Privée de quatre éléments majeurs (Auger, Muller, Bock et Hoffmann), l’équipe nationale s’est fait sortir dimanche de la compétition par l’Estonie, facile vainqueur hier lors du match retour (31-20).
Voilà, l’Euro-2022 pour le Luxembourg, c’est fini. Rien de surprenant. Depuis jeudi soir et le revers subi à la Coque contre l’Estonie (33-38), la sélection avait sérieusement hypothéqué ses chances de pouvoir se mesurer aux ténors européens lors de la deuxième phase qualificative. Pour cela, il lui aurait fallu s’imposer hier à Polva avec six buts d’écart ou cinq mais à condition d’en inscrire plus de 38. Au lieu de ça, elle s’est inclinée sur un score sans appel (20-31). Son ampleur – 16 buts d’écart sur l’ensemble des deux rencontres – illustre l’écart séparant, non pas les deux nations puisque l’Estonie pointe à la 31e place européenne et le Luxembourg à la 33e, mais les deux sélections. «J’assume mon rôle d’entraîneur et j’ai retenu les meilleurs joueurs, assume Nikola Malesevic. Les meilleurs à ma disposition…»
Interrogé jusqu’ici sur les difficultés qui furent les siennes pour cocher suffisamment de noms sur la feuille de match, le sélectionneur prit toujours soin de garder la même ligne : «À quoi ça sert de pleurer les absents?» Une posture destinée à ne pas culpabiliser les uns et ne pas réduire d’autres à de simples bouche-trous. Le tout avec l’idée de créer une cohésion suffisamment forte pour déjouer les éléments contraires. «Avec le mental, parfois, tu peux faire de grandes choses.» Mais voilà, le «quand tu veux, tu peux» a ses limites. Et ce groupe a touché les siennes lors de ce barrage.
Cette sélection se dirige peut-être vers une nouvelle génération
Ce groupe, justement, ne correspond pas à celui que Nikola Malesevic avait en tête à l’automne dernier. «Après nos deux matches de préparation contre la Lettonie, en octobre, j’avais une idée de l’équipe que je pouvais aligner.» Fin décembre, le technicien dut revoir ses plans en raison des blessures de Chris Auger (hernie discale) et Matin Muller (adducteurs) et d’autres indisponibilités plus ou moins justifiées. Ainsi, la liste des joueurs retenus pour les deux matches amicaux disputés à Camirano contre l’Italie de Riccardo Trillini, se limitait à douze éléments parmi lesquels les très jeunes Scott Meyers (17 ans/Berchem) et Loïc Kaysen (18 ans/Gummersbach).
Dans ces conditions, ce qui devait initialement être un tournoi de préparation s’est transformé en visite de courtoisie. «Je ne me voyais pas faire comme la Turquie et annuler notre venue cinq jours avant. C’est important de tenir ses engagements», déclare Malesevic qui verra, en Italie, Yann Hoffmann se blesser au genou et être forfait pour les deux campagnes de janvier. Dans l’esprit du sélectionneur, la première devait servir de préparation à la seconde. Les qualifications du Mondial-2021 n’étant clairement pas un objectif en soi.
Mais voilà, les rencontres face à la Slovaquie (16-22), la Lituanie (22-32) et les Îles Féroé (22-24) vont rapidement afficher les lacunes d’une sélection pas suffisamment solide sur sa base arrière. «Biel, Guden, Mitrea, Tironzelli, tous ces joueurs sont encore jeunes et n’ont pas une grande expérience», fait remarquer à juste titre le sélectionneur qui, à l’aller, dut se passer des services de Christian Bock, touché à la cuisse gauche, dont la présence sur le banc suscita quelques interrogations. «Quand je l’ai mis sur la liste, le matin même du match, je n’étais pas certain qu’il puisse jouer. C’était du 50/50, confie Malesevic. Mais j’ai décidé de l’aligner car Chrsitian est bien plus qu’un simple joueur. C’est un meneur d’hommes.» Son absence, sur le terrain, s’est fait ressentir notamment dans les cinq dernières minutes où sa science du jeu aurait pu permettre de calmer les esprits et apporter un peu de sérénité.
Sérénité. Ce terme sera sans doute de rigueur au moment de réaliser le bilan d’une double campagne qualificative qui pourrait être un carrefour pour cette sélection. Certains éléments pourraient ainsi mettre un terme à leur carrière internationale. C’est le cas d’Alen Zekan qui l’a d’ores et déjà annoncé à la fédération. «Cette sélection se dirige peut-être vers une nouvelle génération…» Elle en prend le chemin.
Charles Michel