un professionnel de santé qui respecte les mesures d’hygiène. Ce serait une aide appréciable pour pouvoir intervenir rapidement. À mon avis, tout confinement n’est valable que si on a une porte de sortie. C’est ça qui est important. D’accord, on arrête mais qu’y aura-t-il de changé dans deux ou trois semaines ? C’est bien beau de faire un couvre-feu mais si les choses reprennent ensuite comme avant, à quoi cela aura-t-il servi ? Le plus important est d’apprendre aux gens à vivre avec le virus et d’avoir accès à des tests antigéniques. Bien sûr, ce n’est pas le remède miracle mais bon…
Quelle est la différence entre un test PCR et un test antigénique ?
Le test PCR met en phase un cycle de transcription.
Il photocopie une certaine séquence. Si vous voulez, chaque virus est comme une serrure spécifique. Tu ne peux jamais reproduire à 100% cette forme. Alors, tu multiplies les points de convergence et essaie de te rapprocher le plus près possible de celle du Sars-Cov2. Puis, tu fais une et deux photocopies. Ici, au pays, la valeur CT est fixée à 35-40 (NDLR: la valeur est généralement comprise entre 10 et 45). Plus la valeur est forte, plus la charge virale est faible. Le test antigénique a une valeur CT d’environ 20. C’est-à-dire qu’il n’est pas aussi sensible que le test PCR. Peut-être qu’un tiers des cas positifs échappe au test, mais ce tiers se trouve en fin de cycle et n’est donc pas contagieux.
Ce sont toujours les mêmes qui rouspètent, mais dès qu’on s’engage avec eux dans un échange d’arguments, ça tourne court…
Si cette interruption ne dure que trois semaines, une seule journée d’AXA League messieurs devra être reportée…
Avec un peu d’humour, on pourrait presque dire que c’est le bon moment pour couper…
Nombreux sont ceux qui se disent pessimistes à l’idée de voir la saison aller à son terme. Certains prennent l’exemple de la France qui a élaboré un plan B s’il n’y avait pas un certain nombre de matches disputés avant la trêve hivernale. La FLH a-t-elle un plan B ?
Le pessimisme s’explique par une forme d’hystérie, une peur partiellement justifiée. Mais il faut se demander clairement ce qu’on peut faire pour retrouver une vie normale. Pour ce qui est du plan B, on en a un. On a même un plan C. Le B revient à ne disputer que la phase aller-retour. Le C consiste à passer par une phase de poules qui déboucherait sur une finale. Mais nous n’en sommes pour l’instant pas encore là. Pour l’instant, on compte deux semaines de retard. Pour espérer conserver la formule initiale, on peut se permettre de compter jusqu’à quatre semaines puisqu’on va récupérer deux semaines en janvier. Enfin, si la situation le permet… Maintenant, si les restrictions se poursuivent, on passera aux autres plans…